
Le CEM du quartier Asecna 2 de
Yeumbeul sud (banlieue dakaroise), où logent provisoirement des
sinistrés des inondations, donne la mesure du drame de familles
obligées, suite à ce drame, de vivre dans des conditions précaires et
dans une promiscuité inouïe quelquefois, en ne comptant que sur le
minimum pour survivre en attendant des lendemains meilleurs.
Dans la
cour de ce CEM qui n’est pas clôturée, deux bâches sont dressés pour
les nouveaux locataires des lieux. Des habits, chaussures et autres
matériels qui ont pu être sauvés des eaux, sont étalés par terre, sous
le soleil.
"On est là depuis trois jours. Ici, ça ne va vraiment pas. Il fait très
chaud, il y a des moustiques et la nourriture n’est pas des meilleurs", a
déclaré Malick Diallo, père de famille, qui habitait avant le sinistre,
près du marché Lambada de Yeumbeul, où il logeait ‘’depuis le 11 août
1965".
"Nos avons presque perdu tous nos bagages. Mes deux lits et une armoire
sont restés dans les eaux et je ne peux pas les récupérer à cause de la
hauteur de l’eau. Le maire m’a dit ce matin qu’il faut une machine
puissante pour pomper les eaux et les déverser dans le bassin", a ajouté
M. Diallo.
"Nous rendons grâce à Dieu. Les problèmes que nous avons ici sont : le
manque d’eau, d’électricité et de moustiquaires, parce qu’il y a
beaucoup de moustiques. Pour se laver ou pour faire ses besoins, nous
allons dans les toilettes de la mosquée qui est juste derrière l’école
et les propriétaires les ont fermées actuellement", a indiqué Mohamed
Baïla Diédhiou, un maître coranique venu de Yeumbeul Nord.
"Nous sommes environ une soixantaine personnes dans cette classe : nous
(maîtres coraniques), nos femmes, nos enfants et nos talibés. C’est très
encombrant et très serré", a dit Diédhiou, soulignant avoir perdu du
matériel comme des nattes, matelas, livres coraniques, entre autres.
"Le maire nous a dit qu’une solution sera trouvée d’ici la rentrée des
classes. Par exemple, nous pourrions regagner nos maisons. Sinon, nous
pourrions être relogés dans d’autres maisons. Il est également envisagé
la possibilité de nous donner de quoi louer ailleurs. Nous n’avons
aucun parent ici pour nous aider. Nous sommes venus à Dakar rien que
pour une mission : enseigner l’Islam aux talibés", a-t-il poursuivi.
Passablement peu préoccupé par ses conditions de vie actuelles, qui
auraient pu être pires, Fafa Cissé, également maître coranique, se
projette plutôt sur son futur immédiat. "Ce qui m’inquiète le plus,
c’est le lieu où je vais habiter après l’hivernage, parce que la maison
où je logeais est inondée et le propriétaire a récupéré ses clés",
dit-il.
"C’est mon seul problème et non la nourriture. Si j’ai de quoi payer une
location, je serai content parce que pour la nourriture, les talibés
prendront leur pot pour aller mendier dans les maisons et nous aurons de
quoi manger", a-t-il dit.
Dans certains cas, les sinistrés doivent faire avec les vautours qui
profitent de leur détresse pour détourner les dons collectés en leur
nom, selon certaines victimes. "Ce sont les agents municipaux qui les
récupèrent en disant qu’ils vont les collecter avant de les distribuer,
alors que nous en avons besoin. C’est pour cela que j’ai mon cahier où
je note tout ce qui est don", a par exemple indiqué Malick Diallo, qui
partage une des classes avec une autre famille.
"Les eaux ont commencé à inonder ma maison en 2009 et j’allais à chaque
fois louer une autre pour deux mois environ. Mais, cette année-ci, c’est
trop. Du fait d’un manque de moyens, je suis là avec ma famille et ça
ne me plait pas du tout ce qui se passe ici’’, a-t-il ajouté.
Entourée des ses petits-fils, Wouly Marie Diop, habitante du quartier
Magatte Diallo, dans la commune d’arrondissement de Guinaw rail, raconte
que son calvaire dure dès après la fête de la Korité, marquant la fin
du Ramadan.
"Nous sommes venus hier (lundi) vers 13 heures. Depuis la Korité, nous
n’avons pu fermer l’œil à cause des eaux de pluie. Nos yeux sont enflés à
cause du manque de sommeil. La vie ici est meilleure que celle que nous
menions avant", a souligné Mme Diop, apparemment prête à se contenter
du minimum, avec une partie de sa famille. Les autres membres de
famille sont restés à Guinaw Rail, "parce que nous ne savons pas ce qui
va se passer ici", renseigne-t-elle.
"Là où nous sommes, il y a six familles dans la classe et nous nous
arrangeons pour dormir avec ce que nous avons, parce qu’aucun matériel
ne nous a été donné pour l’instant. Mais nous espérons en avoir", a
relevé Wouly Marie Diop, assise sous l’une des bâches, sans arrêter de
rendre grâce à Dieu.
Accompagnée de sa belle-sœur, Cissé Diop est également venue demander un
lieu où loger sa famille. "Je suis venue voir les responsables pour
qu’ils trouvent une salle où je pourrai rester avec mes cinq enfants.
Depuis ce matin, nous sommes là à attendre mais ils ne nous ont rien
dit", a-t-elle déclaré.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les nouveaux occupants du CEM
de l’Assecna 2 se réjouissent de recevoir régulièrement les visites des
autorités locales comme le maire de Yeumbeul. Un petit réconfort pour
des personnes assaillies par des problèmes de toutes sortes.
JMC/BK/AD
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