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Visite technique : Pourquoi le calvaire des automobilistes persiste

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Visite technique : Pourquoi le calvaire des automobilistes persiste
C’est la ruée au centre de contrôle technique des véhicules automobiles de Hann. Ce, malgré la prorogation de la période de validité du contrôle technique jusqu’au 31 mars 2021 du fait de la réduction des heures de service du centre en question, motivée par la pandémie à Covid-19.

De longues files de véhicules jalonnent le parcours, aggravant les embouteillages, surtout avec le couvre-feu de 21 à 05 heures du matin.

Moussa Ndiaye, automobiliste, venu de Guédiawaye, attend son rendez-vous fixé ce lundi, 1 février, à midi. A 14 heures passées, il devra encore patienter. La file de véhicules est encore longue jusqu’au centre de contrôle technique. Malgré la situation, il est plutôt optimiste. Car nous dit : "D’habitude la file est beaucoup plus longue, elle peut aller jusqu’à hauteur de Colobane. Donc, je suis plutôt optimiste car j’ai connu pire."

« C’EST COMPLIQUÉ »

Comme solution, le conducteur préconise de remettre en service le centre de Mbao, en banlieue dakaroise, qui était réservé aux véhicules de transport en commun. Et laisser les particuliers, à Hann. "Je pense que c’est une des meilleures solutions. Si elle est mise en œuvre, ce sera beaucoup plus fluide ici surtout avec le couvre-feu qu’on a instauré. Si ce n’est pas possible pour moi aujourd’hui, je serai obligé de revenir demain et attendre mon tour. Parce qu’il me faut la visite technique. Toute la file que vous voyez concerne ceux qui ont pris rendez-vous ce lundi 1 février. " Une chose est sûre, râle-t-il, cette situation ne peut pas perdurer. D’autant plus qu’elle occasionne une perte de temps, occasionnant des pertes énormes. Ousseynou Diouf, taximan, ne dit pas le contraire.

« LE PROBLÈME, C’EST LA FIXATION DES RV »

"Je conduis depuis 1988 et c’est la première fois que je rencontre autant de difficultés pour la visite technique, se lamente-t-il. Pour moi, la cause, c’est la prise de rendez-vous. C’est vraiment dur pour quelqu’un comme moi qui cherche la dépense quotidienne avec son taxi. Pour qu’il décroche d’abord, c’est tout un problème. Dès fois, je perds entre 2 500 ou 3000 F CFA rien qu’en crédit alors que personne ne décroche. S’ils répondent à l’appel, la fixation des rendez-vous pose également problème. D’où cette longue file d’attente. On m’avait convoqué pour le 1 décembre jusqu’au 1 février aujourd’hui, je n’ai toujours pas passé la visite technique. J’ai dû garer mon véhicule en raison d’un problème de moteur. Mais, après pour fixer un autre rendez-vous, j’ai eu toutes les difficultés du monde. J’ai dû emprunter du crédit."

De son côté, il prône l’augmentation des centres de visite technique et la façon de fixer les rendez-vous. "Entre temps, mes recettes, je les dépense en contraventions pour défaut de visite technique parce que le prochain rendez-vous est éloigné du précédent. Si ta visite technique est finie, tu peux attendre un mois derrière. C’est trop."

Moïse Lamine Thiam, un autre conducteur, a quitté Rufisque à l’aube, pour un rendez-vous fixé à 15 heures 30 minutes. Prudence est mère de sûreté, dit-on. Il le confirme. "Je suis là depuis 09 heures, ce matin. J’ai estimé nécessaire de venir le plus tôt possible", confie-il.

Pourtant, à près de 15 heures, il est encore très éloigné dans la file, n’apercevant même pas encore le centre en question. "C’est compliqué.", reconnait-il, recommandant dans le futur "de prendre par série de 100 véhicules, par jour, pour une meilleure diligence."

A l’en croire, dans la longue file d’attente tout peut arriver, entre "agressions" et des "propositions de contournement de la file moyennant de l’argent". "On vient de me proposer de contourner la file en payant. Ce que j’ai refusé de faire. Je ne trempe pas dans les trucs louches parce que ce n’est pas sûr. Je suis sûr que d’autres vont accepter, n’en pouvant plus du temps d’attente. Il est temps qu’on revoit les choses. D’autant plus qu’on est garé à hauteur de la cité Imbécile où des agresseurs peuvent surgir à tout moment et nous menacer."

POURQUOI C’EST LONG ?

Ngouda Sall, responsable administratif d’Africa plaque, société oeuvrant dans la conception des nouvelles plaques et cartes grises biométriques, après les immatriculations de véhicules, en collaboration avec la Direction des transports terrestres, impute la responsabilité des difficultés rencontrées à la pandémie à Covid-19.

"C’est long à cause principalement du coronavirus, dit-il. Depuis mars 2019, pour des mesures de prudence, les autorités ont trouvé nécessaire d’élargir les rendez-vous pour ne pas créer par exemple d’embouteillages et de rassemblements, ainsi de suite. C’est la raison de ce chamboulement. C’est lent aussi parce qu’il une pléthore de véhicules. Si vous passez par le guichet de l’immatriculation, par exemple, vous verrez qu’il y a au moins 100 à 200 véhicules immatriculés par jour. Et donc le parc automobile sénégalais se densifie de jour en jour. Par exemple, il fallait un deuxième voire même un troisième centre. C’est ce qui crée ces embouteillages-là et ces lenteurs."

« AVOIR UN OU DEUX AUTRES CENTRES TECHNIQUES »

S’agissant de l’arrestation des agents du contrôle technique qui ont été finalement libérés faute de preuves, il pointe du doigt les usagers. Qui, accuse-t-il, "viennent pour trouver des solutions faute de rendez-vous sur le serveur. Les automobilistes font la ruée sur place pour essayer de trouver un rendez-vous. Là, tout est contrôlé et les véhicules sont acceptés sur rendez-vous."

Pour les rendez-vous, "il y a peut-être 200 voire 300, par jour", estime-t-il.

Poursuivant, Sall ajoute : "Il y a beaucoup de choses à parfaire. L’État devrait faire un petit effort pour avoir un autre centre ou deux autres centres. Parce que, Dakar concentre presque 70 à 80% du parc automobile national. Il faudrait rouvrir le centre de Mbao pour désengorger Dakar. Pourquoi ne pas mettre un centre ou deux à Diamniadio. Par exemple, un véhicule DK qui quitte Koungheul, pour passer le contrôle technique à Dakar, si on déconcentre à Diamniadio mais ça ferait l’affaire des populations".

Dans tous les cas, le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. Les vendeurs de pièces détachées trouvent leurs comptes dans ces longues files de véhicules, qui constituent une aubaine, pour eux.


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