
La décision d’une infime partie de la communauté musulmane sénégalaise de célébrer samedi l’Aïd-el-fitr, commémorant la fin du Ramadan, met en évidence les divisions de l’islam sénégalais, sachant que l’écrasante majorité des fidèles de ce pays observent encore le jeûne, guettant l'apparition de la lune.
La communauté «ibadourahmane», réputée rigoriste autant qu’elle est suspectée de subir des influences de l’étranger, a ainsi annoncé avoir décidé de célébrer la Korité (nom donné à l’Aïd-el-fitr au Sénégal) samedi.
Les «Ibadourahmanes» répondent d’une certaine façon de la Commission d’observation du croissant lunaire (COCL), organe indépendant, également autonome vis-à-vis des confréries musulmanes sénégalaises.
Ils justifient leur décision par le fait que le croissant lunaire a été aperçu au Mali et au Niger et également en Egypte.
Cette annonce n’a pour tout dire pas surpris, d’autant que la COCL avait commencé à scruter l’apparition du croissant lunaire, 24 heures avant la Commission nationale de concertation sur le croissant lunaire (CNCCL), organe officiel chargé de cette opération.
La CNCL, créée à la fin des années 1990 dans l’objectif d’amener les musulmans à s'accorder sur les mêmes dates pour entamer ou mettre fin au jeûne musulman, a en effet indiqué, pour sa part, qu’elle ne commencera que samedi l’observation de la lune.
L’Aïd-el-fitr et l’Aïd-el-Kébir demeurent de véritables épreuves pour l’islam sénégalais, essentiellement confrérique, qui dont les lignes de fractures, idéologiques autant que de doctrines, se révèlent au grand jour au moment pour les musulmans de déterminer la date des fêtes religieuses.
Depuis bien des années maintenant, les confréries musulmanes sénégalaises peinent à les célébrer selon des dates consensuelles, souvent avec des décalages de 24 ou même 48 heures au pire des cas comme cela est arrivé quelquefois.
Les régimes se succèdent, font valoir la même détermination à régler ce problèmes, mais les résolutions prises dans ce sens ne sont la plupart du temps jamais appliquées les politiques devant compter avec les susceptibilités et les intérêts de caque confrérie, étant donné que les guides religieux, les familles et adeptes qui s’en réclament peuvent le cas échéant pourvoir en électeurs.
Même le poids économique de fêtes célébrées par vagues successives, important de fait des jours fériés, donc chômés mais payés, ne parvient à faire bouger les lignes en dépit de la volonté et des déclarations de bonnes intentions des uns et des autres.
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