Le groupe pharmaceutique anglo-suédois AstraZeneca, partenaire industriel de l’université britannique Oxford, a annoncé une pause dans les essais mondiaux de son vaccin. En cause : un effet secondaire important
Alors que le coronavirus a fait près de 900 000 morts dans le monde, dont un tiers en Amérique latine, les essais cliniques d’un des vaccins expérimentaux les plus avancés, développé par Oxford et AstraZeneca, ont été suspendus dans la nuit de mardi à mercredi.
Pour élucider un éventuel effet indésirable grave chez un participant, le groupe pharmaceutique anglo-suédois AstraZeneca, partenaire industriel de l’université britannique Oxford, a annoncé une pause dans les essais mondiaux de son vaccin dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni et les États-Unis, après l’apparition d’une "maladie potentiellement inexpliquée" chez un volontaire.
Un effet secondaire important
Les vaccinations seront stoppées jusqu’à ce qu’un comité indépendant évalue l’incident, dont aucun détail n’a été révélé, mais qui est probablement un effet secondaire important.
Cette pause pourrait retarder l’un des projets occidentaux parmi les plus avancés, avec ceux des sociétés américaines Moderna et Pfizer, chacun étant en train de recruter des dizaines de milliers de volontaires afin de vérifier que les doses sont sûres, et empêchent les personnes vaccinées de tomber malades du Covid-19.
Les trois sociétés disaient jusqu’à présent espérer des résultats avant la fin de l’année ou le début de 2021, et ont commencé à fabriquer des millions de doses en avance au cas où ils seraient probants.
AstraZeneca a pré-vendu des centaines de millions de doses à de multiples pays dans le monde, plus qu’aucun de ses concurrents. La production et la distribution en Amérique latine, région la plus touchée au monde, de son futur vaccin doit être notamment prise en charge par l’Argentine et le Mexique, avec un financement de la Fondation Carlos Slim. Le Brésil n’est pas concerné car il a passé un accord séparément.
Pression et concurrence
Aux États-Unis, pays le plus touché dans le monde, nombre d’experts craignent que le président américain Donald Trump ne fasse pression pour faire autoriser un vaccin contre le coronavirus avant la présidentielle du 3 novembre. Le républicain, candidat à sa réélection, a affirmé que son pays disposerait d’un vaccin "cette année".
Son rival démocrate, Joe Biden, a expliqué lundi qu’il voudrait "voir ce qu’en disent les scientifiques", et les autorités sanitaires du pays ont assuré que le processus d’homologation d’un éventuel vaccin serait purement fondé sur les résultats scientifiques.
Face à la polémique croissante, les patrons de neufs sociétés développant des vaccins, dont les plus gros groupes pharmaceutiques, ont voulu rassurer le grand public en signant un engagement commun à s’en remettre aux résultats des essais cliniques avant de demander une autorisation.
La concurrence fait rage pour mettre au point un vaccin. La Russie a annoncé début août avoir développé le "premier" vaccin contre le Covid-19, dont plus d’un "milliard de doses" ont été précommandées par 20 pays étrangers, selon le Fonds souverain russe impliqué dans son financement.
"Une nette dégradation de la situation"
La pandémie a fait plus de 894 000 morts dans le monde et 27 421 340 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués depuis fin décembre, selon un dernier bilan établi par l’AFP.
La région Amérique latine et Caraïbes à elle seule enregistre plus de 300 000 morts et l’épidémie frappe particulièrement le Pérou (plus de 30 000 décès). Ce pays déplore le taux le plus élevé au monde de morts rapporté au nombre d’habitants, avec 93,28 décès pour 100 000 habitants, selon un classement publié par l’université américaine Johns Hopkins.
L’Europe connaît un net rebond du nombre de cas : la session du Parlement européen prévue la semaine prochaine à Strasbourg a été annulée en raison du risque sanitaire trop élevé lié à la pandémie et se tiendra à Bruxelles.
En France, plus de 6 500 cas nouveaux de Covid-19 ont été comptabilisés au cours des dernières 24 heures, la Direction générale de la santé (DGS) alertant sur "une nette dégradation de la situation".
En Angleterre, les rassemblements de plus de six personnes vont être interdits à partir de lundi, au lieu de 30 personnes actuellement.
L’Espagne, pays européen parmi les plus touchés, a dépassé la barre des 500 000 cas diagnostiqués. Les écoles ont rouvert, mais de nombreux parents refusent de renvoyer leurs enfants en classe, en dépit de la menace de sanctions.
La Chine a endigué la maladie
Pour le président chinois, Xi Jinping, en revanche, l’heure était venue de remettre des médailles à quatre "héros" du personnel médical, devant des centaines d’invités masqués qui avaient pris place dans l’imposant Palais du Peuple, au bord de la place Tiananmen, à Pékin.
"Nous avons mené contre l’épidémie une grande bataille qui s’est révélée bouleversante pour nous tous. Nous avons traversé une épreuve historique et extrêmement ardue", a déclaré le président chinois.
La Chine ne compte officiellement que 4 634 morts du Covid-19 et les autorités ont largement endigué la maladie dans le pays.
Le pays est néanmoins dans le collimateur des États-Unis, qui dénoncent sa gestion de l’épidémie et l’accusent d’avoir caché la sévérité du nouveau coronavirus, découvert fin 2019 dans la ville de Wuhan (centre).
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