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Fabuleuses au foyer : toutes les mères sont-elles "au foyer" ?

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Hélène Bonhomme a créé le blog des Fabuleuses au foyer. © DR

“Le travail que la femme exécute à l'intérieur du foyer ne lui confère pas une autonomie ; il n'est pas directement utile à la collectivité, il ne débouche pas sur l'avenir, il ne produit rien.”  tel est notre héritage beauvoirien. Cette semaine, j'ai luAdieu Mademoiselle, La Défaite des femmes (éditions du Cerf, 2016), un pamphlet “anti-néoféministes” où Eugénie Bastié cite les Mémoires de madame de Beauvoir en vertu de qui nos générations de femmes considèrent que les tâches qui ont opéré au sein du foyer “ne débouchent pas sur l'avenir”. La journaliste de 24 ans propose, dans son chapitre Mulier economicus, un petit historique du foyer, “ce mot qui ulcère les milieux féministes.”

Le mépris des femmes au foyer

“Anti-tout”, “nouveau visage de la droite réac”, “militante d'extrême droite” et aussi “la petite Zemmour, mais en pire”, selon Attali : quoi qu'il en soit, Eugénie Bastié a  le génie de faire parler d'elle et de diriger le projecteur sur un sujet oublié, qui m'est cher et qui est plus d'actualité que jamais : le foyer. Les femmes travaillent moins, privilégient le temps partiel, passent plus de temps chez elles, et, pour la plupart, c'est un choix. Pourquoi ? Eugénie Bastié répond avec un pragmatisme dont j'apprécie la lucidité, puisqu'il en faut : “La spécificité de la femme, s'il faut en établir une, c'est la maternité et le rapport particulier qu'elle entretient avec ses enfants en bas âge. Malgré les injonctions féministes, les femmes continuent à vouloir s'occuper de leur progéniture.”

Si, autrefois, on pointait du doigt celles qui osaient délaisser les tâches domestiques pour le grand air du salariat, c'est désormais l'inverse. Le mépris dont fait l'objet la femme au foyer est bien résumé par Gisèle Halimi, dont les propos de 2009 sont rapportés par Eugénie Bastié : “Être une femme au foyer reste un choix, et il est respectable, mais c'est un choix qui n'est pas compatible avec la démarche de libération des femmes.” Une formule qui, en stigmatisant la femme au foyer à plein temps, oublie que, d'une manière ou d'une autre, à un degré ou à un autre, toutes les mères sont “dans leur foyer” à un moment où à un autre de la journée. Le matin, le soir, le week-end, les mères sont dans leur foyer et, partage de tâches ou non, rappelons-le : elles font des lessives, mettent des goûters dans les cartables, lisent des histoires et embrassent de petites joues roses. Des activités qui ne débouchent pas sur l'avenir, vraiment, Simone ?

“Foyer” n'est pas un gros mot

Mépriser la mère au foyer, c'est mépriser cette “vie ordinaire des femmes”, tout ce chapitre de la vie des femmes qui s'écrit à l'intérieur de leur maison, et dont il est politiquement correct de ne pas parler, de peur de les asservir. C'est diviser les femmes en deux groupes : celles qui font le choix de la carrière (et d'une existence sociale) et celles qui font le choix du foyer (et d'une dévalorisation sociale). Or, je le crois, il n'y qu'une sorte de mère : celle dont le coeur ne sera plus jamais en mode “off” dès la naissance de son aîné et qui fera de son mieux avec les ressources qui sont à sa disposition.

Non, “foyer” n'est pas un gros mot. Selon la thèse d'Eugénie Bastié, c'est l'oppression de l'économisme qui amène nos semblables à mépriser l'éducation, qui plus est familiale, relevant à la fois de l'acte gratuit, exigeant un don de soi, et de l'entreprise à long terme, qui suppose une épreuve de patience. Elle rapporte dansAdieu Mademoiselle les propos de Sylviane Agacinski, pourtant authentique féministe : “L'éducation des enfants est une des tâches les plus nobles et les plus nécessaires à l'humanité. Le souci des enfants a contribué à attacher les femmes à leur foyer. Est-il aussi artificiel et imposé qu'on veut bien le dire ? Il appartiendra aux femmes de répondre librement le jour où elles n'auront plus honte de revendiquer leur désir en ce domaine.”

“Ma tête est dans mon foyer, m'écrit Hélène, lorsqu'entre deux réunions (ou, pire, par SMS en pleine réunion) je gère un pugilat qui oppose mes ados amateurs de BN à ceux qui veulent des Pailles d'or, je résous à distance l'équation qui détermine au centième près la taille du champ de l'oncle Michel, ou j'explique à mon fils que, non, la pasta box ne se met pas au four…” Parmi les centaines de témoignages compilés par les Fabuleuses au foyer, encore un qui le montre : qu'elles aient ou non une activité professionnelle, toutes les mamans le sont à plein temps.

En 2012, Hélène Bonhomme vit la naissance de ses jumeaux comme un tsunami. Se sentant un peu désarmée face à cette vie de maman dont elle avait pourtant rêvé, elle décide de partir à la recherche de contenus pertinents sur l'art d'être une maman qui aime sa vie au XXIe siècle. C'est ainsi que voient le jour le siteFabuleuses au foyer ainsi que le livre collaboratif illustréIl y a une Fabuleuse dans chaque foyer(première partie, 2015).



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