
En cette fin 2012, Benoît XVI mobilise fortement les catholiques pour
qu'ils défendent sans complexe leur foi sur tous les fronts, de la
famille à la fin de vie, en passant par la justice sociale, en alliance
si possible avec d'autres croyants et non-croyants.
"L'Année de la foi", lancée en octobre par ce pape théologien et
philosophe, semble être l'occasion d'un branle-bas de combat, à l'heure
où les législateurs occidentaux adoptent des réformes sur le mariage
homosexuel, la fin de vie et la sélection génétique.
Alors que
le christianisme disparaît des écrans radar, particulièrement des
jeunes, le pape a ouvert un compte pour leur envoyer des messages sur
Twitter et a signé une tribune dans le Financial Times.
Leur
teneur est: Dieu n'est pas mort, "il frappe à votre porte". Lors de la
messe de Noël, Joseph Ratzinger a déploré que "la pensée contemporaine,
pour être considérée comme sérieuse, doive être construite de façon à
rendre superflue 'l'hypothèse Dieu'. Il n'y a pas de place pour lui".
Benoît XVI, dans le Financial Times, a invité les chrétiens à faire des
choix cohérents. Qu'ils travaillent à la Bourse ou qu'ils soient
députés. Ce ne sont pas seulement les questions de moeurs qui inquiètent
l'Eglise, mais aussi les sujets sociaux, politiques, économiques,
financiers. "Quand les chrétiens refusent de se plier devant les faux
dieux, ce n'est pas par une vision antique du monde. C'est plutôt qu'ils
sont inspirés par une vision tellement noble de la destinée humaine
qu'ils ne peuvent faire aucun compromis".
Le mot d'ordre est
l'"objection de conscience" et la défense par les chrétiens de leurs
convictions même quand elles sont à contre-courant.
Un dialogue "constructif"
Benoît XVI est revenu aussi sur son idée-clé: le dialogue constructif
avec les agnostiques et athées "à la recherche de la vérité", et les
adeptes d'autres religions.
Selon le pape, une "alliance" avec
eux sur des sujets d'éthique où sont en jeu la "raison" et la "loi
naturelle" est possible. En vertu de cette logique, il a cité récemment
l'argumentation du grand rabbin de France, Gilles Bernheim, contre
l'adoption par les couples homosexuels.
Les principes que défend
l'Eglise "ne sont pas des vérités de foi, ils sont inscrits dans la
nature humaine, identifiables par la raison", martèle régulièrement
Benoît XVI. Selon lui, des changements dans certaines réalités (mariage,
début et fin de vie, bioéthique) vont causer "une grave blessure à la
justice et la paix".
Le pape mobilise ses plumes les plus
brillantes pour ces combats: du nouveau gardien du dogme Gerhard Ludwig
Müller au patriarche de Milan Angelo Scola en passant par le "ministre"
de la Culture, Gianfranco Ravasi.
"Aux côtés de Benoît XVI, se
forme un groupe petit mais influent d'évêques (...), très attentifs à se
prononcer (...) sur les questions centrales de la culture et de la
société, qui portent sur la vision anthropologique de l'homme", a
indiqué le vaticaniste Sandro Magister.
Mgr Scola a par exemple
mis en doute à la mi-décembre la neutralité de la "laïcité à la
française", qui réduirait la foi à la sphère privée.
"L'État
appelé neutre, a-t-il dit, adopte une culture spécifique, la laïcité,
par une législation qui devient la culture dominante mais aussi une
puissance négative par rapport à d'autres identités, en particulier
religieuses, présentes dans la société civile qui tend à les
marginaliser, voire à les expulser".
Mgr Müller a reproché au
"néo-athéisme" contemporain de tout ramener à une approche scientiste et
de traiter le croyant en "parasite". L'archevêque allemand s'en est
pris à des best-sellers comme "L'Illusion de Dieu" du biologiste Richard
Dawkins.
Mgr Ravasi a apporté de son côté ce week-end une
touche plus joyeuse quoique paradoxale, citant dans une tribune sur "la
tendresse de Dieu" des écrits de l'auteur athée français Jean-Paul
Sartre sur l'étonnement de Marie à la naissance de Jésus.
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