La lutte contre l’immigration irrégulière demeure un défi majeur pour les autorités sénégalaises. Malgré des résultats significatifs obtenus en 2024, tels que les saisies de matériel et les arrestations de passeurs, la pression migratoire reste forte.
En 2024, le phénomène de l’immigration irrégulière a pris une ampleur alarmante au Sénégal, avec 64 embarcations transportant 34 162 migrants ayant tenté de rejoindre les côtes espagnoles. Ces chiffres ont été révélés ce mercredi 26 février 2025 par la Gendarmerie nationale, dans le cadre de la publication de ses données annuelles sur ses interventions dans divers domaines. Selon le colonel Issa Diack, chef du Centre de renseignement et des opérations de la gendarmerie, « un tel afflux de passagers clandestins témoigne de la gravité de la situation, alimentée par des dynamiques économiques et sociales, ainsi que par des réseaux criminels bien organisés ». Il souligne toutefois que des stratégies renforcées ont été déployées pour contrer cette vague de départs clandestins.
Un dispositif de surveillance et d’intervention renforcé
Pour répondre à l’ampleur de ce phénomène, la Gendarmerie nationale a intensifié ses efforts avec un dispositif de surveillance rigoureux, comprenant des patrouilles côtières, des opérations aériennes de contrôle et l’occupation des points de transit exploités par les passeurs. Les opérations conjointes avec l’armée et la police ont joué un rôle clé dans la réduction des flux migratoires. En complément, des campagnes de sensibilisation ont été menées auprès des jeunes et des communautés locales pour les alerter sur les dangers de l’immigration clandestine et les dissuader de risquer leur vie en mer, précise le colonel Issa Diack.
Des arrestations et saisies importantes
Ces efforts ont porté leurs fruits avec la neutralisation de 96 passeurs et la saisie de moyens logistiques conséquents : 17 pirogues, 13 moteurs et 22 070 litres de carburant, témoignant de l’ampleur des ressources mobilisées par les réseaux criminels. Les interpellations ont également bondi en 2024, avec 3 003 Sénégalais arrêtés, soit une hausse de 83 % par rapport à 2023, où 1 638 Sénégalais avaient été appréhendés. En revanche, le nombre d’étrangers interpellés a diminué, révélant une évolution dans la dynamique des réseaux migratoires.
Le Sénégal, un pays de transit selon le colonel Diack
Une tendance marquante est la diversification des nationalités des migrants. Outre les originaires de pays africains, la gendarmerie note une augmentation des migrants asiatiques, notamment palestiniens et bangladais, utilisant le Sénégal comme pays de transit vers l’Europe. Selon le colonel Issa Diack, « l’analyse mensuelle des départs montre des pics en avril et surtout en septembre, avec 14 cas recensés, révélant des périodes critiques pour les flux migratoires. À l’inverse, aucun départ n’a été signalé en janvier, février et mars, probablement en raison de conditions climatiques difficiles et de mesures de sécurité accrues ».
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