
Le docteur vétérinaire Massal Fall prévient les consommateurs sénégalais contre les risques d’intoxication aux "poissons bizarres" comme le compère (Boune Fokki) et la môle, en vogue à cause de la raréfaction des espèces nobles, le mérou, la dorade, le barracuda et le vivaneau, rapporte le mensuel Agri-Infos, dans son édition de janvier 2013.
‘’Au Sénégal notamment, la consommation des poissons incriminés (compères, surtout) est devenue assez commune, face à la rareté des +poissons nobles+ (mérous, dorades, etc.) et autres ressources halieutiques’’, indique Dr Fall, biologiste des pêches et chercheur au Centre de recherches océanographiques de Dakar-Thiaroye (CRODT).
Dans un entretien avec le magazine spécialisé sénégalais, le vétérinaire signale que ‘’les compères sont les plus consommés, (leur chair) tant au niveau des ménages, restaurants et hôtels au Sénégal. (...) La tête est réservée à la transformation artisanale, sous forme de +guedj+ (produit séché, salé et fermenté)’’.
Selon le biologiste des pêches, les signes cliniques d’une intoxication alimentaire consécutive à la consommation de ces poissons sont entre autres l’indigestion, les picotements à la bouche, le vomissement, l’étourdissement, l’angoisse, les faiblesses physiques. A côté de la salivation, de l’aphonie et des convulsions, il y a aussi des risques de paralysie, d’étouffement et de mort.
‘’Fort heureusement, relève-t-il, nos traditions culinaires de cuisson longue et à forte température auraient, au moins, l’avantage de détruire toute trace de tétrodotoxine. Ensuite, les produits consommés sont préalablement dépecés et éviscérés. Ce qui élimine, de facto, les organes les plus dangereux : peau, foie, intestins et gonade.’’
Dans le magazine Agri-Infos, Dr Massal Fall souhaite que le personnel de santé, notamment les médecins généralistes et les urgentistes, soit sensibilisé sur ces risques liés à la consommation de poissons dangereux au Sénégal. Cette sensibilisation doit se faire ‘’une fois au moins sur l’intoxication à la tétrodontoxine qui, prise en charge tardivement ou mal, peut être létale’’, avertit-il.
Dr Fall soutient toutefois que des mesures préventives sont promues pour assurer la sécurité alimentaire des populations. Il les a invitées à ‘’éviter de consommer des poissons aux couleurs vives et/ou aux formes bizarres notamment leurs viscères et peaux, s’agissant d’espèces méconnues’’.
‘’Continuer à apporter un soin particulier au dépeçage et à l’éviscération des poissons ciblés dont la peau, le foie, le tube digestif (les intestins, en particulier) et les gonades (ovaires, surtout) seront proprement éliminés’’, signale-t-il, insistant sur le fait de ‘’nettoyer finement la chair de manière à la débarrasser de toute trace de ses tissus’’.
Aussi le biologiste des pêches préconise-t-il le maintien à un temps et une température de cuisson suffisants pour détruire la tétrodontoxine éventuellement présente. ‘’Bannir, recommande-t-il en outre, la grillade de type steak-tartare faite avec de tels poissons.’’
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