La commune de Popenguine, située dans le département de Mbour (Ouest), doit sa renommée nationale à sa "Vierge Noire" et à son pèlerinage catholique, selon un document reçu du comité d'organisation de cet événement dont la 125ème édition a eu lieu lundi.Le village de Popenguine, érigé en commune en 2008, aurait été créé il y a plus de trois siècles par des Mandingues, selon ce document du comité d'organisation du pèlerinage marial. Popenguine serait la contraction des mots mandingues "pop" et "nguine", qui signifient "venir se cacher".
Il s'agit là d'"une référence, sans doute, aux falaises et collines qui servaient de refuges aux populations, lors des guerres tribales", rapporte le document. D’autres attachent une origine wolof au nom de cette localité : "bopp" et "jinn", c’est-à-dire "le village du génie", en l’occurrence celui de Coumba Cupaam, considéré comme le totem protecteur de la localité. "C’est l’édification, en 1887, d’une case de santé par un missionnaire alsacien, le père Strub, qui marque l’arrivée timide du christianisme à Popenguine. Les premiers baptêmes sont souvent motivés par des intérêts matériels puisque", en plus d'y avoir construit un "dispensaire, les missionnaires ne manquaient pas d’aider les populations en cas de pénurie alimentaire", indique la même source. "Aujourd’hui, comme partout ailleurs au Sénégal, la cohabitation entre chrétiens et musulmans se fait en toute amitié et il n’est pas rare que les deux confessions soient représentées à l’intérieur d’une même famille", explique le comité d'organisation du 125ème pèlerinage de Popenguine, dans ce document.
Le défunt cardinal Hyacinthe Thiandoum, originaire de Popenguine, avait des oncles, des cousins et des neveux parmi la communauté musulmane de la localité, selon la même source. Elle annonce que dans cette nouvelle commune --- qui accueille le pèlerinage dédiée à Marie, la mère du Christ ---, les musulmans n’hésitent pas à aider à l’organisation de toutes les cérémonies catholiques. Y compris cette du pèlerinage marial. Ce fut aussi le cas lors de la visite, au Sénégal, du pape Jean Paul II. C’est d’ailleurs à l’occasion de la visite papale que fut bénie "la Marie" du sanctuaire édifié en 1888. Cette représentation de la mère du Christ "est au centre du pèlerinage catholique annuel du lundi de Pentecôte", communément appelé pèlerinage de Popenguine.
L’événement fait venir, de toutes les régions du Sénégal, des milliers de catholiques. "Même si, contrairement à Lourdes, personne n’a vu la Vierge, le sanctuaire Notre Dame de la Délivrande (à Popenguine) a connu, depuis cette reconnaissance du Saint-Père (le pape), un regain de légitimité", lit-on dans le document. Il rappelle que l’église de Popenguine, dont la construction a été achevée en 1988, soit "un siècle" après l'ouverture du chantier, "n’a rien d’exceptionnel, demeure un bel édifice, l’un des plus vieux du pays". "Malgré sa très sobre architecture, elle n’est pas sans rappeler certaines petites églises de village du Sud de la France."
"Pour beaucoup de Sénégalais, Popenguine est aussi le village natal du cardinal Thiandoum, prénommé ainsi par son père en mémoire de Hyacinthe Jalabert, missionnaire français mort lors d’un naufrage au large de Bordeaux, alors qu’il s’apprêtait à retourner au Sénégal", rapporte la même source. Prêtre en 1949, puis évêque en 1962, Hyacinthe Thiandoum a été fait cardinal en 1976. Décédé en mai 2004, "il reste dans la mémoire des Sénégalais le chantre du dialogue islamo-chrétien", rappelle le comité d'organisation du pèlerinage.
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