A l'issue de son entretien avec Annick Girardin, secrétaire d'Etat française chargée du Développement et de la Francophonie, le président du Sénégal Macky Sall a brièvement reçu quelques journalistes, dont l'envoyé spécial de L'Express. Lors de cet entretien, il a notamment évoqué la stratégie adoptée par le pays de la Teranga afin de lutter contre le virus Ebola, cette fièvre hémorragique qui ravage le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée-Conakry. A ce jour, seul un cas a été détecté sur le sol sénégalais: celui d'un étudiant guinéen, aujourd'hui guéri, et maintenu en observation au CHU Fann de Dakar. Verbatim.
Avez-vous pris une décision quant au sort de ce jeune ressortissant guinéen?
Macky Sall: Je n'ai aucune envie que l'on se précipite pour le renvoyer chez lui. Notamment du fait de la stigmatisation que suscite Ebola. Se pose aussi la question de sa sécurité et de son acheminement. Voilà pourquoi, en concertation avec les autorités de Conakry, nous étudions les voies et moyens d'un retour correct. Cela posé, il ne sera pas rapatrié dans l'immédiat.
Jugez-vous le Sénégal désormais à l'abri de ce fléau?
Je l'ai dit voilà trois semaines: aucun pays n'est à l'abri dans un contexte de migrations et de voyages transfrontaliers. Reste que nous avons mis en oeuvre un dispositif de riposte, fondé sur une prise en charge immédiate de tout cas suspect. De même, le Sénégal s'attache à renforcer son dispositif sanitaire et à faire bon usage des moyens de communication.
Il aura fallu attendre le 8 septembre, soit plus de cinq mois après la réapparition de l'épidémie, pour que l'Union africaine (UA) convoque une "réunion d'urgence". Pourquoi un tel retard?
Cinq mois, c'est beaucoup trop, même si l'UA avait d'emblée engagé une réflexion sur le sujet. A l'échelon régional, la Cedeao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) a réuni un sommet à Accra (Ghana) dès juin-juillet. Pour notre part, nous avons accepté l'établissement de couloirs humanitaires afin que les médecins, les agents de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) et du PAM (Programme alimentaire mondial) puissent accéder aux pays affectés, dont il faut reconnaître qu'ils sont difficiles d'accès.
Quand ces couloirs seront-ils opérationnels?
Ils devraient déjà l'être. Leur mise en oeuvre est imminente.
Certains commerçants guinéens se plaignent d'être la cible d'une forme d'ostracisme.
Je condamne fermement tout comportement visant à ostraciser une communauté. Ce n'est pas parce que le cas détecté chez nous vient de ce pays que tous les Guinéens doivent être considérés comme porteurs potentiels du virus. J'en appelle donc au respect du prochain.
Dans la sous-région, le "chacun pour soi" national a parfois semblé prévaloir sur l'impératif de solidarité.
Ebola a été terrifiant. Comme le choléra voilà un demi-siècle. Il n'existe pas de remède ; le taux de mortalité peut avoisiner les 80%. Les gens ont peur de l'inconnu. Certains pays se sont donc barricadés. Nous-mêmes avons, par mesure de précaution, bouclé nos frontières. Le Cap-Vert, le Rwanda ou le Cameroun ont fermé les leurs aux citoyens sénégalais. Ebola a déclenché une panique planétaire, plus que de raison d'ailleurs. Mais une fois le vent de panique passé, nous devons tous reprendre nos esprits et développer un système de résilience. Je lance donc un appel en faveur d'une véritable solidarité internationale. Il faut notamment parvenir à décloisonner les régions touchées.
Pouvez-vous miser, au Sénégal, sur le concours des autorités traditionnelles, notamment confrériques?
Nous avons déjà mobilisé ces autorités religieuses et coutumières, afin de diffuser les messages de prévention. Et de dissiper les phobies. Car il est vrai qu'aujourd'hui, il suffit que quelqu'un tousse pour que l'on entende "C'est Ebola !" Une certitude: le Sénégal est prêt.
En savoir plus sur www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/ebola-le-senegal-a-developpe-un-dispositif-de-riposte_1575411.html#lEMycqXAJz9pHM7H.99
13 Commentaires
Xccv
En Septembre, 2014 (20:58 PM)Xam Guineen
En Septembre, 2014 (21:29 PM)Nuuuul
En Septembre, 2014 (21:30 PM)Veritas"
En Septembre, 2014 (21:35 PM)Boy Lébou
En Septembre, 2014 (21:40 PM)Yoro
En Septembre, 2014 (21:50 PM)Atypico
En Septembre, 2014 (21:55 PM)Yeet
En Septembre, 2014 (21:57 PM)Khaaral ma nopi sakh
Macky Portemalheur
En Septembre, 2014 (22:27 PM)Catholique
En Septembre, 2014 (01:39 AM)Tteussss
En Septembre, 2014 (04:53 AM)Leçon Du Présent
En Septembre, 2014 (09:13 AM)Macky a aussi mis le doigt que le manque de solidarité inter-africaine: au lieu de s'entraider, les pays africains se sont imposés des restrictions entre compatriotes. C'est lamentable.
Macky pose aussi implicitement et subtilement cette question qui est devenue une question de développement qui est celle de la présence d'un grand nombre innombrable de guinéens au Sénégal. Tôt ou tard, le Sénégal vivra une crise à cause de cette mutation démographique dont on ne veut pas sérieusement parler. Les guinéens en sont à la 3éme ou 4éme génération, c'est-à-dire qu'ils deviennent progressivement des sénégalais ayant les mêmes droits que tous les autres sénégalais. Parfois, on pense que ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire est une affaire très loin de nous. On se voile la face, cela va arriver chez nous, il faut s' préparer, même si comme le dit Macky sall on a des régulateurs sociaux (confréries, pratique religieuse tolérante, et autres).
Ebola a montré beaucoup de choses, à nous d'apprendre de tout cela pour mieux gérer notre devenir
Guanar
En Septembre, 2014 (19:24 PM)Participer à la Discussion