
La lombalgie chronique – les douleurs dans le bas du dos – est la première cause de handicap chez les plus de 40 ans en France et dans le monde. Un véritable problème de santé publique qui touche 5 à 10 millions de personnes en France, qui passent leur journée avec une douleur parfois tellement insoutenable qu’ils ne peuvent plus travailler.
Jusqu’à aujourd’hui, il n’existait qu’une seule façon de « traiter » cette pathologie : par le réentraînement à l’effort. « On se focalise sur la réactivation physique pour que les patients reprennent le boulot », décrit le professeur François Rannou, du service de rééducation-réadaptation de l’appareil locomoteur et des pathologies du rachis à l’hôpital Cochin Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Injection de corticoïdes
Mais les patients ont un nouvel espoir, grâce à l’étude d’une équipe française de l’AP-HP, de l’Inserm et de l’Université Paris Descartes, dirigée par les professeurs François Rannou et Serge Poiraudeau. Menée sur 140 patients, elle a été publiée mardi dans The Annals of Internal Medicine, 4e journal médical mondial.
Parmi les malades atteints de lombalgie chronique, ces chercheurs français ont repéré une pathologie spécifique : une inflammation du disque intervertébral lombaire qu’ils ont appelée la discopathie active. « C’est autre chose que la hernie discale. Cela concerne 1 à 2 millions de patients, ce n’est pas négligeable », précise le professeur François Rannou.
(Photo : Fotolia)
Pour traiter la douleur, ils injectent un anti-inflammatoire (des corticoïdes) dans le disque entre les vertèbres. Un acte qui ne dure que 30 minutes, sous anesthésie locale et en ambulatoire.
Un mois après l’injection, « la douleur est divisée par deux, elle passe de 7,5/10 à 3,5 pendant trois à six mois, s’enthousiasme François Rannou. C’est une révolution thérapeutique car aucun traitement n’était capable de diminuer la douleur ! Cela va complètement modifier la prise en charge dans le monde entier. Je commence à recevoir des appels des États-Unis. »
Pour l’instant, le traitement, fruit de vingt ans de recherches, n’offre un soulagement qu’à court terme. Mais il pourrait permettre à des patients de bénéficier d’infiltrations répétées à plusieurs mois d’intervalle pour arrêter l’inflammation. Il doit maintenant être validé par l’Agence nationale de sécurité du médicament.
Prochaine étape pour les chercheurs : l’obtention d’un financement européen pour développer une thérapie à plus long terme basée sur des cellules souches qui traiteraient la douleur de l’inflammation et régénéreraient le disque intervertébral.
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