
Pour Mme Diop née Oumy Bâ, sage-femme au centre de santé de Dakar-Plateau, il y a un parfum de libertinage dans les quartiers flottants où le fait de tomber enceinte ne constitue plus une honte. L’absence de gêne en cas de grossesse hors mariage concerne pratiquement tout l’entourage de la fille, admet-elle. « Quand une maman, une tante ou une tutrice amène sa fille ou sa nièce pour s’assurer qu’elle est enceinte ou pas, elle n’est pas du tout étonnée d’apprendre qu’on lui annonce une grossesse », informe Mme Diop. Ces propos ont été recueillis lors d’une visite de terrain effectuée dans le cadre d’un atelier de formation dédiée à des journalistes en santé sur le thème : « Accès aux services de planification familiale des populations migrantes vivant dans les quartiers flottants de Dakar-Plateau ».
D’ailleurs, souligne la sage-femme, « ces saisonnières commencent les consultations prénatales mais elles ne les terminent jamais, car elles rentrent au village avant terme ». Cette couche de la population s’intéresse-t-elle à la contraception ? « Les saisonnières viennent rarement ici pour la planification familiale », rétorque Oumy Bâ qui avoue que des causeries étaient faites avec les femmes pour les informer et les sensibiliser sur la planification familiale. « Mais depuis que l’assistante sociale en service au centre de santé est partie, nous n’en faisons plus. Je n’ai pas le temps pour cela. Mais cette activité est de notre responsabilité », reconnaît-elle.
De l’avis de Marième Ndiaye, ancienne coordinatrice de la Santé de la reproduction du district sanitaire Sud de Dakar, « il n’y a pas encore d’études montrant que les saisonnières vont dans les structures de santé pour la planification familiale ou pas ». Selon elle, il est impératif de quantifier les besoins de ces femmes et de voir comment intervenir dans les quartiers flottants regroupant des migrants.
Si l’on se réfère au témoignage de Oulèye Dia qui réside au quartier Rail devenu Khadimou Rassoul, situé entre les rues Félix Eboué et Tolbiac, à quelques encablures du rond-point Faidherbe, « les méthodes de planification familiale sont disponibles, mais les femmes ont peur, surtout celles qui sont mariées ». Selon elle, c’est principalement pour cette raison que les migrantes, installées dans les quartiers flottants, n’adhèrent pas à la planification familiale qui, d’après elle, ne veut pas dire « limitation des naissances, mais espacement des naissances pour que la femme et ses enfants soient en bonne santé ».
Dossier réalisé par Maïmouna GUEYE
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