Les cœurs sont emplis de peine, au centre hospitalier régional de Tamba. Le silence. Des images glaçantes des corps inertes de nos confrères de Leral déposés dans le corbillard qui s’apprête à ramener les «trois soldats tombés au front de l’information» vers Dakar. Le temps est resté figé. Pas un mot. Des pleurs, des yeux embués, des gorges nouées.
Au même moment, à l'aérodrome de Tambacounda, sur les images fixées sur la pellicule par Dakaractu, un avion militaire qui décolle, avec à son bord deux médecins, un commandant et les deux blessés de l’accident, Thierno Alassane Kane et Aminata Sow.
Partout, la tristesse se lit sur les visages. L’émoi est aussi sur ces regards hagards qui fixent le temps. L’on psalmodie en silence quelques versets ; l’on essaie de faire bonne figure, mais c’est difficile. C’est impossible. Tant l’ampleur du drame ne laisse personne indifférent.
Tout semblait normal pourtant. Et puis, le terrible destin a tout accéléré. Nous venons d’arriver à Kédougou. Pendant un moment, l'équipe de Leral.net, à bord d’une voiture Hyundai Tucson, qui roulait loin derrière la Mitsubishi L200 de Dakaractu, semble s'être volatilisée. On ne l’aperçoit plus. Mais l’on se dit rien de bien grave.
Aucune nouvelle ne filtre. Puis, l’horreur s’invite à nous par le biais d’un simple texto. Thierno Alassane Kane, un des rescapés de l'accident mortel, envoie un message : «Nous avons eu un accident. Yoro (cameraman), Ousmane (chauffeur) et Abou (journaliste) sont malheureusement décédés.»
Un autre suivra. Il s'agit d’Aminata Sow, qui accompagnait l'équipe de reporters. Elle s'avoue fatiguée et malade. Elle doit la vie à un garde-forestier qui remue ciel et terre pour éviter qu'elle ne tombe dans le coma.
«Si on ne le fait pas, qui le fera ? La caserne des sapeurs-pompiers est loin d'ici», dit le garde au bout du fil, avant de faire venir l'ambulance du parc Niokolo Koba, pour un transport rapide des deux survivants à l'hôpital régional de Tamba, où le ministre de l'Intérieur s'est rendu en compagnie du gouverneur pour s’enquérir de la situation des confrères blessés.
Sur place, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, endosse son costume d’humain pour faire part de son «immense tristesse» et promet que le gouvernement fera tout le nécessaire pour les victimes.
Au même moment, des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent les victimes joyeuses avec des collègues leur disant sur des post Facebook : «Vous étiez là à nos côtés en nous disant : ‘’Tenez bon, nous reviendrons dans quatre jours’’.»
Le retour à la vie en Rédaction était attendu. L’impression de ne pas s'intéresser à la mort.
À l'étape Kaffrine - Tambacounda, tous les membres de l'équipe de Leral.net sont dans une forme olympique. Ils échangent des vannes et quelques chahuts avec des confrères. «Nous irons à l'inauguration de la route Kaffrine - Nganda, puis Tamba, et après nous irons voir un peu ce qui se passe à Kédougou où le président va inaugurer le centre hospitalier régional Amath Dansokho. Bref, nous ferons toutes les étapes», avaient prévu nos confrères.
La chaleur qui monte et les difficultés qui s'accumulent le long de la tournée économique du président Macky Sall ne les font pas fuir le cortège de ce dernier qu'ils devancent à chaque étape, pour ne pas arriver en retard. Un réflexe professionnel.
Ils ne pouvaient imaginer que la mort leur tendrait les bras sur la RN7, à hauteur du parc Niokolo Koba.
L'évacuation des blessés sur Dakar et le transport des corps des victimes sont venus parachever une «opération» coordonnée de main de maître par Oumar Mamadou Baldé, le gouverneur de Tambacounda, sous l’implication généreuse du chef de l’État Macky Sall.
Le chef de l’Exécutif régional a très tôt indiqué qu'il avait entendu toutes les instructions du chef de l'État, qui s'est déplacé sur les lieux du drame. D'où les raisons de ses va-et-vient entre les services d'urgence du centre hospitalier régional de Tambacounda et la morgue de l'hôpital de la ville.
«Pour ces jeunes de Leral.net arrachés à notre affection, nous allons prier, implorer les bénédictions et la miséricorde d'Allah, parce que nous sommes tous musulmans. C'est des fils ou neveux que nous avons devant vous», s’est arrêté un moment le gouverneur à l’hôpital.
Une petite allocution mettra fin à cette séance de prière aux allures à la fois protocolaire et religieuse.
Abou Mamadou Sy (Journaliste), Yoro Mamadou Diallo (Cameraman) et Ousmane Ndiaye (chauffeur) ont péri certes dans ce terrible accident. Ils ne seront pas dans des tombes, mais à jamais, ils seront dans nos cœurs.
7 Commentaires
Adama Hadrane Diallo
En Juin, 2021 (13:10 PM)Aduna amoul solo
Ss
En Juin, 2021 (13:17 PM)Cheikh
En Juin, 2021 (16:29 PM)qu'Allah leur accorde sa miséricorde. Amine.
Des mesures devraient être prises pour réglementer le trafic sur cet axe. J'ai été victime d'un accident similaire sur cette même route. N'eut été le réflexe de notre chauffeur, nous aurions finit dans le décor.
Mbayre
En Juin, 2021 (18:26 PM)As
En Juin, 2021 (21:09 PM)Participer à la Discussion