Certains méningocoques, bactéries responsables notamment de la méningite, parviennent à survivre sans oxygène, et peuvent donc se transmettre via une infection des voies génitales et urinaires.
Les méningocoques peuvent-ils se transmettre par voie sexuelle ? Selon une étude de l'université de Würzburg (Allemagne) et de l'Institut Pasteur de Paris (France), les méningites à méningocoques peuvent se transmettre chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes. Ces travaux sont publiés dans la revue Plos One .
Une nouvelle souche de méningocoques
Les chercheurs se sont penchés sur la question de la transmission sexuelle des méningocoques, bactéries responsables de méningite et de sepsis (ou septicémie ) après qu'une épidémie a été observée en 2013 en Etats-Unis et en Europe chez des hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. Pour cette étude, les scientifiques ont analysé le génome des bactéries isolées lors de cette épidémie, et l'ont comparé avec celui de souches récupérées sur 15 autres patients, enfants et adolescents, contaminés par voie respiratoire. Ils ont tout d'abord observé que les bactéries qui avaient contaminé les hommes par voie sexuelle avaient évolué plus récemment que les autres : "l'émergence de cette souche révèle que les méningocoques sont extrêmement souples et qu'ils modifient très rapidement leur phénotype afin de s'adapter efficacement à de nouvelles conditions" explique ainsi Ulrich Vogel, microbiologiste responsable du laboratoire de référence des méningocoques de l'université de Würzburg.
Des bactéries qui survivent sans oxygène
Et dans cette nouvelle souche, une différence marquante était observable : sa capacité à vivre sans oxygène. Alors que les souches classiques de méningocoques se transmettent par la salive ou les gouttelettes respiratoires, et donc en présence d'oxygène, cette nouvelle souche peut très bien survivre dans les voies génitales et urinaires, sans oxygène. Cela va dans le sens de l'hypothèse d'une transmission sexuelle de la bactérie. Si des infections génito-urinaires aux méningocoques avaient déjà été observées avant 2013, "il apparaît évident que la nouvelle souche a amélioré sa capacité à se multiplier dans le sang, augmentant sa virulence par rapport aux échantillons génito-urinaires" relève l'Institut Pasteur dans un communiqué. Cette étude démontre la souplesse d'évolution des méningocoques et leur polyvalence, et "souligne l'importance de la surveillance actuelle de la maladie pour une adaptation des stratégies de vaccination", conclue l'Institut Pasteur.
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