
Le quotidien L'Observateur, dans sa livraison du jour, publie en fac-similé des documents datant du tout début du 20ème siècle, de 1903 précisément, qui lèvent un voile sur le complot d'autorités coloniales contre la personne de Serigne Touba, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Il s'agit de deux lettres d'un certain M. Vienne, l'administrateur du Cercle de Thiès, adressées au Gouverneur, Secrétaire général du Gouvernement général de Saint-Louis. Dans ces lettres, on peut y lire la volonté dudit administrateur d'éloigner Serigne Touba du Baol oriental " dont la présence (...) sera toujours une source de troubles et de conflits ".
Dans la première lettre, datée du 1er mai 1903, M. Vienne y rapporte " un affront " qu'aurait fait subir Serigne Bamba à Bakane Diop, le chef supérieur du Baol oriental ; affront dont il serait " impossible de prévoir les conséquences ", au point que la " sécurité publique " serait en péril. En conséquence, l'administrateur du Cercle propose au Gouverneur de faire venir Serigne Bamba pour l'envoyer ensuite à Saint-Louis " d'où il ne pourrait plus jamais revenir ". Le guide la confrérie revenait en ce moment de sept (7) années et neuf (9) mois d'exil et de privations du lointain Gabon, en plein coeur de la forêt équatoriale. Craignant les effets d'un mouvement offensif sur l'entourage jugé " dangereux " de Serigne Bamba, qui ne serait qu'un " illuminé ", ce serait là un moyen détourné de faire arrêter ce dernier.
Or, " étant donné le fanatisme des talibés ", dont le nombre ne cesse de croître, surtout après son retour du Gabon, il fallait éviter qu'un " rien " ne fasse " dégénérer en événements sanglants " la présence de Serigne Touba dans le Baol oriental.
Dans une lettre, en date du 19 mai 1903, au gouverneur de Saint-Louis, Serigne Bamba réfute ses calomniateurs et fait savoir à celui-ci que les leçons apprises des hadith du prophète Mohamet (Psl), dont il est le serviteur exclusif, lui intiment le devoir d'obtempérer aux ordres du " Sultan " (chef temporel). S'il a envoyé son frère Cheikh Anta et son cousin Mbacké Bousso (qui peuvent en tout parler pour lui, dit la lettre) à Saint-Louis pour répondre à sa place, c'est parqu'il se portait mal depuis son exil du Gabon où il a passé les sept (7) années et demie " assis dans (sa) chambre ". Ce qu'il a toujours " dissimulé aux gens ".
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