Un rapport de Human Rights Watch passe en revue les défis de la lutte contre le cancer

L’organisation internationale Human Rights Watch a publié, jeudi à Dakar, un rapport intitulé ‘’Abandonnés dans l’agonie : le cancer et la lutte pour le traitement de la douleur au Sénégal’’ dans lequel, elle fait un diagnostic sans complaisance et passe en revue les défis liés à cette maladie au Sénégal.Ce rapport de 96 pages a été rédigé par Angela Chung, chercheur en justice sociale au sein de la division santé et droits humains à Human Rigth watch. 

Selon elle, ‘’comme d’autres pays à revenus faibles et intermédiaires, le Sénégal fait face à un poids croissant des maladies chroniques et à des défis majeurs, pour y remédier. En 2013, la population sénégalaise est 14,1 millions, et approximativement 70.000 Sénégalais ont besoin de soins palliatifs’’. ‘’Pourtant, les chiffres récents indiquent que le Sénégal utilise une quantité annuelle de morphine qui ne suffit qu’à traiter près de 194 patients souffrant de douleurs causées par un cancer avancé’’, a-t-elle indiqué. ‘’Pour 2013, le Sénégal a estimé qu’il aurait besoin de 1.180 grammes de morphine. 

Ce qui représenterait 0,084mg par habitant soit 71 fois moins que la moyenne mondiale de 5,96 mg par habitant’’, a-t-elle relevé, dans le document. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que les maladies non transmissibles sont responsables de 30% de tous les décès du pays. Selon les chiffres et estimations de l’ONUSIDA et de l’OMS, le cancer tue trois plus de Sénégalais que le VIH/sida, et tue également plus que le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose réunis’’, a expliqué l’auteur du rapport. Pour elle, ‘’au Sénégal, la connaissance des maladies non transmissibles et du cancer est limitée, ce qui mène à des diagnostics fréquemment erronés et à une prise en charge tardive des patients. Ainsi, un pourcentage très élevé de maladies n’est diagnostiqué qu’à des stades avancés’’. 

‘’Au moment des recherches menées par Human Rights Watch au Sénégal, il y avait une pénurie de morphine en raison de retards dans l’importation. A l’époque, un seul hôpital dans tout le pays importait des pilules de morphine et il n’y avait qu’un seul fournisseur local de sirop de morphine’’, a déploré Mme Chung. ‘’Il n’y avait donc pas d’autres solutions pour protéger les patients lorsque ces chaines d’approvisionnement ont été interrompues’’, a-t-elle souligné. ‘’Les patients interrogés qui venaient de l’intérieur du pays ou bien dans les hôpitaux de Dakar ne disposant pas de morphine par voie orale, ont reçu des analgésiques de faible niveau qui ne peuvent généralement pas soulager la douleur modérée à sévère’’, a ajouté l’auteur. Pour Mme Chung, ‘’les conséquences physiques, psychologiques et sociales de la douleur modérée à sévère sur les individus représentent un sentiment de désespoir accablant un grand nombre d’entre eux’’. 

 ‘’La faible disponibilité des soins préventifs et curatifs du caner et d’autres maladies chroniques, crée un besoin accru de soins palliatifs au Sénégal, parce que la grande majorité des gens sont diagnostiqués en phase avancées ou terminale de la maladie au cours de laquelle la douleur est sévère’’, a-t-il indiqué. Pour Marie Kâ, chef de division de la lutte contre les maladies non transmissibles, du ministère sénégalais de la Santé et de l'Action sociale a estimé que c’est ‘’un rapport sans complaisance’’, avant d'ajouter : ‘’nous allons essayer d’en tenir compte pour l’avenir’’.