Homélie
Chers Confrères dans le sacerdoce,
Chers Religieux et Religieuses,
Chers frères et sœurs dans la foi,
1- Rassemblés en cette Eglise Cathédrale, pour la Veillée Pascale, je veux vous
exprimer, du plus profond de mon cœur, mes vœux les plus sincères. Que la lumière de cette
Nuit de Pâques, cette lumière symbolisée par le Cierge Pascal et les bougies, qui ont illuminé
cette Cathédrale, au début de notre célébration, oui que cette lumière reste toujours
allumée dans vos cœurs et dans votre vie !
Bien sûr, chers frères et sœurs, chacun de nous attend que cette lumière corresponde
à ses aspirations les plus profondes, et se traduise de manière concrète en bonne santé pour
soi-même, en bonheur dans sa vie de famille, en succès et réussite dans sa vie
professionnelle, et que sais-je encore ! Tout cela demeure légitime, car la lumière de la
Résurrection de Notre Seigneur Jésus Christ doit atteindre toutes les dimensions de l’être
humain, et tous les domaines de sa vie.
Cette lumière nous permet de découvrir la réalité d’un monde nouveau inauguré en
Jésus Ressuscité, porteuse qu’elle est d’un message de vie et d’amour, adressé à tous les
hommes : Jésus a vaincu la mort ; il a fait resplendir la vie, pour toujours ! Cette lumière est
porteuse d’un appel, un appel à « nous laisser enflammer du grand désir », que doit faire
naître, en nous, la foi en Jésus Christ Ressuscité, le désir d’une vie meilleure, s’épanouissant
en vie éternelle.
2- LA LUMIERE DE PAQUES ANNONCE LA REALITE D’UN MONDE NOUVEAU,
INAUGURE EN JESUS CHRIST. C’est le message que nous pouvons entendre, à travers
l’évocation de trois grandes Nuits, faite dans les lectures de cette veillée :
? La première nuit est Celle de la Création. Elle nous a été rappelée dans la première
lecture, pour nous faire contempler le Dieu Créateur dissipant les ténèbres, et
séparant la nuit pour y créer le jour, séparant les eaux pour créer la terre ferme, et
créant l’homme à l’image de Dieu. Elle nous est rappelée pour contempler le Dieu qui
aime, et qui ne sait qu’aimer ; le Dieu dont Saint Irénée de Lyon disait: « Dieu a créé
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l’homme pour avoir quelqu’un en qui déposer ses bienfaits » (Contre les hérésies, IV,
14 ; trad. SC n°100, p. 537). Ce Dieu qui nous crée à chaque instant de notre
existence ; ce Dieu qui nous arrache aux ténèbres du mal, pour nous faire entrer dans
sa lumière, et qui fait de nous des créatures nouvelles, par la foi en Jésus Ressuscité.
? La seconde Nuit, évoquée dans la deuxième lecture, c’est la Nuit de la Sortie
d’Egypte, de la libération du peuple élu, qui va ouvrir à l’Alliance du Sinaï. Avec le
Passage de la Mer-Rouge, c’est une Nuit de salut, qui symbolise notre baptême,
participation à la Vie Nouvelle du Christ mort et ressuscité, lui aussi en pleine nuit.
? La troisième Nuit, c’est Celle de la Résurrection du Christ, grand Avènement de la
nouveauté. Tout est inondé de lumière, de cette lumière qui vient renouveler ce qui
est usé, ce qui est inscrit dans les scénarios de routine, ce qui conduit l’homme à la
mort, à travers l’égoïsme, la solitude, la haine, la violence. Cette lumière qui donne
accès à un autre plan de vérité, de joie et d’espérance, car toute nuit ouvre à un
matin et à un jour nouveaux.
La lumière de la Résurrection de Jésus nous ouvre en vérité au message de la vie
nouvelle et du monde nouveau inaugurés en Jésus Christ.
3- Dans le récit de l’Evangile selon Saint Luc, que nous venons d’entendre, les grands
témoins de ce nouveau matin sont des femmes, venues très tôt au tombeau. Cette présence
des femmes est un symbole riche de signification pour nous. Les femmes sont, en effet, par
nature et par vocation, celles qui conçoivent et qui donnent la vie, celles qui enfantent,
celles qui soignent avec la tendresse maternelle, qui les caractérise. Les femmes sont celles,
qui mènent la vie à son terme.
Celles, qui ont été témoins de l’ensevelissement de Jésus au soir du vendredi, sont
donc les premières à recevoir le grand message de la vie ressuscitée. Ayant un lien secret
avec la vie, les femmes sont les premières à pouvoir comprendre, quand il s’agit de la vie, de
la vie retrouvée après la mort, de la vie éternelle qui ne peut plus mourir. Oui les femmes
sont les premières messagères de la Résurrection de Jésus.
A travers les Femmes présentes au tombeau, nous sommes invités, ce soir, à
entendre, dans la lumière de Pâques, UN MESSAGE DE VIE ET D’AMOUR. Vainqueur de la
mort, le Christ ressuscité est vivant, pour que, de sa Résurrection, puisse éclore une nouvelle
vie pour l’homme, tel un bourgeon au bout d’une petite branche : « Je suis venu pour qu’on
ait la vie, et qu’on l’ait surabondante », nous assure Jésus en Jn 10, 10.
La Femme est aussi symbole de la tendresse et de la prévenance maternelles, symboles
du cœur tout ouvert, pour être attentif à tout, et prêt à combler les besoins de ses enfants.
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Annoncée en premier lieu à des femmes, la Résurrection de Jésus nous branche à la Source
intarissable d’attention, de tendresse, de prévenance et de sollicitude, qu’est le Cœur de
Jésus. Elle nous appelle à laisser éclore en nos cœurs l’amour de Celui, qui a « aimé les siens
jusqu’au bout » (Jn 13, 1). Elle nous appelle, nous qui croyons au Christ Ressuscité, à entrer
et évoluer désormais dans le monde nouveau inauguré par Lui, pour cultiver cette attention
à l’autre qui va jusqu’à la prévenance ; cette capacité à voir les besoins et les souffrances des
autres, qui conduit à les aider ; cet amour fraternel qui nous fait vivre en paix avec les autres,
dans le respect mutuel et la solidarité effective.
4- Chers frères et sœurs, fidèles du Christ ressuscité, et vivant dans la joie de Pâques, la
Résurrection du Christ est aussi UN APPEL A NOUS LAISSER ENFLAMMER PAR LE DESIR DE
DIEU, le désir de la communion avec Lui, le désir de mener une vie qui Lui plaise.
S’adressant aux Romains, Saint Paul écrit : « Aucun ne vit pour soi-même, et aucun ne
meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, si nous mourons, nous
mourons pour le Seigneur. » (Rm 14, 7-8) Une telle conviction ne nous étonne certainement
pas de l’Apôtre, rattrapé lui-même par la grâce, sur le chemin de Damas. Saint Paul, cet
homme qui a vu son ardeur à lutter contre Dieu se transformer en ardeur à défendre la
cause de Dieu, au point d’en arriver à cette ultime confession : « Pour moi, vivre c’est le
Christ, et mourir est un avantage. » (Ph 1, 21)
C’est à cette ultime confession que nous appelle la célébration de la Pâques du
Seigneur. Oui, mourir est, en définitive, un gain pour nous, car Christ a vaincu la mort, pour
faire resplendir la vie. Si la vie de l’homme, c’est d’être avec Dieu, Jésus Christ nous a
définitivement obtenu cette vie, par sa Mort et sa Résurrection.
Chers frères et sœurs en Christ, la Résurrection de Notre Seigneur Jésus Christ, que
nous célébrons ce soir, aiguise en notre âme ce désir de Dieu, ce désir de la communion
avec Lui, dans la correspondance à sa volonté.
Puissent les célébrations de cette Veillée Pascale nous faire accueillir toujours mieux la
Vie Nouvelle que Jésus Ressuscité a semée en nous, au baptême ! Puissent-elles renouveler
notre volonté de nous laisser transformer par Lui, en étant toujours plus fidèles aux
engagements de notre baptême, que nous allons renouveler sous peu, en accompagnant les
nouveaux baptisés de cette Nuit ! Amen.
† Théodore Adrien Cardinal SARR
Archevêque de Dakar
1 Commentaires
Osez Le Féminisme !!!
En Mars, 2013 (11:44 AM)Participer à la Discussion