À l'image de l'Olympique Lyonnais, le SC Amiens a du mal à avaler la pilule, après l'arrêt prématuré de la saison de Ligue 1 en raison du Covid-19. Et pour cause, puisque le club picard a été officiellement relégué à l'échelon inférieur.
Il s'agit à n'en pas douter de l'une des principales victimes de l'arrêt prématuré de la Ligue 1. Le club d'Amiens, relégué administrativement en Ligue 2 après l'officialisation de la fin de saison en raison de la pandémie de Covid-19, assure vouloir se battre jusqu'au bout et vendre chèrement sa peau.
Dix-neuvième et avant-dernière de Ligue 1 au moment de la décision de la Ligue (LFP) de figer le classement à dix journées de la fin, l'équipe picarde a été reléguée sur tapis vert, au même titre que Toulouse (20e), sans pouvoir défendre sur le terrain ses chances de maintien. D'où une mobilisation du club et des responsables politiques locaux face à une décision jugée "injuste".
"On nous contraint à nous battre, à aller en justice contre cette décision inique. Je pense qu'il est temps que l'humanisme et la justice l'emportent sur tout autre intérêt", a asséné le président amiénois, Bernard Joannin, mardi 15 mai, lors d'une conférence de presse organisée au stade de la Licorne.
Plus d'un quart de saison à jouer
Présent à ses côtés, l'avocat de l'ASC a détaillé le plan de bataille judiciaire du club. "Deux requêtes, une au fond et une en référé-suspension, ont été déposées hier (lundi) au tribunal administratif de Paris", a annoncé Me Christophe Bertrand.
"Peut-il y avoir des relégations alors que la compétition n'est pas terminée ? Il restait 26 % de la saison à jouer, c'est comme si on arrêtait un match à la 66e minute... Est-il juste et fondé de déclarer une équipe perdante avant la fin du match ? La réponse juridique, c'est non", a expliqué le conseil.
L'Amiens SC, qui vivait sa troisième saison consécutive dans l'élite, était certes mal classé au moment de l'interruption du championnat mi-mars. Le club picard comptait 23 points, soit quatre de moins que Nîmes (18e, 27 pts) avec 30 points restant à distribuer si les dix journées restantes avaient pu être disputées.
Une Ligue 1 à 22 clubs ?
"Cette décision a été prise dans la précipitation, sans réelle concertation. Regardez les autres sports : le rugby, le handball, le basket, ils n'ont procédé à aucune relégation", a martelé M. Joannin, plaidant pour des "alternatives".
L'une d'entre elles serait une Ligue 1 à 22 clubs l'an prochain, incluant les deux premiers de Ligue 2 (Lorient et Lens), autorisés à monter, et repêchant les deux derniers de Ligue 1.
Amiens, qui a lancé une pétition signée par près de 18 000 personnes, a reçu des soutiens de poids dans le football français, comme Laurent Blanc, Gérard Houllier, Jean-Michel Larqué, Antoine Kombouaré ou encore Luis Fernandez.
"Si notre combat n'était pas juste, ces soutiens ne seraient pas venus", a souligné le président amiénois.
La communauté d'agglomération d'Amiens a également fait savoir qu'elle allait se joindre à la bataille judiciaire.
Un préjudice sportif et économique
"Nous avons fait appel à un cabinet d'avocats qui est habilité à plaider devant le Conseil d'État. Je dois m'entretenir avec eux", a déclaré à l'AFP Alain Gest, le président d'Amiens Métropole. "Cela ne préjuge pas encore de ce que nous allons choisir, aller soit devant le Conseil d'État, soit devant le tribunal administratif."
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Pour l'instant, l'ASC ne compte pas demander de compensation financière, mais simplement faire annuler sa relégation.
"Le foot n'est pas pour nous une question d'argent", a affirmé M. Joannin, qui chiffre néanmoins de "40 à 50 millions d'euros" le préjudice causé par cette rétrogradation.
Et les joueurs amiénois, dans tout ça ? Comment vivent-ils cette situation incertaine ? "Après le choc de la décision s'est installée une incertitude, une peur. Ce sont certainement eux qui sont les plus marqués et touchés en termes émotionnels", a dit à l'AFP Luka Elsner, l'entraîneur de l'ASC.
"Aucun joueur n'a fait la demande de partir. On va se battre jusqu'à la dernière journée, sur un terrain qui est le tribunal, a martelé le directeur sportif, John Williams. Tant que le soldat amiénois n'est pas mort, personne ne va danser sur notre tombe."
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