A la place de FESMAN, il est vrai que l’on dit désormais Festival
Mondial des Arts Nègres. Cela ne change rien à l’affaire.
Un papier de commentaire, ainsi que l’on dit dans le jargon
journalistique, a été écrit par un agencier de l’APS et publié sur le
site de l’Agence de Presse Sénégalaise, tard dans la soirée du 09 mai
dernier. Il a ensuite été retiré du site, le lendemain.
Entre temps, il a été repris par des organes de presse. Ce qui est
leur droit, en tant qu’acheteurs des dépêches de l’APS. Sous la
qualification ‘‘d’article censuré’’. Ce qui est beaucoup plus
discutable.
Car, il ne s’agit aucunement de censure. Le retrait de ce
commentaire s’imposait, eu égard à la nature même du journalisme
d’agence, qui ne s’autorise pas de commentaire.
Si un commentaire est bien un ‘‘travail journalistique’’, comme a
pu le déclarer le journaliste de l’APS auteur du papier de commentaire
en question, ce n’est pas un travail de journalisme d’agence.
Ce n’est pas la liberté du journaliste qui est en question ici.
C’est la nature de la mission, le journalisme d’agence, qui est
interrogée.
On veut bien croire qu’en tant que fervent adepte de la vie
culturelle qu’il couvre depuis plusieurs années pour l’APS, le
journaliste se soit laissé aller jusqu’à la passion que l’on attendrait
d’une partie prenante active sur cette question et jusqu’aux
questionnements qui sont l’apanage de l’amoureux transi. La culture peut
être une question de vie ou de mort pour certains, qui savent bien
qu’on ne vit pas que de nourritures terrestres… Il n’empêche.
Le papier de commentaire ou plutôt d’analyse, dans les agences,
lorsqu’il survient, est une exception plutôt que la règle, et un
privilège qui est laissé au Directeur des rédactions (ou au Rédacteur en
chef), ou qui est validé par lui, sous la responsabilité du Directeur
de la publication qu’est tout responsable moral d’une agence de presse.
En ma qualité de journaliste, qualification et sensibilité
professionnelle pour laquelle, entre autres, la Direction Marketing et
Stratégie de l’Agence de Presse m’est confié par détachement
administratif auprès de ce ‘‘média des médias’’, je pense pouvoir être
en situation d’en parler en toute confraternité, sans que l’on ne m’en
fasse reproche.
La déontologie qui guide le journalisme d’agence est celle de la
collecte de l’information à chaud sur les événements, de la restitution
la plus fidèle possible des faits et de la citation des sources,
auxquelles la parole est laissée.
Tous les jours, l’Agence de Presse Sénégalaise fait place aux
déclarations et positions d’acteurs nationaux (et internationaux) sur
des sujets politiques, sociaux ou économiques. La position de ces
acteurs ne rejoint pas toujours celle de l’Etat du Sénégal et de ceux
qui en incarnent les institutions. Il n’en demeure pas moins que la
responsabilité de leurs propos leur est laissée et ils en assument la
paternité.
Là est la beauté du journalisme d’agence. Là est aussi sa limite
objective.
Et c’est bien là ce qui est dommage, avec le papier de commentaire
sur le Festival Mondial des Arts Nègres. En effet, il ôte leur liberté
de parole à ceux qui auraient pu s’exprimer sur le sujet en fragilisant
la position d’équidistance du fil de l’APS entre les acteurs, sur ce
sujet, comme sur d’autres.
Des responsables du Festival Mondial des Arts Nègres (la Déléguée
Générale adjointe, Syndiéli Wade pour ne pas la nommer) ont pu,
récemment, s’exprimer en toute transparence dans la presse nationale sur
le différend d’actualité, les opposant à l’équipe précédente du Fesman,
Mediatique Events et ses dirigeants, Jean-Pierre Pierre Bloch et Gad
Weil. Gad Weil est un acteur important de la vie culturelle dans son
pays et il vient encore de réussir ‘‘Nature Capitale’’, une campagne
événementielle à fort impact médiatique sur les Champs Elysées à Paris.
Au titre de la couverture de l’actualité, il n’eût pas été
incongru d’entendre, un jour, sur le média des médias qu’est le fil de
l’APS, le son de cloche de Gad Weil, lorsque ce différend sera tranché
ou qu’il fera une déclaration sur le sujet. Or, si cela survenait
aujourd’hui, cette simple couverture de l’actualité chaude ressemblerait
à de l’acharnement contre le 3ème Festival Mondial des Arts Nègres, en
raison du défaut de distanciation d’un de ses agenciers, suite au point
de presse qu’il a couvert.
La nature de chaque organe de presse dicte les genres
journalistiques auxquelles elle recourt. De grands noms du journalisme
généraliste (Pape Samba Kane, actuel Directeur éditorial du
‘‘Populaire’’) ou de la presse économique ( Abdoulaye Bamba Diallo,
président du groupe créé autour de l’hebdomadaire Le Nouvel Horizon) ont
fondé, deux décennies plus tôt, le journal satirique ‘‘Le Cafard
Libéré’’. Il ne viendrait, par exemple, à l’idée de personne que dans
leurs supports actuels, ils fassent dans la dérision et dans la
caricature à tous crins. D’autres journalistes ont vu leur plume servir
dans des organes de presse partisans, comme ‘‘Le Débat’’ du Parti
socialiste pour ne citer que celui-là. Ils travaillent aujourd’hui dans
la presse généraliste et accordent la primauté aux faits, plutôt qu’à
leur inclination pour quelque parti que ce soit.
Vous l’aurez remarqué, tout au long de cette contribution, je me
serais abstenu de citer le nom de l’estimé confrère auteur du
commentaire retiré. Je l’ai fait pour une raison : afin de mettre en
exergue le fait que les dépêches d’agences, produit phare et raison
d’être de toute agence, sont signées par des initiales de journalistes,
qui permettent d’en suivre la chaine de validation ou ne sont tout
simplement pas signées. A moins qu’ils ne s’agissent d’envoyé spéciaux,
lorsque l’agence de presse tient à souligner sa couverture de
l’actualité sur des terrains éloignés…
Là réside la noblesse du journalisme d’agence, qui permet de faire
pleinement confiance aux informations diffusées par un organisme
d’information, sans avoir besoin de la validation d’une signature au bas
de l’article.
Ousseynou Nar Gueye
Journaliste – Ingénieur de Projets Culturels & Médias
[email protected]
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