L’addiction sexuelle est un motif de consultation en augmentation chez les sexologues. Bien qu’elle ne soit pas reconnue en tant que telle par le DSM-V (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), la souffrance liée à cette problématique est bien réelle. Malheureusement, elle est encore mal connue et empreinte de honte, ce qui rend les études et recherches scientifiques particulièrement difficiles. Les recherches existantes semblent s’accorder sur une prévalence de 3 à 6 %.
Nous parlons d’addiction sexuelle lorsque la sexualité devient obsessionnelle et compulsive. La personne a des pensées récurrentes et persistantes en lien avec la sexualité. Ces pensées sont perçues comme intrusives et inappropriées par l’individu lui-même. Enfin, elles sont accompagnées d’élans irrésistibles à commettre des actes sexuels. Typiquement, la personne va exprimer “je ne peux pas m’en empêcher” ou encore “c’est plus fort que moi”. Nous parlons d’addiction sexuelle lorsque la fréquence de ces caractéristiques est particulièrement élevée, à tel point qu’elle altère la vie professionnelle, familiale ou sociale de la personne.
Cela signifie que si la fréquence de la pratique sexuelle était considérée et perçue comme “normale” par la personne/la société, il n’y aurait pas de problème. Par exemple, la pratique de la masturbation est plutôt recommandée par les sexologues. Elle permet de découvrir son corps, mieux se connaître, comprendre son mode de fonctionnement sexuel. Mais si la pratique masturbatoire est si importante qu’elle engendre des absences au travail ou une diminution de l’intérêt pour l’activité sexuelle avec son ou sa partenaire, cela devient problématique.
Lorsqu’il s’agit d’addiction sexuelle, la personne a beau connaître et comprendre les inconvénients, elle ne peut s’empêcher de perpétuer ces comportements répétitifs, excessifs, impulsifs et envahissants.
Dans la majorité des situations, l’addiction sexuelle concerne la pratique masturbatoire et/ou le visionnage de pornographie et/ou les discussions sur des sites d’escorts ou autre.
Voir la personne en souffrance derrière l’addiction sexuelle
Ce que nous pouvons entendre en cabinet de sexothérapie et qui peut ressembler à de l’addiction, ce sont des couples qui sont en désaccord sur la fréquence “idéale” des rapports sexuels car les partenaires ont des désirs différents. Dans cette situation, n’hésitez pas à consulter un ou une sexologue qui pourra vous aider à retrouver une communication fonctionnelle, amener une compréhension mutuelle et développer des pistes d’action en vue d’une solution adéquate pour chacun et chacune. Il ne s’agit pas forcément d’une addiction mais cela peut en cacher une.
Ce qui me paraît vraiment important, c’est de voir la personne en souffrance derrière l’addiction sexuelle. En effet, cette problématique est si connotée moralement que cela peut créer des problèmes relationnels parfois disproportionnés et empêcher les personnes de consulter. Or, ces pratiques peuvent cacher par exemple une grande anxiété, une dépression ou un trouble neurologique. Il y a toujours quelque chose à comprendre derrière l’histoire particulière de l’individu.
Heureusement, des solutions existent. Que vous soyez directement concernés ou que vous soyez proche d’une personne souffrant de cette addiction, n’hésitez pas à consulter un ou une sexologue. Il/elle pourra vous aiguiller au mieux.
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En Octobre, 2023 (15:39 PM)Participer à la Discussion