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Le symbole de la mal-gouvernance du Sénégal (par Karfa Sira Diallo)

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Le symbole de la mal-gouvernance du Sénégal (par Karfa Sira Diallo)

Décidés aux prémices de «l’Alternance Inquiète», les investissements liés au visa d’entrée sont une perte incommensurable pour le Sénégal.

Nul ne peut entrer à l’aéroport de Dakar sans réprimer le sentiment de gâchis qui remonte du tréfonds de la gorge.

Le long du hall d’accueil, dès l’entrée dans le terminal, quinze machines, dernier cri, parfaitement alignées, dans la désespérance la plus stricte, attendent depuis mai 2015 d’accomplir la fonction pour laquelle l’Etat sénégalais investi des milliards de Fcfa depuis le 1er juillet 2013. Compte-non tenu du couteux appareillage technique et des techniciens qu’il a fallu faire voyager, loger, nourrir et « perdiemer » du Cap à Washington pour installer les machines nécessaires à l’établissement des visas et former les personnels consulaires dans tous les pays où le Sénégal a une représentation diplomatique.

Le premier Wax Waxeet de Macky Sall

S’il est vrai que c’est sous le magistère de Youssou Ndour, évanescent et inexistant ministre du tourisme et de la culture du premier gouvernement de l’alliance Benno Bokk Yaakar, qu’a été prise cette mesure de souveraineté de l’Etat sénégalais, il n’en reste pas moins qu’on puisse être interloqué que, ni le vigilant Abdou Latif Coulibaly, ministre de la bonne gouvernance, ni le premier ministre Abdoul Mbaye, banquier averti, ni le président Macky Sall et ses pléthoriques conseillers, n’ont vu la grosse et impossible couleuvre qu’ils s’apprêtaient à faire avaler aux sénégalais et surtout au redoutable secteur touristique. Que Youssou Ndour se fasse abuser par un entourage incompétent et inconscient n’a surpris au fond aucun sénégalais. Mais que tout l’appareil d’Etat avalise une telle hérésie dépensière de l’argent public est non seulement inadmissible mais révélatrice.

Dans l’euphorie de l’arrivée au pouvoir en 2012, comptable du nationalisme outrancier et calculé des dernières années de Wade, Macky Sall, comme dans d’autres sujets, s’est laissé dominer par l’émotion. Encore une fois. A moins que cela n’obéisse à la stratégie cohérente qui l’a mené au pouvoir, à la surprise générale : promettre et prendre rapidement toutes sortes de mesures pour satisfaire des clientèles politiques les plus disparates que possible, afin de s’accorder le répit nécessaire à une équipe de débutants consciente de ses failles et, en parallèle, asseoir une autorité d’influence et de captation redoutable.

On aura beaucoup glosé sur le courage de Macky Sall.

Ceux qui ont suivi cette affaire de visa mais aussi d’autres faits similaires en conviendront difficilement. Il est vrai que le secteur touristique a applaudi des deux mains, vantant le « courage politique du président Sall ».

Succombant au lobbying d’un secteur touristique persuadé d’avoir perdu 20 à 30 % de sa clientèle en raison des complications liées aux visas, le président Macky Sall, presque deux ans après, a argué de raisons économiques, pour aller même plus loin que n’en demandait ce secteur lors de son discours à la nation du 3 avril 2015.

Patatras ! On supprime le visa et on décide d’une ribambelle « de mesures incitatives pour la relance du secteur touristique et l’allègement des frais de voyage de nos compatriotes de la diaspora… La parafiscalité sur le billet d’avion sera réduite de 50%, pour baisser le prix du billet…Ces mesures s’ajoutent à la suppression du droit de timbres sur les billets d’avion. En outre, le Gouvernement engagera des consultations avec les compagnies aériennes à l’effet d’examiner la possibilité de réduire la surcharge carburant…Enfin, nous mettrons en place un crédit de 5 milliards de fcfa, en soutien au secteur hôtelier», a-t-il précisé.

Et le monde du tourisme d’applaudir et ses thuriféraires de vanter son réalisme politique et même sa « vision » (sic !)

La réciprocité des visas est une mesure de souveraineté.

La dignité nationale peut l’exiger à bon droit. Et les finances de l’Etat ne peuvent que s’en réjouir. C’est une obligation légale et règlementaire que tout législateur peut édicter pour défendre ses intérêts dans ses relations avec d’autres pays. Et l’Etat du Sénégal en a le droit si tant est qu’il respecte les règles minimales de concertation, d’élaboration minutieuse et d’organisation sans lesquelles toute politique aussi vertueuse soit- t-elle est vouée à l’échec.

Suspendue en 1996 par l’ancien Président Abdou Diouf et instrumentalisée maladroitement par Me Abdoulaye Wade en 2011 qui renoncera sous la pression du secteur touristique, la perception d’un visa pour tous les ressortissants de pays qui exigent des sénégalais un droit d’entrée, est un serpent de mer dont le dernier rebondissement est la suppression du 1 mai 2015.

Mis en œuvre du 1er juillet 2013 au 1 mai 2015, le visa de tourisme, qui vise quasi exclusivement les pays de l’Union européenne où de fortes communautés sénégalaises résident depuis plusieurs siècles, a toujours été l’objet d’une tension politico-sociale entre nationalisme cajoleur et amateurisme politique, administratif et financier indignes d’une grande nation comme le Sénégal.

Déjà en 2013, l’Etat sénégalais avait accompagné sa mise en place par une mesure discriminatoire qui en a révolté plus d’un. Sous prétexte que le secteur hôtelier a été pris par surprise et pour lui laisser le temps de se préparer, il a été décidé d’exonérer, pendant six mois, les tours opérateurs. Dédaignant l’apport des immigrés sénégalais, dont ceux qui n’avaient pu renouveler leurs pièces d’identité et celles de leurs familles (du fait de l’éloignement et des négligences des services consulaires), se sont retrouvés à devoir s’acquitter d’un visa pour rentrer dans leur pays. L’argument des rentrées de devises touristiques ne faisant pas le poids face à la manne financière que les immigrés font rentrer au Sénégal chaque année.

L’Etat doit des comptes au sénégalais.

Il serait trop facile et totalement inadmissible que les sénégalais passent par pertes et profits ces investissements. L’assemblée nationale devrait se saisir de l’évaluation de cette mesure et se poser les questions que nous sommes nombreux à nous poser.

Quel a été le véritable impact de l’instauration du visa ? Son coût réel ? Les conséquences de sa suppression sur le contrat avec la société SENDAI chargée de la mettre en œuvre ? Quel est le montant et l’attribution des recettes générées par ladite société ? Comment amortir les investissements consentis?

Le visa est aussi un instrument de sécurisation du territoire sénégalais

Et pour finir, le secteur touristique africain, du Nord au Sud, souffre de plusieurs facteurs aujourd’hui : la montée du terrorisme, la crise économique, le développement d’un tourisme intérieur compétitif, l’abandon et l’absence de maintenance des rares sites touristiques, l’insuffisante planification, l’érosion marine, les dangers épidémiologiques comme Ebola mais aussi l’instabilité politique génératrice d’insécurité dans plusieurs pays africains.

Il s’y ajoute que, au-delà des recettes financières nécessaires à l’autonomisation des services consulaires devenus boulimiques, dans le contexte de violence terroriste dans lequel l’Afrique se débat, l’exigence du visa permet un contrôle et une surveillance des mouvements bien indispensable.

Fragiliser davantage notre sécurité et nos valeurs en ouvrant à tout va l’entrée dans notre pays est un risque que ne valent pas les devises occidentales espérées.

 



6 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Avril, 2016 (17:10 PM)
    Karfa S. Diallo tu nous raconter du n´importe quoi! les visas etais une connerie est c´est seul foi que Macky a repris la raison...



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  2. Auteur

    Anonyme

    En Avril, 2016 (17:15 PM)
    Mr,

    libre a vous de parler en votre nom, mais le peuple sénégalais dont vous prétendez vouloir etre l'avocat est trés en phase avec son Président élu qui aprés évaluation et concertation a décidé de revenir sur cette décision...

    La critique devient facile de la bouche de prébendiers qui cherche vaille que vaille à se faire remarquer.

    2019 n'est plus tellement loin venez demander aux sénégalais leurs voix ( visiblement le Pr Sall n'est pas plus méritant que vous), le cas échéant vous aurez toute la latitude de montre vos talents de superman.

    Mais en attendant...arretez de nous emmerder.
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    Auteur

    Anonyme

    En Avril, 2016 (18:42 PM)
    Le sénégalais est vraiment horripilant. L'auteur de ce texte a le grand mérite de produire une réflexion sur un sujet important, mais il faut toujours un apériste à la con pour ramener le débat à la politique politicienne. Ce texte est au-dessus de la politique, on peut être pour Macky Sall et être en phase avec le point de vue défendu dans cet article.

    Perso, j'ai toujours été contre l'instauration du visa, à cause de l'argument touristique justement. Le peu de touristes qui venaient encore chez nous allait définitivement déchanter si on lui faisait subir nos habitudes sénégalaises pour demander un visa dans les consulats. Je ne pense pas non plus que le visa soit indispensable pour la sécurité, sinon à quoi sert toutes les prises d'empreintes, de photos et d'adresses locales qu'on nous fait subir à l'aéroport LSS.

    Ce projet de visa été condamné dès le début. Malheureusement nos députés sont trop occupés à faire du "Tesseunté" pour s'intéresser à la manne financière dépensée inutilement dans ce projet. En tout cas merci à l'auteur. C'est très appréciable de lire sur le Sénégal une telle réflexion.
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    Auteur

    Anonyme

    En Avril, 2016 (19:06 PM)
    croyez-vous sincèrement que les milliers de FCFA en papier qui ont été versés par les touristes, à l'aéroport à l'arrivée pour leur droit de visa allaient tous dans les poches de l'État??? si vous croyez que oui c'est que vous êtes plus que naïfs. beaucoup se sont sucrés et enrichis avec le visa....alors que sans visa, les touristes ont fait vivre plus d'une personne à travers les activités touristiques. le visa a pénalisé beaucoup de ces travailleurs et enrichi ceux-là même qui en ont plein les poches...

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    Auteur

    Anonymez

    En Avril, 2016 (19:13 PM)
    Il a parfaitement raison on ne comprend pas la suppression des visas.
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    Auteur

    Anonyme

    En Avril, 2016 (21:39 PM)
    Bien sur que l'Etat, Youssouf Ndour et tous ceux rpondront compteau peuple et paieront tout comme Karim Wade a du payer. Youssouf a l'epoque a fait des tas de dollars qu'il a partage avec les pontes mais ils iront a Rebeus aussi.



    Seulement Karfa Diallo, tu devrais t'occuper de ce qui se passe en Guinée Conakry que vous avez détruit vous les peuls Fouta, maintenant c'est au Sénégal que vous venez semer la zizanie et créer d'autres guerres. Non. Occupe-toi de tes oignons tanalanton pain thon.
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