‘Le Sénégal vit un phénomène très grave qui se trouve être le transfert de l’épidémie tabagique des pays les plus riches vers ceux plus pauvres’. Tel est le sentiment de Mamadou Ndaw, point focal du Programme de lutte contre le tabagisme au ministère de la Santé. Il présidait, à l’occasion, un atelier de partage et de validation du projet de loi portant modification de la législation antitabac au Sénégal. Lequel projet de loi se veut, selon lui, une réaffirmation de l’Etat sénégalais d’aller dans le sens de la mise en œuvre des dispositions de la loi-cadre de l’Organisation mondiale de la santé qu’il avait ratifiée. Selon M. Ndaw, cette modification est d’autant plus opportune que le constat est qu’il y a une très forte présence de l’industrie du tabac ainsi qu’une publicité et des activités de parrainage fortement orientées vers les principales cibles que sont les jeunes et les femmes. La conséquence en a été que le tabagisme progresse rapidement au Sénégal avec des taux de prévalence alarmants. ‘Pour les jeunes garçons allant de 13 à 15 ans, la prévalence tourne autour de 20 %, pour les jeunes filles de la même tranche d’âge, elle tourne autour de 10 %’, fait savoir Mamadou Ndaw qui est d’avis que c’est ce taux de prévalence qui conditionne l’option de l’Etat de développer des stratégies sexo-spécifiques. Car il est aujourd’hui évident que les femmes sont fort ciblées. D’où, poursuit-il, l’urgence de penser à doter le pays d’une loi assez forte, capable de faire face efficacement à l’évolution du tabagisme.
Pour le point focal du Programme de lutte contre le tabagisme, ce projet de loi trouve toute sa pertinence dans le fait que le tabac est aujourd’hui le seul produit légal de consommation dont l’usage, dans les conditions dites normales, tue. Car il est à l’origine de beaucoup de maladies, comme le cancer, les maladies cardiovasculaires ou respiratoires entre autres qui connaissent actuellement une explosion extraordinaire dans le pays. Pour dire que le tabac est devenu un fléau. Puisqu’au niveau mondial, les statistiques font état de cinq millions de morts par an dus au tabac. Ce qui en fait la première cause de décès évitable. Et poursuit M. Ndaw, si rien n’est fait, selon les projections de l’Organisation mondiale de la santé, à partir des années 2020, dix millions de morts seront enregistrés par an, dont 70 % dans les pays pauvres.
Pire, soutient le point focal du Programme de lutte contre le tabagisme, le tabac ne fait pas que tuer. Citant les institutions de Bretton Woods, il rappelle que le tabac fait subir à l’économie mondiale des pertes estimées à plus de 200 millions de dollars. Pertes en termes de prise en charge des malades victimes du tabagisme, en termes de morbidité et de mortalité, mais en termes d’externalité sur les grands agrégats macro-économiques comme les balances commerciales perpétuellement déficitaires. Tous éléments qui nous incitent à affirmer que le tabac est un véritable fléau contre lequel il urge de faire face. Et le projet de loi dont la validation par le Programme de lutte contre le tabagisme a réuni une quarantaine de participants au Centre de capacitation de Thiès, porte sur la réglementation de la production, de la commercialisation et de la consommation du tabac et de ses produits dérivés.
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