Le « Timo-Timo » ou le « Iyamb » est une fête exclusivement dédiée aux filles célibataires et sans enfant chez les Bediks. Cet héritage culturel a survécu au temps à Iwol, village juché sur une colline, à 485 mètres d’altitude, dans l’arrondissement de Bandafassi. La pratique connaît encore de beaux jours et mobilise, tous les deux ans, dans un intervalle de quatre ans, des centaines de filles. Chants, danses, rites traditionnels, en compagnie des masques « Doukouta », rythment cet évènement qui se tient sur quatre jours.
Début août, sur la route d’Iwol, par un temps pluvieux d’un ciel grisâtre qui a fini d’envelopper Kédougou et environs. Après 22 kilomètres de route parcourus à bord d’une moto, nous voilà au pied de la colline Iwol sur lequel est posé le village bedik du même nom, à 485 mètres d’altitude par où on accède par des sentiers accidentés. Au bout de trois minutes de marche, on transpire déjà à grosses gouttes. Alors que le chemin est encore long. En effet, il faut une demi-heure de marche, entrecoupée de pause d’une à deux minutes, pour enfin arriver au sommet de ce relief. Aller à la découverte du « Timo-Timo », fête réservée aux filles célibataires et sans enfant, demande un effort physique et mental.
À notre arrivée, au petit soir, alors que le soleil se dirigeait vers le couchant, facile à observer à cet endroit, nous retrouvons le groupe de jeunes filles se dirigeant vers l’ultime étape de la cérémonie. Sous un grand arbre, dernière ligne de démarcation entre les filles et la foule, elles dansent et chantent avec des porteurs de masques traditionnels. Des chansons qui disent : « je n’ai qu’à danser puisque l’année prochaine je ne sais pas si je serai encore là ». Nul ne peut aller au-delà de ce point. Ni les femmes, encore moins les hommes, à l’exception des filles et des gens masqués ainsi que le chef coutumier ou son représentant chargé de faire la traduction entre les filles et les masques qui ont un langage différent de la langue locale. Un langage que seuls les initiés sont capables de comprendre et de traduire. La fête concerne uniquement les filles célibataires et sans enfant d’un certain âge. Tout un mystère, un secret tourne autour de cette fête. « C’est une cérémonie qui s’appelle « Iyamb » ou « Timo-Timo » et qui se déroule pendant l’hivernage. Elle se passe pendant deux années successives avant une pause de deux ans. Par exemple, si on la tient cette année et l’année prochaine, il faudra attendre deux ans de plus pour la tenir à nouveau pendant deux ans de suite, et ainsi de suite. Seules les jeunes filles de trois ans à 20 ans environs, célibataires et sans enfant, sont autorisées à y participer. On interdit aux femmes enceintes d’y participer parce qu’on ne sait pas quel enfant elle porte. Imaginez si c’est un garçon qu’elle porte, par exemple, alors que c’est une danse interdite aux hommes et qui concerne uniquement les jeunes filles ! », explique Jean Baptiste Keïta, chargé de l’organisation. En clair, ce sont les hommes qui organisent la fête même s’ils n’y prennent jamais part, si ce n’est y assister à l’image des autres visiteurs et invités.
Au milieu du village, une case érigée sert uniquement à l’occasion de cette fête. N’y entrent que les filles concernées par le rite du « Timo-Timo ». Mais encore, faut-il qu’elles s’habillent ou se voilent en blanc avant d’accéder à la case ou est aussi conservée la bière destinée aux personnes qui désirent boire. L’évènement est un grand moment de retrouvailles et de festivités.
Chants, danses, corvées et pratiques secrètes
« C’est une fête qui commence un lundi à partir d’un endroit secret connu seulement des filles, du chef coutumier et des masques. À leur retour de cet endroit, les filles et les femmes dansent et chantent sous le gros baobab du village. Le mardi, toute la journée, c’est uniquement les jeunes filles qui dansent. Le mercredi, on fait une corvée au champ du chef de village. Le jeudi, c’est la fête « gninguinata » qui signifie la clôture de la fête en Bedik », détaille Jean Baptiste Keïta.
Le jeudi, jour de notre arrivée, coïncidait donc avec la dernière étape du Timo-Timo. L’ambiance est à son maximum. Depuis le matin, les filles dansent sur la place publique avec grande ferveur. Pour la quatrième et dernière étape, seules les filles de plus de 10 ans chantent et dansent. Une tradition bien ancrée chez les Bedik et qu’ils perpétuent depuis toujours. « Ces filles sont issues de différents villages et elles sont des centaines. Ce sont des fêtes de jouissances aussi. Les seuls masques qui sont autorisés à sortir à cette occasion sont appelés ‘’Doukouta’’ », fait comprendre Jean Michel Karfa Keïta, membre du comité d’organisation.
Avec des tresses entrelacées de perles, les filles en mini-pagnes et des perles autour des hanches, dansent et chantent avec les masques. Les femmes quant à elles sont chargées de tresser, d’accompagner et d’orienter les filles. Elles chantent aussi à certaines étapes avec elles. Hélène Camara, habitante du village, a vu sa jeune fille y prendre part. Elle revient sur les préparatifs. « À l’approche de la fête, les femmes cherchent de l’argent de gauche à droite pour payer les accessoires à leurs filles et pour pouvoir les tresser, car ce n’est pas chaque femme qui sait faire les tresses dédiées à la cérémonie. Tous les villages environnants viennent à Iwol pour y assister. Les invités arrivent la veille, le dimanche », confie-t-elle. Et Hélène se réjouit d’avoir vu sa fille participer à cet évènement. « Nous sommes très satisfaits de voir nos filles participer à cette fête. Nous sommes parfois soucieuses de ne pas voir nos filles bien terminer la fête. Nous laissons aussi nos champs pendant cinq jours pour l’organisation de cette fête. Notre rôle, c’est de puiser de l’eau, préparer pour nos familles, faire leur linge et les surveiller », renchérit-elle. Cette fête, Hélène la connait très bien. « Depuis 30 ans, je participe à l’organisation de cette fête. Il y a un peu de changement. Maintenant, avec la modernité, il y a une évolution dans l’habillement par exemple », souligne-t-elle.
Au crépuscule, les jeunes filles, en file indienne, regagnent le village après l’ultime étape où on les avait perdues de vue. De là où elles étaient, elles seules savent ce qui s’y est passé. Pour conclure le « Timo-Timo », elles chantent et dansent à nouveau sur la place publique avant de se disperser, en gardant, chacune, le secret de leur ultime étape en mémoire et pour toujours. C’est la condition pour participer au prochain « Timo-Timo », du moins pour celles qui seront toujours célibataires et sans enfant.
Début août, sur la route d’Iwol, par un temps pluvieux d’un ciel grisâtre qui a fini d’envelopper Kédougou et environs. Après 22 kilomètres de route parcourus à bord d’une moto, nous voilà au pied de la colline Iwol sur lequel est posé le village bedik du même nom, à 485 mètres d’altitude par où on accède par des sentiers accidentés. Au bout de trois minutes de marche, on transpire déjà à grosses gouttes. Alors que le chemin est encore long. En effet, il faut une demi-heure de marche, entrecoupée de pause d’une à deux minutes, pour enfin arriver au sommet de ce relief. Aller à la découverte du « Timo-Timo », fête réservée aux filles célibataires et sans enfant, demande un effort physique et mental.
À notre arrivée, au petit soir, alors que le soleil se dirigeait vers le couchant, facile à observer à cet endroit, nous retrouvons le groupe de jeunes filles se dirigeant vers l’ultime étape de la cérémonie. Sous un grand arbre, dernière ligne de démarcation entre les filles et la foule, elles dansent et chantent avec des porteurs de masques traditionnels. Des chansons qui disent : « je n’ai qu’à danser puisque l’année prochaine je ne sais pas si je serai encore là ». Nul ne peut aller au-delà de ce point. Ni les femmes, encore moins les hommes, à l’exception des filles et des gens masqués ainsi que le chef coutumier ou son représentant chargé de faire la traduction entre les filles et les masques qui ont un langage différent de la langue locale. Un langage que seuls les initiés sont capables de comprendre et de traduire. La fête concerne uniquement les filles célibataires et sans enfant d’un certain âge. Tout un mystère, un secret tourne autour de cette fête. « C’est une cérémonie qui s’appelle « Iyamb » ou « Timo-Timo » et qui se déroule pendant l’hivernage. Elle se passe pendant deux années successives avant une pause de deux ans. Par exemple, si on la tient cette année et l’année prochaine, il faudra attendre deux ans de plus pour la tenir à nouveau pendant deux ans de suite, et ainsi de suite. Seules les jeunes filles de trois ans à 20 ans environs, célibataires et sans enfant, sont autorisées à y participer. On interdit aux femmes enceintes d’y participer parce qu’on ne sait pas quel enfant elle porte. Imaginez si c’est un garçon qu’elle porte, par exemple, alors que c’est une danse interdite aux hommes et qui concerne uniquement les jeunes filles ! », explique Jean Baptiste Keïta, chargé de l’organisation. En clair, ce sont les hommes qui organisent la fête même s’ils n’y prennent jamais part, si ce n’est y assister à l’image des autres visiteurs et invités.
Au milieu du village, une case érigée sert uniquement à l’occasion de cette fête. N’y entrent que les filles concernées par le rite du « Timo-Timo ». Mais encore, faut-il qu’elles s’habillent ou se voilent en blanc avant d’accéder à la case ou est aussi conservée la bière destinée aux personnes qui désirent boire. L’évènement est un grand moment de retrouvailles et de festivités.
Chants, danses, corvées et pratiques secrètes
« C’est une fête qui commence un lundi à partir d’un endroit secret connu seulement des filles, du chef coutumier et des masques. À leur retour de cet endroit, les filles et les femmes dansent et chantent sous le gros baobab du village. Le mardi, toute la journée, c’est uniquement les jeunes filles qui dansent. Le mercredi, on fait une corvée au champ du chef de village. Le jeudi, c’est la fête « gninguinata » qui signifie la clôture de la fête en Bedik », détaille Jean Baptiste Keïta.
Le jeudi, jour de notre arrivée, coïncidait donc avec la dernière étape du Timo-Timo. L’ambiance est à son maximum. Depuis le matin, les filles dansent sur la place publique avec grande ferveur. Pour la quatrième et dernière étape, seules les filles de plus de 10 ans chantent et dansent. Une tradition bien ancrée chez les Bedik et qu’ils perpétuent depuis toujours. « Ces filles sont issues de différents villages et elles sont des centaines. Ce sont des fêtes de jouissances aussi. Les seuls masques qui sont autorisés à sortir à cette occasion sont appelés ‘’Doukouta’’ », fait comprendre Jean Michel Karfa Keïta, membre du comité d’organisation.
Avec des tresses entrelacées de perles, les filles en mini-pagnes et des perles autour des hanches, dansent et chantent avec les masques. Les femmes quant à elles sont chargées de tresser, d’accompagner et d’orienter les filles. Elles chantent aussi à certaines étapes avec elles. Hélène Camara, habitante du village, a vu sa jeune fille y prendre part. Elle revient sur les préparatifs. « À l’approche de la fête, les femmes cherchent de l’argent de gauche à droite pour payer les accessoires à leurs filles et pour pouvoir les tresser, car ce n’est pas chaque femme qui sait faire les tresses dédiées à la cérémonie. Tous les villages environnants viennent à Iwol pour y assister. Les invités arrivent la veille, le dimanche », confie-t-elle. Et Hélène se réjouit d’avoir vu sa fille participer à cet évènement. « Nous sommes très satisfaits de voir nos filles participer à cette fête. Nous sommes parfois soucieuses de ne pas voir nos filles bien terminer la fête. Nous laissons aussi nos champs pendant cinq jours pour l’organisation de cette fête. Notre rôle, c’est de puiser de l’eau, préparer pour nos familles, faire leur linge et les surveiller », renchérit-elle. Cette fête, Hélène la connait très bien. « Depuis 30 ans, je participe à l’organisation de cette fête. Il y a un peu de changement. Maintenant, avec la modernité, il y a une évolution dans l’habillement par exemple », souligne-t-elle.
Au crépuscule, les jeunes filles, en file indienne, regagnent le village après l’ultime étape où on les avait perdues de vue. De là où elles étaient, elles seules savent ce qui s’y est passé. Pour conclure le « Timo-Timo », elles chantent et dansent à nouveau sur la place publique avant de se disperser, en gardant, chacune, le secret de leur ultime étape en mémoire et pour toujours. C’est la condition pour participer au prochain « Timo-Timo », du moins pour celles qui seront toujours célibataires et sans enfant.
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