l y a de ces passions où il est difficile de mettre des mots. Ils ne suffisent pas pour décrire avec certitude l’amour de Rokhaya Faye pour l’aviation. Son but : devenir la première pilote noire de la compagnie nationale.
Le climat est frisquet en ce début de weekend à l’aéroclub Iba Gueye de Dakar. Un vent frais soulève un peu de poussière. Au niveau du tarmac de cette école de pilotage, les avions campent déjà le décor. Rokhaya Faye, élève-pilote, se prépare à faire son exercice de vol. Avant un petit tour dans les airs, elle garde les pieds sur terre et procède au prévol. La trentenaire, devenue une habituée, procède à des vérifications avant le décollage.
L’élève-pilote a déjà en tête l’exercice à préparer pour le vol. Cette dernière est venue 30 minutes à l’avance. Ce temps est pour faire un briefing et discuter d’abord avec son encadreur afin de savoir ce qu’elle doit faire lors de l’exercice pratique. Elle part ensuite préparer son avion. Ici, pas de casquette de pilote, encore moins de tenue de pilote. Le style de Rokhaya Faye est décontracté. Habillée en ensemble veste et pantalon, jean de couleur bleu de nuit, la femme de teint clair et de petite taille fait quelques ajustements.
Parée au décollage, elle s’aligne sur la piste avec son encadreur à ses côtés et c’est parti pour un tour dans les airs !
De l’amour dans l’air
Piloter un avion est loin d’être une banalité pour la femme de 33 ans. A chaque exercice de pilotage, dans les airs, elle a l’impression de toucher sa passion du bout des doigts. Cette amatrice de sensations fortes rêve grand et le ciel est la seule limite à ses ambitions. « Je veux être l’ambassadrice des dames dans le secteur et prouver que c’est bien possible», affirme Cpt Faye avec conviction. Elle veut montrer que cette profession n’est pas l’apanage des hommes. «Il y a peu de femmes dans ce domaine», déplore-t-elle. Rokhaya Faye veut relever le défi d’être la première pilote civile au Sénégal et travailler dans la compagnie nationale, Air Sénégal. Pour l’heure, elle veut finir la première phase qu’est la Licence en Pilote Privée (PPL) et vivre de sa passion.
«J’ai embrassé ma passion qu’est de piloter des avions», confie-t-elle. Les avions ont toujours fasciné la titulaire d’une licence professionnelle en tourisme et technologie hôtelière. Ces appareils font planer l’apprentie pilote dans un monde rempli de mystères et qui fait rêver. Rokhaya Faye avoue donc travailler chaque jour pour réaliser ce rêve. «C’était vraiment une curiosité et cela m’a aussi motivé à me lancer dans ce milieu», déclare-t-elle avec émotion. Mais son amour et sa motivation ne vont pas suffire à réaliser ce rêve. Elle doit faire face à un père peu convaincu. «A mes débuts, c’était difficile de lui faire accepter mon amour pour cette profession», se souvient-elle. L’élève-pilote a dû lui en parler à cinq reprises pour avoir son autorisation car il a un côté protecteur. «Il se faisait beaucoup d’idées par rapport aux crashs», dit-elle sous le ton de la confidence. Aujourd’hui, c’est sereinement que la jeune femme poursuit ses rêves sous le contrôle de son superviseur.
La première de la classe veut piloter en première classe
Rokhaya Faye suit avec intérêt les remarques de son encadreur après l’exercice de vol. En passionnée, elle écoute religieusement et prend des notes. Cette dernière reste attentive en bonne première de la classe. «J’étais toujours parmi les premières de la classe», avoue-t-elle. Cette abnégation dans les études n’a jamais quitté la trentenaire. C’est avec brio qu’elle obtient sa licence pro en tourisme et technologie hôtelière. La future pilote ne veut surtout pas s’arrêter à cela et suit une formation de deux ans pour obtenir la licence pro et devenir pilote. Il faut faire 60h de vol et après passage des examens théoriques et pratiques pour pouvoir décrocher ce sésame.
Cependant l’élève-pilote a beaucoup gagné en expériences depuis son entrée dans ce milieu. Elle a obtenu le Cerfification of Achievement Aldi Fellowship program training ainsi qu’une attestation en technique de vente. Fort de cette expérience, l’apprentie effectue un stage au ministère du tourisme et des loisirs ainsi qu’à l’agence de voyage SDV voyage et à la compagnie Mediasworks Sarl en tant qu’assistante de direction.
Elle fait un stage à l’institut Mozdahir, puis prend la direction de l’entreprise Mayou Voyage en tant que stagiaire d’abord avant d’être recrutée par la compagnie du même nom.
La passionnée a également travaillé en tant qu’agent de voyage au niveau de la multinationale Bolloré Logistics.
L’obtention de sa licence pro et voir son rêve devenir pilote sont les défis à réaliser pour couronner ces expériences. Pour cela, la trentenaire affirme pouvoir compter sur son encadreur afin d’atteindre ses objectifs. Elle le décrit comme quelqu’un de très patient. Benoit Selle, instructeur à l’aéroclub Iba Gueye, relève de nombreuses qualités chez Rokhaya Faye. Il apprécie particulièrement le côté déterminé de la future pilote. «Je souhaite qu’elle atteigne ses objectifs», a formulé M. Selle. Celui de devenir pilote de la compagnie nationale figure en bonne position pour voler vers l’infini et au-delà.
2 Commentaires
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En Mars, 2023 (13:37 PM)Yakhouba Fall
En Mars, 2023 (15:54 PM)D'autres sénégalais aussi l'ont été à l'étranger aux USA par exemple où ils ont été des pilotes confirmés, chevronnés. Au moment de lancer Air Sénégal International International (ASI) deux ou trois servant en Amérique avaient été démarchés par nos autorités de l'époque qui ont répondu présent à l'appel de la patrie renonçant à d'importants priviléges.
À la faillite d'ASI (Air Sénégal International), les quelques rares pilotes que nous avions (6), tous des sénégalais, sont allés monayés leur talent dans le golfe où le transport aérien connaît un grand et réel essor qui avait été, c'est vrai, freiné par la Covid.
Sinon d'une manière générale, le métier de pilotes ne passionnent pas vraiment les sénégalais.es. Tel ne l'est pas pour des pays comme le Congo Brazza, le Bénin, le Togo et la Côte d'Ivoire où il est très populaire, connu et passionne vraiment les jeunes. Ce sont les ressortissants de ces pays que l'on retrouvait le plus pilotant les avions d'Air Afrique, en sus de quelques mauritaniens et au poste de commandant sur des DC 10 et A 300, A 310. Les rares autres sénégalais jouaient les "utilités" dans cette compagnie sinon étaient des cadres administratifs importants ou chefs d'escale et on trouvait aussi plusieurs hôtesses.
Mais j'ai eu, en 2005, la chance de voyager dans un vol d'Air Afrique, une "côtière", un Airbus A 310, qui reliait la ville d'Abidjan à Dakar (avant de finir à New-York). Tout l'équipage naviguant ce jour était sénégalais. Le commandant de bord était Doucouré un sénégalais, son copilote était Sène, un frère à Pape Diambé Sène ancien député. Tous deux étaient d'excellents pilotes et très expérimentés. Il avait beaucoup plu cette nuit sur le nord de la Côte d'Ivoire et sur la Guinée-Conakry que nous avons survolées.
Les sénégalaises ont (pourquoi pas) leur place dans ce métier. Elles doivent saisir leur chance. Il faut juste les défier. Elles ont l'intelligence, la force et le courage et n'ont rien à envier aux hommes.
Ce que KQ et ET ont réussi en formant des pilotes qui prennent les commandes de "Dreamliner" (Boeing 787) ou de Boeing 777 et 737-800 sur long et moyen courrier (continental et transatlantique), nous pouvons le réussir ici au Sénégal.
Encourageons-les franchement.
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