
Décédé le 8 décembre 2012, des suites d’une longue maladie, Serigne Mansour Sy forme un vide dans le cœur des Tidianes. Son mausolée, érigé à l’intérieur de sa demeure, est le lieu d’attraction des pèlerins qui ont envahi la ville sainte de Tivaoune. Matin, midi, soir, jour et nuit, le mausolée est bondé de monde qui vient se recueillir.
TIVAOUANE- « Allez faire la queue comme nous autres. Tout le monde est pressé. D’autres tâches nous attendent », lance Ndeye Cissé Yade, d’un ton sévère, à une dame qui voulait se faufiler devant elle. Résidant à Guet Ndar, Ndeye Cissé foule pour la première fois le sol de la ville sainte de Tivaouane. Disciple du défunt Khalife général des Tidianes, elle pleure toujours son marabout. Aujourd’hui à Tivaouane, elle ne souhaite pas rentrer chez elle sans se recueillir devant le tombeau de son vénéré marabout, rappelé à Dieu. A l’en croire, elle a fait plus de deux heures de temps dans les rangs sans pouvoir accéder au mausolée. Toutefois, elle ne s’écœure pas pour autant. Elle garde toujours l’espoir, tout en sachant que tôt ou tard, sa patience lui sera bénéfique. « Serigne Mansour Sy vaut plus que ça. Même en rampant, je vais me recueillir devant son tombeau », déclare-t-elle. A l’image de Ndèye Cissé, des milliers de fidèles, qui ont commencé à rallier la ville sainte de Tivaouane pour les besoins de la célébration de l’anniversaire de la naissance du prophète Mohamed (Psl), ont pris d’assaut le mausolée de Serigne Mansour Sy qui a quitté ce bas monde au mois de décembre dernier. En cette 111e édition du Gamou, on peut dire que le prédécesseur de Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhetoum est l’absent le plus présent. Il demeure toujours dans l’esprit et le cœur de disciples Tidianes. La grande affluence notée autour de son mausolée en est une preuve probante. Par un simple constat, on peut même affirmer, sans risque de se tromper, que son mausolée a ravi la vedette à celui de son père Serigne Babacar Sy et celui de son grand père El Hadji Malick Sy. Les adeptes de la confrérie Tidianya portent toujours le deuil. La tristesse et l’émotion les secouent toujours. La tête bien voilée, chapelet à la main, Fatime Gueye, une sexagénaire vivant à Guédiawaye, plus précisément à Ainouma3, se bouscule avec des jeunes qui auraient l’âge de sa petite fille, pour maintenir sa position dans le rang. Interpelée, elle nous fait savoir qu’elle est venue prier pour feu Serigne Mansour Sy, mais aussi pour solliciter, en retour, des prières. « Quand il est décédé, j’étais venue assister aux funérailles, mais je n’avais pas la possibilité de me recueillir sur sa tombe. Je tiens à le faire aujourd’hui, d’autant plus que le bon Dieu m’a amenée une nouvelle fois à Tivaouane », déclare–t-elle. Poursuivant son argumentaire, elle renseigne que la forte bousculade autour du mausolée montre que les fidèles ont la nostalgie de Borom Daradji. « Serigne Mansour manque aux fidèles. Il avait le verbe agréable. Ses sorties n’étaient jamais ordinaires. Elles étaient même attendues par tout le monde car elles étaient source d’enseignements », soutient-elle. Abondant dans le même sillage, Ndèye Fall, native de Ndombo Fall, village circonscrit à Richard Toll, souligne : « Je suis venue formuler des prières pour le défunt khalife, afin que Dieu l’accueille dans son paradis. On ne doute pas qu’il est au paradis, mais nous prions davantage pour lui et pour toux ceux qui l’ont devancé à l’au-delà. Nous avons le cœur meurtri. Serigne Mansour est irremplaçable, mais nous nous plions à la volonté divine ». « Baye Fall », devenu tidjane après avoir vu en rêve El Hadji Malik Sy, Modou Fall fait partie aujourd’hui de ceux qui récupèrent les aumônes que les pèlerins déposent sur la tombe de Serigne Mansour. Ayant quitté sa Ndiarème natale pour poser définitivement ses baluchons à Tivaouane, c’est avec un cœur meurtri qu’il se rappelle du défunt khalife. « Toute sa vie, il l’a consacrée à éduquer et à former les gens suivant les prescriptions de l’Islam. Il a imprimé sa marque à son khalifat. Il était un homme humble, courtois, généreux qui tenait tout le monde en haleine lors de ses sorties. Nous aurions tant aimé le voir encore longtemps parmi nous. Mais hélas, que faire contre la Volonté de Dieu ? Nous acceptons volontiers ce que décide le créateur suprême. A Lui, nous sommes soumis », rappelle-t-il.
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