La traite des personnes constitue l’une des activités économiques les plus lucratives à côté des trafics illicites de la drogue et des armes. Une étude menée par l'organisation non gouvernementale Enda Tier-monde affirmait en 2008 que le Sénégal comptait plus de 100. 000 enfants impliqués dans la mendicité. En effet, plus de 90 % de ce nombre étaient des talibés. Il faut noter que l’étude révélait en même temps que l’exploitation de cette mendicité correspondait à un chiffre d'affaires générant 2,5 milliards CFA par an. Le plus du tiers de cet argent est reversé aux supposés marabouts ou hauts exploitants. De 2008 à aujourd’hui, la situation aurait évolué selon Aminata Kébé, au nom du représentant régional pour l'Afrique de l'Ouest et au Commissariat des Nations Unies dans le cadre d’un atelier de formation des professionnels de la communication sur la traite des personnes. Ladite rencontre est organisée par la cellule nationale de lutte contre la traite des personnes (CNLTP). En effet, renseigne-t-elle : « une cartographie des DARA effectuée en 2014 par la cellule de lutte contre la traite des personnes, a recensé plus de 1 000 DARAS et 50 000 talibés, c'est bien ça, dans la seule région de Dakar, dont plus de 30. 000 étaient soumis quotidiennement à la mendicité forcée ». Et pourtant l’Etat du Sénégal a ratifié le 19 septembre 2003 en vertu de la loi spécifique numéro 2003(17 du 18 juillet 2003, la convention des nations unies contre la criminalité transnationale et le protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes en particulier les femmes et les enfants. « Les enfants continuent d’être exploités par le biais de la mendicité,le travail domestique et sous d’autres formes d’activités ».
Par ailleurs, elle souligne que « la violation des droits des enfants dans notre région concerne encore tous les domaines la malnutrition, la pauvreté, l'accès à la santé, à l'éducation, les exploitations sexuelles et les pires formes de violence, la traite et le travail d'enfants ». En outre, Mme Kébé explique que : « Malgré les efforts fournis par nos États, la situation persiste. Dans la rue, dans les zones de transit et les zones d'exploitation minières, on assiste au quotidien à la violation des droits de l'enfant à travers la traite et ses conséquences en termes d'abus, de maltraitance, de violation et de privation de leurs droits fondamentaux dont le droit à l'éducation, le droit à la santé ». Elle invite d’ailleurs les médias à jouer davantage un rôle important dans l'information du public sur les problématiques de protection de l'enfant contre les dangers, comme celui de la traite, et adopter une approche pédagogique pour attirer l'attention sur le statut des enfants, leurs droits et sur les dispositifs de protection, les conséquences liées à la traite et le trafic, et tout ceci sans les exposer. « Il s’agit de faire de sorte que dans le traitement médiatique sur les situations impliquant les enfants qu’il y ait une grande vigilance, mais surtout une certaine aptitude pour éviter des impacts négatifs sur l'enfant et son entourage, et tout ceci ne va pas nécessairement de soi, il faut être formé pour bien effectuer le travail ».
Dans le même sillage, le secrétaire permanent de la cellule Mody Ndiaye, mentionne qu’aucun pays, aucune région n'échappe, ne fait exception à ces formes de criminalité qui gangrènent les États. « La grande difficulté et le grand défi pour la plupart des acteurs, c'est d'identifier la traite des personnes. Elle se déroule, elle a des conséquences dramatiques, et l'identification, la poursuite, la répression est encore insuffisante » dit le secrétaire permanent du CNLPT. Qui ajoute que dans le cadre de la lutte contre la traite, les médias ont un rôle à jouer en matière de prévention, protection des victimes, poursuite des auteurs, entre autres.
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