Les problèmes dans les mosquées ne se comptent plus, avec leur lot de crises avilissantes, au point d’atterrir devant le procureur de la République. De Dakar à Rufisque, quatre lieux de culte (mosquée de Fadia à Golf – mosquée du Garage Guédiawaye aux Hlm – mosquée cité Dabakh à Rufisque 2 et la mosquée dite Diack Mbède à l’Unité 22 des Parcelles Assainies) sont frappés de mesures administratives.
MOSQUEE DE FADIA (GOLF) : Deux imams en conflit saisissent le Procureur de deux plaintes
Il ne fait plus bon de prier à la mosquée de Fadia, sise au quartier Golf, dans la banlieue dakaroise. Ce lieu de culte, naguère très fréquenté, cherche depuis quelques temps fidèles. La raison, un latent et profond différend qui oppose le camp de l’Imam Mamadou Diop à un groupe de fidèles qui se réclameraient partisans «Ibadous», dirigés par le sieur Malick Ndaw. Se vouant un antagonisme manifeste, les deux camps en sont venus à ne plus partager les heures de prières. Il y a quelques mois déjà, les deux parties qui ont failli en venir aux mains ont été ramenées à la raison, à la suite de l’intervention des limiers du commissariat de police de Golf. Un fidèle s’était retranché dans la mosquée et avait fermement refusé de quitter les lieux, sous prétexte, nous apprend-on, qu’il y effectuait une séance de «khalwa (retraite spirituelle)». L’intervention de la police avait permis de trouver une issue heureuse à ce différend sur le point de prendre une proportion inquiétante. Ce cas patent n’est en réalité que l’expression d’un antagonisme plus corsé qui divise les deux camps.
Une «bombe» en souffrance qui a explosé au début de ce mois, mettant à nue les maux qui opposent réellement les camps de l’Imam Diop à ces adversaires «Ibadous». De sources concordantes bien au fait de cette affaire, il ressort que Malick Ndaw et Cie reprochent à l’Imam et ses proches des pratiques occultes de «charlatanisme». Des actes qui, selon le camp de Ndaw et Cie, sont récusés par les recommandations de l’Islam. Conséquemment à cette conviction, ils se sont résolus à ne plus partager les heures de prière avec le camp de l’Imam. Une résolution qu’ils ont matérialisée en acte.
Du coup, dans l’enceinte de la même mosquée, aux heures de prière, on assiste à deux séances de prière. D’un côté, le camp de l’Imam Diop et de l’autre, celui des dissidents. Se regardant en chiens de faïence, ils ont failli en venir à nouveau aux mains au cours d’une altercation, à l’occasion de laquelle, «un fidèle aurait brandi une arme à feu». Toujours est-il que le différend a fini par atterrir sur la table du procureur de la République, saisi de deux plaintes pour Coups et blessures volontaires (Cbv) et injures publiques ? L’une déposée par l’Imam Diop et l’autre par Malick Ndaw qui a assorti à ses récriminations un dossier médical attestant de 21 jours d’Incapacité temporaire de travail (Itt).
Donnant suite à l’affaire, le Procureur a saisi les limiers de Golf d’un soit-transmis, ponctué par une mise en demeure aux fins d’interpellation des fauteurs de troubles. Au regard des risques patents qui peuvent occasionner de probables troubles à l’ordre public, le commissaire central de Guédiawaye est saisi du dossier qui a, par la suite, atterri sur le bureau du sous-préfet local, pour que suive une décision administrative ferme.
MOSQUEE GARAGE GUEDIAWAYE (HLM) : «Une gestion opaque des fonds» au cœur d’une vive polémique
A la mosquée dite du Garage de Guédiawaye, sise aux Hlm, on ne parle pas le même langage. Ici, la principale récrimination a pour nom : «Une gestion opaque des fonds destinés à la mosquée» qui a fini de diviser en deux camps adverses les membres du Comité de gestion de la mosquée. Les fauteurs de troubles s’en prennent à l’Imam Ahmadou Bamba Kane, explicitement incriminé dans ce différend. A ce titre, une réunion avait, selon nos sources, été tenue le 10 novembre dernier, aux fins de destituer l’Imam Kane. Une dissension minutieusement traitée par les autorités compétentes. A relever qu’une plainte a été déposée au poste de police des Hlm par les pourfendeurs de l’Imam Kane, accusé, avec ses proches, de vol de numéraires portant sur la somme de 200 000 FCfa.
MOSQUEE DABAKH (RUFISQUE 2) : Gestion opaque des fonds de la mosquée
A l’instar de la mosquée de Garage Guédiawaye, celle de la citée Dabakh, sise à Rufisque 2, souffre des mêmes symptômes : «Une gestion nébuleuse des fonds destinées à la mosquée.» Dans ce lieu de culte, le différend oppose le camp de l’Imam Mor Basse à un collectif dirigé par le délégué adjoint Mamadou Diop. Le clou est survenu récemment. Alors que l’Imam Basse s’apprêtait à diriger la prière du vendredi 1er novembre (14 heures), ses pourfendeurs se sont illustrés par des actes hostiles qui ont entravé l’issue de cette prière. L’ordre public étant menacé, la police est intervenue pour ramener le calme et l’autorité administrative saisie. Une décision (arrêté préfectoral) a été prise pour procéder à la fermeture de la mosquée jusqu’à nouvel ordre.
MOSQUEE DITE «DIACK MBEDE», SISE A L’UNITE 22 DES PARCELLES ASSAINIES : «Cohabitation difficile avec une école catholique»
A la différence des mosquées suscitées, la mosquée dite «Diack Mbède», sise à l’Unité 22 des Parcelles Assainies de Dakar, symbolise un tout autre problème : Celui d’une cohabitation difficile entre deux communautés qui partagent un même espace. Construite par le sieur Cheikh Omar Tall, ladite mosquée se distingue par son empiètement partiel de la rue. Dans un autre sens, ce lieu de culte est contigu à une école catholique. De cette proximité, est née une relation heurtée. Et selon des témoignages concordants, il ressort que le sieur Tall avait été interpellé par l’autorité administrative pour répondre de la régularité des titres de propriétés qui fondent la construction de ladite mosquée qui empiète sur la rue. Convaincu qu’il a fait l’objet d’une dénonciation faite par les responsables de l’école catholique, Tall «s’est alors évertué à distribuer des tracts au contenu décriant des agissements de ses voisins, qui sont de nature à fouler au pied le dialogue islamo-chrétien». Cette affaire, à l’instar des autres, constituent la pile de dossiers brûlants instruits par les services de police, ainsi que l’autorité administrative, mais aussi judiciaire (pour certains cas).
Abdoulaye DIEDHIOU
ZIGUINCHOR - 40 ans de conflit pour inaugurer «la Mosquée de la Paix»
La capitale du Sud n’est pas non plus épargnée par ce phénomène des mosquées à problèmes. Communément appelée «Diouma Kouto (nouvelle mosquée en langue mandingue)», ou encore «Mosquée de la Paix», ce lieu de culte, érigé en 1968 au quartier Niéfoulène de Ziguinchor, n’a accueilli ses premiers fidèles que le 8 décembre 2006. De 1970 à 1980, les travaux de la mosquée avaient été suspendus à cause «de dissensions liées à des détournements des fonds et dissipation du matériel de construction», se souvient Mamadou Diatta (75 ans). Cette crise de 10 ans a été suivie, quelques années après, par un autre et non moins important problème : celui du choix de l’Imam pour diriger les prières. Une fonction vivement disputée par plusieurs ethnies sans compromis possible. Du coup, la mosquée a, une fois de plus, été fermée, malgré moult tentatives de médiations. Pour des raisons de sécurité, ce lieu de culte sera sécurisé par les Forces de l’ordre.
Une situation décantée le 9 décembre 2006, grâce à une intervention du défunt Khalife général des Tidianes, Serigne Mansour Sy, après 40 années de conflit.
ABDOURAHMANE THIAM
4 Commentaires
Peuls,
En Novembre, 2013 (08:46 AM)Matt
En Novembre, 2013 (10:27 AM)Funghi,,,,,,
En Novembre, 2013 (12:10 PM)Atypico
En Novembre, 2013 (13:02 PM)Participer à la Discussion