En 2024, le Sénégal a été le théâtre d’une lutte acharnée contre plusieurs fléaux : le trafic de drogue, l’insécurité routière et l’immigration irrégulière. Les chiffres dévoilés ce mercredi 26 février 2025 par le colonel Issa Diack, chef du Centre de renseignement et des opérations de la Gendarmerie nationale, dressent un portrait contrasté : des avancées significatives face à la criminalité, mais une situation toujours alarmante qui appelle à des mesures renforcées.
Drogue : Dakar et Thiès, épicentres d’un trafic explosif
Avec plus de 3,5 tonnes de drogue saisies en 2024, dont 5 396 kg de chanvre indien (92 % des saisies), 318 kg de cocaïne et plus de 2 000 comprimés de drogues de synthèse comme le "Drama King", la gendarmerie a frappé fort. Dakar (3 272 kg de chanvre) et Thiès (310 kg de cocaïne) se démarquent comme des plaques tournantes, tandis que Kédougou et Tambacounda émergent comme zones de transit pour les drogues dures. « Les routes et les ports restent les artères du trafic », a martelé le colonel Diack, pointant du doigt des réseaux criminels bien organisés, majoritairement composés d’hommes sénégalais de plus de 30 ans issus du secteur informel, et d’étrangers impliqués dans les drogues dures. Face à cette menace, la gendarmerie prévoit d’intensifier la surveillance des axes stratégiques en 2025, en collaboration avec des partenaires internationaux.
Routes meurtrières : 687 vies fauchées malgré une baisse des accidents
Si les accidents de la route ont diminué de 4,8 % en 2024, avec 5 212 cas enregistrés, le bilan humain reste tragique : 687 décès et 8 547 blessés. Dakar, avec 2 841 accidents, reste l’épicentre de cette hécatombe, suivie de Thiès et Saint-Louis. Les accidents nocturnes, souvent liés à la vitesse, la fatigue et l’alcool, concentrent 26 % des cas mais se révèlent particulièrement mortels. L’interdiction du transport interurbain de nuit a réduit ces incidents de 35 %, mais un pic de décès en juillet montre les limites des mesures actuelles. Les motos, de plus en plus nombreuses, aggravent la vulnérabilité des usagers. « Malgré les radars et les contrôles, 687 familles pleurent un proche. Il faut aller plus loin », a insisté le colonel.
Émigration irrégulière : une vague contenue mais persistante
L’année 2024 a vu 34 162 migrants tenter la traversée vers l’Europe à bord de 64 pirogues, un chiffre révélateur de la pression migratoire. La gendarmerie a riposté en arrêtant 3 003 passeurs (une hausse de 83 % par rapport à 2023) et en saisissant 17 embarcations et 22 070 litres de carburant. Si les départs culminent en septembre, les mois d’hiver marquent une accalmie, liée aux conditions climatiques et à une surveillance accrue. Le Sénégal, devenu un carrefour pour des migrants africains mais aussi asiatiques (Pakistanais, Bangladais), reste sous la menace de réseaux criminels. Les campagnes de sensibilisation et les patrouilles côtières ont freiné le phénomène, mais la lutte est loin d’être gagnée.
Perspectives 2025 : une lutte à intensifier
Face à ces défis, la gendarmerie sénégalaise mise sur une stratégie renforcée : surveillance accrue des axes clés, collaboration transnationale et sensibilisation des populations.
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