
« Les huiliers travaillent pour leur propre compte et pas dans l'intérêt des paysans »
En effet, les chinois qui ont débarqué sur le marché de l'arachide au Sénégal, ont fait des propositions intéressantes aux cultivateurs qui ont accepté de leur vendre leur production. Les huileries locales et autres producteurs locaux qui avaient jusqu’ici une mainmise sur ce secteur, avec des points de collecte disséminés dans les campagnes souhaitent le départ des chinois afin de pouvoir acheter l'arachide produite par les paysans. Fin de non recevoir pour ces derniers, qui disent vendre au plus offrant. « Ils travaillent pour leur propre compte. Et surtout ils ne parlent pas au nom des paysans », tient à préciser un des gros producteurs d’arachide.
Il faut rappeler que le gouvernement a fixé à 210 francs le kilogramme d'arachide. Alors que dans la campagne profonde, les chinois achètent à 300 francs le kilo. « Quel agriculteur va vendre à 210 alors qu'il a la possibilité de vendre à 300 frs ? », s'interroge notre interlocuteur au bout du fil.
Il explique : « Si un huilier achète à 210 frs, après raffinage, il vend au prix qui l'enchante, il cherche du profit, c'est tout. Alors que les vrais agriculteurs, eux, n'attendent pas l'intervention de l'Etat pour quoi que ce soit. La mafia dont parle Cissé Lô est une réalité. Nous sommes en phase avec lui sur toute la ligne ».
« Ils achètent des semences et revendent à l’Etat »
Pour ces grands producteurs donc, ces huiliers ne roulent que pour leur propre compte : « Si les chinois n'étaient pas là, ces huiliers seraient capables même de nous acheter le kilo à 150 frs, ce qui allait tuer les producteurs », met en garde un autre. Avant de préciser que « L'arachide n'est pas la propriété de l'Etat ou de Macky Sall, elle appartient aux agriculteurs ; c'est leur bien et ils sont libres d'en faire ce qu'ils veulent. Si les chinois achètent et exportent en Chine l'arachide achetée, c'est leur affaire ! », tranche-t-il.
Quid des conséquences sur le stock semencier avec les risques évoqués par les huiliers ? « Il n'y a aucun risque, tranche encore notre interlocuteur. Ceux qui veulent acheter l’arachide n’ont qu'à mettre le prix. Moi par exemple, je mets de côté une réserve de 50 tonnes de semences avant de vendre mon produit. C'est ainsi que travaillent tout agriculteur digne de ce nom. Par contre, tous ceux qui s’agitent ne font que du business », conclut-il.
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