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Un scandale d’une rare gravité est sur le point d'éclabousser le football camerounais. Éric Parfait Djomeni, gardien de Victoria United/Opopo, a porté plainte contre le président du club Valentine Nkwain, pour arrestation, séquestration et torture. Cette affaire, qui met en lumière des pratiques inacceptables, risque de provoquer un séisme, d’autant plus que Nkwain est un proche de Samuel Eto’o, président de la Fecafoot.
“Ça fait trois nuits que je dors chez lui“
Alors que le club de Limbé, champion du Cameroun en 2024, traverse une saison difficile en MTN Elite One, le jeune gardien aurait été accusé d’avoir “vendu des matchs”, ce qui aurait motivé son enlèvement et les violences qu’il a subies.
Alors que des rumeurs de séquestration circulaient déjà, une première vidéo du joueur a été publiée mardi matin par la chaîne du club, dans laquelle il les niait aux côtés de ses coéquipiers : « Je ne suis pas séquestré ! Tout ce qui se dit sur les réseaux n’est pas vrai. »
Mais l'authenticité de cette déclaration, qui semblait vouloir clore le débat sur fond d'intimidations, a rapidement été mise en doute par un appel enregistré dans lequel Djomeni, visiblement en détresse, se confiait à un proche, qui a publié la vidéo : « Ça fait déjà trois nuits que je suis gardé chez lui.» Et lorsque son interlocuteur lui demande qui l’a frappé, il répond, inquiet : « Je ne suis pas en sécurité pour en parler. »
Face à ces révélations, la défense du club s’est effondrée. Ce qui apparaissait comme une simple rumeur s’est confirmé : le joueur de 19 ans a bel et bien été victime de maltraitance.
Une plainte officielle déposée
Le club continue de nier les accusations, mais la plainte déposée et les témoignages du joueur et de sa mère ne laissent plus de place au doute. Et des conséquences devraient bientôt suivre.
Le cabinet d’avocats Djemeni & Partners a saisi la justice en portant plainte contre Valentine Nkwain pour séquestration et torture. Le SYNAFOC (Syndicat national des footballeurs camerounais) a, lui aussi, dénoncé cette situation avec fermeté et ne compte pas en rester là.
«Prenant connaissance de la gravité des faits qui lui ont été relatés et qui prennent le contre-pied de la mise en scène grossière faite ce jour par le club incriminé, le SYNAFOC s'indigne de ce que de telles pratiques dégradantes et inhumaines puissent encore avoir cours en toute impunité sur notre sol. (…) Ces pratiques, qualifiées en droit pénal de tortures, sont prévues et réprimées par les articles 74 et 132 bis du Code pénal camerounais. Elles sont inacceptables et ne peuvent rester impunies », dénonce le syndicat de footballeurs.
Un scandale au sommet du football camerounais
Cette affaire éclate dans un contexte explosif où le football camerounais est déjà en proie à d’innombrables polémiques. Mais celle-ci est, indéniablement, la plus grave.
Depuis son élection à la tête de la Fecafoot, Samuel Eto’o est au cœur de plusieurs controverses, notamment sur sa gestion du football local et ses relations avec certains dirigeants de club. Le fait que Valentine Nkwain, un ami et soutien de Samuel Eto’o, soit impliqué dans une affaire aussi grave, ajoute une nouvelle couche à la crise profonde qui secoue la fédération camerounaise.
La réaction du patron de la Fecafoot sera donc très attendue. Cette affaire ne fait que commencer, mais elle pourrait bien déclencher un séisme dans les hautes sphères du football camerounais.
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