
Un scandale retentissant éclate aux Industries Chimiques du Sénégal (ICS), où 103 chauffeurs dénoncent des années de travail dissimulé, de fraude sociale et fiscale, suivies de licenciements abusifs. « Nous avons été exploités sans contrat, sans protection sociale et sans respect des lois, et aujourd’hui, ICS veut nous jeter comme des déchets pour cacher ses crimes », s’indigne Daouda Lo, Chargé de Communication de l’Union des Routiers du Sénégal.
Depuis 2018, ces 103 chauffeurs ont transporté les produits des ICS à bord de camions appartenant à l’entreprise, sans jamais signer de contrat de travail. Une violation flagrante de l’article L. 64 du Code du Travail, qui stipule qu’un employé travaillant plus de trois mois sans contrat doit être considéré comme un salarié en CDI. « ICS nous a utilisés pendant plus de six ans sans nous déclarer, comme si nous n’existions pas », dénonce Daouda Lo.
Pourtant, l’entreprise refuse de reconnaître ces travailleurs comme ses employés, les qualifiant de simples sous-traitants. « C’est une excuse honteuse. Sans nous, leurs produits ne bougeraient pas. Nous sommes le cœur de leur activité », martèle Daouda Lo.
Pendant ces années, ICS n’a jamais affilié ces chauffeurs à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) ni à une Institution de Prévoyance Maladie (IPM). Résultat : pas de cotisations pour la retraite, pas de couverture en cas de maladie ou d’accident. « Quand un chauffeur avait un accident, il devait payer ses soins de sa poche. C’est inhumain et illégal », s’insurge Daouda Lo, pointant une violation de l’article L. 209 du Code du Travail.
« ICS a économisé des millions en ne payant pas nos cotisations sociales. C’est une fraude massive contre la CNSS et contre nous », ajoute-t-il avec colère.
“Fraude fiscale : l’État spolié”
Le scandale ne s’arrête pas là. ICS a également omis de prélever et reverser l’Impôt sur les Salaires (ITS), obligatoire selon l’article 171 du Code Général des Impôts. « Chaque mois, des millions de FCFA auraient dû aller à l’État. Où est passé cet argent ? ICS doit répondre », exige Daouda Lo. Cette évasion fiscale expose l’entreprise à un redressement colossal par la Direction Générale des Impôts et Domaines (DGID).
Licenciements brutaux : la goutte de trop
En mars 2025, après avoir osé demander des Équipements de Protection Individuelle (EPI), les 103 chauffeurs ont été licenciés sans ménagement : pas de lettre officielle, pas de motif, pas d’indemnités. « On nous a mis à la porte comme des chiens, sans respecter la loi. L’article L. 63 exige une notification écrite, et l’article L. 67 impose des indemnités. ICS a tout piétiné », fulmine Daouda Lo.
Pour lui, ce licenciement collectif est une tentative désespérée de l’entreprise pour effacer ses traces. « Ils veulent nous faire taire, mais nous ne nous laisserons pas faire », promet-il.
Les revendications des chauffeurs
Face à cette injustice, les travailleurs, soutenus par l’Union des Routiers du Sénégal, posent des exigences claires. « Nous voulons des CDI, le paiement de nos cotisations sociales, le remboursement de nos frais médicaux, la régularisation fiscale et nos indemnités. ICS doit payer pour ses crimes », déclare Daouda Lo. Ils demandent aussi des poursuites contre l’entreprise pour fraude sociale et fiscale.
Les chauffeurs interpellent directement les institutions. « L’Inspection du Travail doit sanctionner ICS pour travail dissimulé. La CNSS doit récupérer nos cotisations depuis 2018. La DGID doit enquêter sur cette fraude fiscale. Et le Tribunal du Travail de Thiès doit nous rendre justice », insiste Daouda Lo.
« Si l’État laisse ICS s’en tirer, c’est une porte ouverte à l’exploitation partout au Sénégal », avertit-il.
Ce scandale, qualifié de « bombe juridique » par Daouda Lo, mobilise déjà syndicats et citoyens. « Nous irons jusqu’au bout. Les ICS ne peuvent pas continuer à violer la loi impunément », assure-t-il. Les travailleurs se tiennent prêts à témoigner et appellent les médias à relayer leur combat.
Affaire à suivre…
6 Commentaires
Thiey Sénégal
il y a 17 heures (02:41 AM)Reply_author
il y a 11 heures (08:28 AM)Youssef
il y a 8 heures (11:32 AM)Malgré la rengaine anti-occidentale que l'on observe parfois en Afrique, vous conviendrez que les meilleurs employeurs d'Afrique sont bien souvent des entreprises d'origine occidentales.
Ajoutons à cela l'ignorance des droits par trop de travailleurs combiné avec la corruption des fonctionnaires supposés appliquer les lois pour protéger les travailleurs.... il y a beaucoup à faire !
Mboro
il y a 16 heures (03:54 AM)Bibi33
il y a 13 heures (06:48 AM)Astou
il y a 13 heures (06:53 AM)Pareil pour HUAWEI qui imported des prisoners chinois qui font le travail au Senegal.
Incognito
il y a 7 heures (12:16 PM)Il n'est nullement prévu par les textes qu'un employé travaillant plus de trois mois sans contrat doit être considéré sous CDI.
Revendiquer ses droits nécessite d'abord de bien les connaître, ensuite la réclamation deviendra beaucoup plus légitime.
Bonne chance
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