Le partage du ’’Ngalakh’’, plat à base de mil, de pâte d’arachide et de bouye (fruit du baobab), organisé chaque vendredi saint par les catholiques sénégalais, ne se tiendra pas cette année sous son format habituel en raison des mesures restrictives dictées par la lutte contre la propagation du coronavirus.
Au Sénégal, à la veille de chaque week-end pascal, la communauté catholique, fait don de ce repas particulièrement aux musulmans du pays pour marquer la fin du carême.
’’On aurait aimé le faire, mais comme la situation ne le permet pas, le conseil des laïcs s’est réuni pour décider de différer le Ngalakh à tout moment de l’année, après ces événements’’, a déclaré l’Abbé Baye Remis Diouf, chargé de communication de l’archidiocèse de Dakar dans un entretien avec l’APS.
’’Comme la situation ne s’y prête pas, il est plus logique de le différer. Le Ngalakh n’est pas lié au carême, c’est un élan chrétien intégré, incarné que l’on perpétue’’, a-t-il ajouté.
Selon lui, donner est un acte de cœur que bien de gens ignorent. ’’C’est la raison pour laquelle, le Ngalakh, sur le point spirituel, reste cet élan d’amour vers l’autre, peu importe sa situation sociale’’, a-t-il fait valoir.
’’Cette dimension du partage, prépare aux pires situations de la vie, appelées le deuil. Donner c’est ce qu’il y a de plus précieux devant le Seigneur’’, a-t-il expliqué, soulignant que l’église procédera à ces partages, une fois la situation décantée.
’’Par contre, ceux qui tiennent à le faire, ils le feront peut-être de façon restreinte au sein de leur famille’’, a-t-il recommandé.
Pour Denise Zarour Médang, il n’y a pas de raison de sacrifier à la tradition en préparant du Ngalakh à cause du risque sanitaire.
’’La préparation du Ngalakh en quantité requiert forcément de l’aide et vous n’avez aucune garantie des mesures de prévention et d’hygiène prises par d’autres personnes venues vous aider (….)’’, explique cette fidèle.
Pour cette fête de Pâques, Mme Médang ne va pas préparer le Ngalakh mais assure qu’elle va concocter pour la famille ’’un bon dîner’’.
’’S’il n’y a pas de communion, il n’y a pas de Pâques. Et on ne peut encore moins penser au côté festif, cette année’’, a dit à l’APS Denise Zarour Médang, qui dit préparer la fête avec ‘’calme’’ et ‘’sérénité’’. Elle regrette de ne pouvoir fêter la Pâques cette année, ni d’aller à l’église ou de procéder à la communion.
’’Je la fêterai ainsi sans tambour ni trompette, juste avec ma petite famille, en raison de la crise sanitaire que nous vivons à l’échelle mondiale’’, a-t-elle ajouté. Elle se désole de ne pouvoir prendre part aux offices religieux, malgré la plateforme informatique mise en place pour permettre aux fidèles d’écouter les homélies et de suivre la messe.
’Le seul fait de ne pas prendre part à l’eucharistie me donne un pincement au cœur’’, regrette Médang Denise Zarour, qui dit tout de même rendre grâce au Seigneur et prier pour que cette pandémie, qui ‘’impose ses règles à tout le monde, soit rapidement maîtrisée’’.
Contrairement aux années précédentes, Sophie Agbo Faye, chrétienne, native des Sicap (Liberté 3), mariée à un musulman, va se contenter d’un strict minimum dans la mesure où ‘’tout le monde reste chez soi’’.
’’Avec la maladie à Coronavirus, confie-t-elle, on a juste convenu, le jour de Pâques, de se retrouver en famille (....)’’’’.
’’Ce sera pareil en ce vendredi Saint, ce qui me permettra de préparer juste un peu de Ngalakh pour les proches (musulmans) de mon mari (...)’’, dit-elle.
’’Ils comprendront d’eux-mêmes vu que nous sommes, non seulement en période d’état d’urgence, mais également tenus de respecter des mesures préventives édictées par les autorités sanitaires pour faire face à cette pandémie qui décime le monde’’, ajoute-t-elle.
Sophie Agbo Faye rappelle que Pâques est une occasion pour les chrétiens de consolider les liens de bon voisinage avec les musulmans.
’’Mon couple est un parfait exemple de laïcité, parce que mon mari est musulman et moi je suis chrétienne. Nous vivons et pratiquons nos religions chacun de son côté dans une parfaite harmonie’’, dit-elle.
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