Les pêcheurs de Cayar ont déploré, au cours d’un point de presse, les propos tenus par le Grand Serigne de la collectivité léboue, Mansour Ibrahima Diagne, lors du Dialogue national.
Selon eux, «le chef lébou a accusé la communauté des pêcheurs de Cayar d'être à l'origine du conflit les opposant aux pêcheurs de Mboro».
En effet, le 2 avril 2023, des pêcheurs ont été arrêtés suite aux violents affrontements ayant opposé en mer des membres de la communauté des pêcheurs de la Grande Côte. Une bataille rangée qui avait fait un mort et 37 blessés, avec des dégâts matériels estimés à 900 millions F CFA. Les pêcheurs de Cayar étaient poursuivis pour «participation à une manifestation non autorisée et destruction de biens appartenant à autrui» ; ceux de Mboro, eux, devaient répondre des délits de «coups et blessures volontaires et destruction de biens appartenant à autrui».
Le procureur du tribunal de grande instance de Thiès, Cheikh Dieng, remarquait, dans une sortie, que «ces événements avec leur extension sur le continent à Mboro puis à Cayar, ont occasionné des violences physiques graves sur des personnes ainsi que des dégradations de biens dans ces localités». Et que «des investigations exhaustives ont été immédiatement menées et ont conduit à l’interpellation d’une vingtaine de mis en cause à Cayar et plus d’une dizaine à Mboro».
Le procès des pêcheurs a finalement été jugé en audience spéciale, après deux renvois, le vendredi 5 mai 2023, devant le tribunal de grande instance de Thiès en flagrant délit. Les mis en cause avaient tous répondu aux différentes interpellations, après avoir été entendus.
Dans son réquisitoire le procureur de la République avait plaidé «l’apaisement dans les deux camps» et demandé l’application de la loi. Les avocats de la défense avaient abondé dans le même sens, en demandant au juge d’«appliquer la loi sans état d’âme».
«Mansour Ibrahima Diagne est loin d'être un régulateur»
Il s’agit là de deux communautés de pêcheurs qui se regardent en chiens de faïence. Un conflit qui est un vieux serpent de mer et avait refait surface en 2005, occasionnant même une perte en vie humaine. Une victime tuée par balle au cours d'une bagarre rangée. Le comité local de pêche de Cayar avait alerté sur le danger que représente la pêche avec les filets monofilaments interdite par le code, mais qui connaît une résistance.
«Les pêcheurs de Mboro étaient accusés de violer la loi face à interdiction de pratiquer la pêche aux monofilaments dans les côtes de Cayar. Cela avait poussé les jeunes du village traditionnel des pêcheurs d'arraisonner leurs pirogues.
«A Cayar, non seulement nous avons la culture de ne pas pratiquer cette pêche, mais nous l'interdisons dans nos eaux et ces pêcheurs qui nous viennent de Mboro font fi de cette loi. Nous nous sommes opposés énergétiquement à ces violations et cela a débouché sur un conflit», font remarquer des pêcheurs de Cayar.
Aujourd'hui, le calme est revenu entre les pêcheurs qui sont actuellement en pleine période de campagne. D’ailleurs, le village traditionnel de Cayar accueille, à présent, les pêcheurs de Guet-Ndar, de Yoff et de Mboro pour six mois, ce dans une parfaite harmonie. L'accès à la zone n'est pas interdit aux communautés saisonnières, mais les Cayarois restent stricts face à l'interdiction des monofilaments. Ils ne manquent surtout pas de demander au Grand Serigne de la collectivité léboue, Mansour Ibrahima Diagne, de «revenir sur ses propos irresponsables et inappropriés». Car pour eux, il «est loin d'être un régulateur».
1 Commentaires
Dj Lebou
En Juin, 2023 (23:19 PM)Participer à la Discussion