
DEUX CONGOLAIS ARRÊTES AVEC DES PASSEPORTS DIPLOMATIQUES CONGOLAIS, LE CONSUL ECRIT UNE LETTRE AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
«Les autorités demandent l’extradition sous escorte des intéressés au Congo»
Le consul de la République du Congo, suite à l’affaire des passeports diplomatiques retrouvés par-devers deux de leurs sujets, a écrit une lettre au ministre des Affaires étrangères à qui il a demandé l’extradition sous escorte des deux mis en cause.
L’affaire a des relents de cybercriminalité. Elle dégage une odeur de trafic de documents. Les signes sont là. Et les déclarations recoupées des deux mis en cause donnent à cette affaire une monture d’escroquerie aux visas (diplomatiques) qui, cavalée à grands galops, pourrait mener jusqu’en France. Les autorités congolaises, victimes de cette affaire, sont dans une dynamique de lancer leur cheval d’enquête sur la piste tracée par les limiers du commissariat de Médina afin de cravacher le cerveau de ce sale deal avant de le tirer devant la juridiction chargée de lui faire mordre la poussière. Déterminés à faire tomber celui qui distribue des faux passeports diplomatiques aux Congolais, le consul a décidé de ne pas lâcher prise jusqu’à ce que cette affaire soit tirée au clair. Dans une correspondance envoyée au ministère des Affaires étrangères, il demande l’extradition sous escorte de ces deux fils de Congo. Et c’est en ces termes qu’ils se sont adressés au ministre. «Deux sujets congolais nommés Obambi Brice Sorel et Ngoma Fulgence Serge, porteurs de passeports diplomatiques n°D0015302 du 27/11/2013 et D0025564 du 17/01/2014 non délivrés selon les règles de l’art ont demandé à l’Ambassade de la République islamique de Mauritanie à Dakar en date du 23 octobre 2014 des visas d’entrée et de séjour en vue de se rendre à Nouakchott (Mauritanie) pour entreprendre le rapatriement de la dépouille mortuaire d’un ressortissant congolais décédé dans ce pays. L’ambassade porte à sa connaissance que les autorités congolaises ne sont pas informées de ce décès et n’ont pas écrit une quelconque mission aux intéressés.» Puis, il poursuit : «Au regard de ce qui précède et eu égard de la gravité des faits, les autorités congolaises demandent l’extradition sous escorte des intéressés au Congo. L’ambassade saurait gré au ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur des dispositions nécessaires qu’il voudra bien prendre pour saisir le Ministère de l’Intérieur du Sénégal en vue de cette extradition. Les frais de transport des intéressés sont à la charge de l’Etat congolais.»
«Très honnêtement, je ne pensais pas…»
Hier, à la barre du Tribunal des flagrants délits de Dakar où les deux Congolais Muntsbote Serge et Malonga Sorel ont été attraits, le consul était là-bas. Obambi, lui, est tapis dans l’ombre. Cette affaire qui date d’octobre 2014 a été renvoyée, mais les enquêteurs ont déjà brodé les grandes lignes en arrachant des aveux à l’électricien et à son pote de livreur (Dans une société de jus de Congo) qui, en toute spontanéité, ont dit pourquoi et comment ils se sont retrouvés en possession de ces passeports diplomatiques congolais. Ces aveux, les limiers les ont décrochés lors de l’enquête préliminaire. Et c’est Mountsaboté Serge qui a été le premier à poser le pied devant la machine broyeuse des enquêteurs. A chaque question sa réponse, il se lance : «Le vendredi, nous nous sommes rendus à l’ambassade de la Mauritanie, Malonga Sorel et moi. C’était pour déposer une demande de visa pour nous rendre dans ce pays. On nous a donné rendez-vous le lundi pour le retrait. Quand nous nous sommes présentés, on nous a demandé d’attendre dans une salle et au bout de quelques minutes, c’est la police qui a débarqué pour nous arrêter.» Ce congolais qui habite les Parcelles Assainies et qui est au Sénégal depuis un an dit être venu au Sénégal avec une rondelette somme de…quatre (4) millions de Francs Cfa qu’il avait épargnée. Mais son épargne a été réduite en cendres car l’homme de 38 ans qui pensait transiter par le Sénégal pour aller en Europe s’est retrouvé au trou. Le responsable est celui qui lui a remis le passeport diplomatique avec lequel il devait voyager. Ombambi Brice, il s’appelle. «J’ai remis 3,5 millions Fcfa à Ombambi Brice. «Comme beaucoup de naïfs, j’ai cru que le paradis c’était l’Europe. Au pays, je ne faisais rien que si n’est de petits boulots par ci par là. J’épargnais donc tout ce don, je ne gagnais rien que pour partir en Europe. Quand j’ai vu quelqu’un qui s’est dit capable de m’aider, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion, sans réfléchir.» Un saut qui a été une catastrophe. Très honnêtement, je ne pensais pas que nous allions rester aussi longtemps au Sénégal…je ne pensais qu’à aller en Europe. Rien d’autre ne m’intéressait.» Mais Malonga qui s’est retrouvé qu’avec la modique somme de…500 mille après avoir remis à Obambi Brice ses économies a fait une descente à Rebeuss.
«Je ne savais pas…»
Pourtant, les deux Congolais qui ont vécu durant un an au Sénégal pouvaient ne pas être arrêtés. Mais s’ils ont voulu aller en Mauritanie, c’est parce qu’ils ont entendu dire que celui qui avait emporté leur source après leur avoir remis les faux passeports était dans ce pays. «Nous étions pressés de le rejoindre pour récupérer notre argent et nos passeports ordinaires et rentrer au pays, car depuis notre arrivée au Sénégal, on ne faisait que souffrir. Ombambi est parti avec notre argent en nous laissant sans travail. Nous étions obligés de vivre au crochet d’autres personnes. Cela devenait insupportable.» Au enquêteurs de demander : «Saviez-vous que vous n’aviez pas droit à un passeport diplomatique vu que vous n’êtes pas diplomate ? Le bonhomme de 33 ans répond : «Je ne savais pas que le type de passeport que nous détenions était un passeport diplomatique auquel nous n’avions pas droit vu que nous ne sommes pas diplomates. Mais, c’était la seule pièce d’identité qui nous restait. Obambi nous avait retiré nos passeports ordinaires avec lesquels nous avons quitté notre pays pour nous rendre au Bénin.»
«Une fois au Sénégal, ce dernier a disparu avec nos passeports»
Mais, qui est donc cet Obambi et comment les Congolais sont-ils arrivés au pays de la Téranga ? Sorel explique : «C’est un ami qui vit en France qui m’a mis en rapport avec lui. Il m’a dit qu’avec un peu de chance, je pourrais peut-être me rendre en Europe puisque c’est lui qui l’a aidé. Je suis allé voir Obambi. Il m’a réclamé 3,5 millions Fcfa. Je lui ai donné 3 millions Fcfa. Le voyage, on l’a fait en deux temps. Nous nous sommes rendus en avion au Bénin avec nos passeports ordinaires. Du Bénin, nous sommes venus par route au Sénégal avec Obambi et c’est une fois au Sénégal que ce dernier a disparu avec nos passeports après nous avoir remis ceux avec lesquels on a été arrêtés…Lorsque je quittais le pays, je ne connaissais pas Serge. Ce n’est qu’au Bénin que j’ai compris que nous formions un groupe de personnes, candidates au voyage. Déboussolé, il dit n’avoir pas eu le reflex de se plaindre à leur ambassade car : «Nous ne savions pas quoi faire seuls avec nos problèmes de survie.» Aujourd’hui, leur problème empire et leur sort est entre les mains des juges du Tribunal des flagrants délits de Dakar.
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