En ce mois d’août 2011, les pouvoirs publics ont fait deux déclarations qui ont suscité de vifs débats dans l’opinion publique sénégalaise. La première a été l’annonce par le Président de la république, Me Abdoulaye Wade, de son intention de nationaliser la Sonatel pour en rétrocéder les parts au secteur privé national au motif que les milliards engrangés France Télécom pourraient servir au Sénégal. Surprenante découverte pour un régime qui se veut le chantre du libéralisme et qui a inscrit dans la lettre de politique du secteur des télécommunications publiée en janvier 2005, le désengagement partiel ou total de l’État du capital de la Sonatel. Mieux, l’État avait précédemment tenté de vendre 9,7% des parts qu’il détenait dans le capital de la Sonatel à France Télécom, tentative qui, si elle avait réussie, aurait transformé l’opérateur historique français en actionnaire majoritaire avec 52,2 % des parts !
Il ne s’agissait d’ailleurs pas d’une première puisqu’en novembre 2008, l’État avait vendu, dans la plus grande discrétion, entre 3 et 5% du capital de la Sonatel qui n’avaient pas été attribués en 1997. Face au tollé déclenché par cette opération qualifiée de « crime économique » par l’Intersyndicale des travailleurs de la Sonatel et de « transaction inopportune » par les cadres de l’entreprise, le ministre de l’Économie et des finances, avait simplement rétorqué que l’État n’allait pas sacrifier des entreprises à qui il devait de l’argent pour le simple plaisir de conserver ses actions Sonatel ! La mobilisation de l’opinion publique et le rejet du protocole d’accord signé entre l’État et France Télécom par la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan (Côte d’ivoire) qui l’avait jugée incompatible avec ses règles de fonctionnement, obligeront cependant l’État à renoncer à ce projet. La seconde annonce a été l’adoption d’un décret instituant une surtaxe sur les appels téléphoniques entrants survenant après la suspension de l’application d’un décret similaire adopté en mai 2010. Sa mise en œuvre, augmentera en moyenne de 60% le coût des appels entrants quelle qu’en soit la destination (fixes/mobiles) mais également celui des appels sortants par l’application de mesures de réciprocité de la part des opérateurs avec lesquels la Sonatel a signé des accords commerciaux, encouragera la fraude devenu plus rentable et entrainera une diminution du trafic entrant comme l’a montré la baisse de 8,5% observée en 2010 suite à l’application de la surtaxe pendant moins de trois mois.
Outre qu’elle affectera négativement les résultats de la Sonatel, dont le chiffre d’affaires est constitué pour environ 20,9% par les balances internationales entrantes, cette augmentation va à l’encontre de la baisse régulière des tarifs pratiquée ces dernières années dans le cadre de la tarification orientée vers les coûts. Enfin, il faut rappeler cette surtaxe intervient après la hausse de 2 à 5% de la redevance d’utilisation des télécommunications (RUTEL) opérée en octobre 2010. Ces faits s’inscrivent dans un contexte peu favorable marqué par la baisse de la marge bénéficiaire de la Sonatel au premier semestre 2011 couplée à celle de l’action Sonatel à la BRVM depuis le début de l’année.
Or faut-il le rappeler la Sonatel est la première entreprise sénégalaise en termes de chiffres d’affaires, de bénéfices, d’investissements, de taxes et d’impôts versés et son état de santé affecte forcément celui de l’économie sénégalaise. Pire, tout est mis en œuvre pour que le dispositif de collecte et de gestion des milliards de francs CFA générés par la surtaxe échappe aux procédures ordinaires du Trésor public et soit géré par l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), régulièrement éclaboussée par des scandales depuis sa création et qui gère en toute opacité les milliards versés par les opérateurs dans le cadre du service universel. Quant aux velléités de nationaliser la Sonatel, elles coûteraient au bas mot 600 milliards de francs CFA alors que l’État fait régulièrement face à des difficultés de trésorerie pour payer de simples dépenses courantes.
C’est pourquoi nous disons qu’il y en a marre d’assister à la mise en péril de ce secteur-clé du fait de décisions inopportunes qui ne s’inscrivent dans aucune stratégie économique cohérente. Les autorités devraient plutôt s’atteler à améliorer l’environnement global du secteur des TIC, notamment en soutenant l’investissant et en encouragent l’innovation, afin qu’il puisse jouer un rôle encore plus important et contribuer ainsi à l’émergence économique et au développement social du pays.
23 Commentaires
Saliou
En Septembre, 2011 (20:34 PM)Jacqueline
En Septembre, 2011 (20:55 PM)Reply_author
En Juillet, 2022 (17:36 PM)Macky continue votre travail!!!!!!!!
Sysarr
En Septembre, 2011 (21:03 PM)Djolfun
En Septembre, 2011 (21:33 PM)Dr Calmos
En Septembre, 2011 (21:37 PM)Souhaitons que le débat, pour ou contre, dans cette histoire de surtaxe, garde une certaine hauteur de vue, que des experts s'expriment sans entrave, et que le meilleur argumentaire l'emporte sans autre considération.
Merci Seneweb d'avoir retiré des commentaires totalement contraires à l'esprit civique le plus élémentaire.
Il est à souhaiter que vous puissiez le faire plus souvent, sans toutefois porter atteinte à la liberté d'expression, même si nous savons tous que c'est difficile.
Abdoul Aziz
En Septembre, 2011 (21:53 PM)Mbus
En Septembre, 2011 (21:57 PM)Emmanuel
En Septembre, 2011 (22:03 PM)Mmmm
En Septembre, 2011 (22:07 PM)Tous les experts sont d'accord pour dire que le Sénégal, en en adoptant cette mesure, prend un risque économique parce que beaucoup d'acteurs du secteur des TIC vont sans doute être contraints à la fermeture et un risque diplomatique aussi puisqu'il va s'isoler sur la scène internationale mais les dirigeants n'en ont cure.
Vrai Expert
En Septembre, 2011 (22:10 PM)Sonatel et ses valets, Yen a marre !
Mais Ou Est Il?
En Septembre, 2011 (23:53 PM)Kelk'1 a brandi ta carte nationale d'identite francaise sans etre inquiete
Je joue au foot,on me charge,l'arbitre siffle un pealty et vs me demander
de ne pas tirer mon penalty ..Mais on te charge maintenant,ltu obtiens
un penalty et tu ne le reclames pas Oubien tu as compris les regles
du jeu maintenant Tu as vite range ta queue derriere celle de Kagna
Pop
En Septembre, 2011 (00:28 AM)Tullius Detritus
En Septembre, 2011 (09:41 AM)En 1988, cette équipe de six ingénieurs a lancé avec succès SenPac, sur le modèle de TransPac (protocole X25).
En 1989, SenPac était plébiscité par les utilisateurs. Cheikh Tidiane MBaye était devenu Directeur Général de Sonatel et Samba Sène l'avait remplacé à la tête des Réseaux. Quelle belle aventure !
En 1991, une étudiante sénégalaise proposait un mémoire de fin d'études qui exposait un projet de stratégie de développement de Sonatel dont les deux éléments essentiels étaient les suivants :
1°) Diminuer drastiquement les frais d'abonnement de manière rendre le téléphone accessible à tous.
2°) Ramener la Taxe de Base de 100 FCFA à 50 FCFA.
Selon ses projections statistiques, ces deux mesures devaient permettre un développement exponentiel du trafic de la Sonatel, avec l'augmentation de revenus correspondante.
Il semble qu'elle est ait été écoutée puisque ces mesures ont été appliquées par la suite. Nous connaissons tous le résultat : Sonatel est devenue la première entreprise d'Afrique de l'Ouest.
Savez-vous que la Taxe de Base est toujours de 50 FCFA en 2011 ?
Par la suite, le lancement d'Internet en 1995 et surtout de la fabuleuse "pompe à fric" qu'est le Mobile en 1997 ont fait exploser le chiffre d'affaires.
Ceci explique qu'elle soit la cible de la goinfrerie financière de l'oligarchie qui gouverne le Sénégal depuis 2000.
Vingt-trois ans après, Cheikh Tidiane MBaye est toujours Directeur Général et l'on peut comprendre qu'il défende les intérêts de son bébé contre les magouilles diverses qui mettraient en péril son fonctionnement et sa rentabilité.
Olivier Sagna a raison ! Il faut se battre pour conserver au Sénégal son premier rang en Afrique dans le domaine des télécommunications !
Fans
En Septembre, 2011 (10:06 AM)Et ce que beaucoup de senegalais ne savent pas expresso est exhonnoré de Taxes?Ou est la justice et l'équité dans tout ca.Et l'ARTP qui est censé reguler le secteur elle est ou.
Wsi
En Septembre, 2011 (10:07 AM)EN 1998 aucu de s ingenieurs de la sonatel ne savait ce que signifiait un routeur et quand les gens ont commencé a faire du voip il n'y avait aucune législation par rapport à cela mais là avec la jurisprudence sortie de son différend d'avec sillicon valley elle reprends du poil de la b^ete pour nous affaiblir. Ces syndicaliste se battent pour leurs avantages qui sont recrutement de leurs enfants s'ils vont à la retraite , rpogramme de logement pour chacun, donc un sonatelien peut avoir 10 logements partout ou il veut au sénégal. C'est cela qui fait la force d'une boîte mais que fait la boite pour son peuple rien juste trouer nos poche et verser à l'état des centimes , à la france des euros . Voilà la sonatel une boîte qui marcherait sans aucune direction administrative même si le cout de l'appel revenait à un dallasi la minute. Si cheilkh tidiane est assez brillant il n'a qu'a aller développer la senelec la sar les ics voila ce que un bon Dg ferait, avoir de l'ambiton mais pas demeurer dans la monotomie .
Way Yalla
En Septembre, 2011 (10:07 AM)PAR CE REGIME PREDATEUR
QUE SONT DEVENUS AIR SENEGAL ,ICS ,SONACOS,AIR AFRIQUE ,ETC...
Malcom X
En Septembre, 2011 (10:51 AM)Ablaye Wade moy diam
Patisco
En Septembre, 2011 (13:00 PM)Par conséquent nous n’avons pas d’opposition au Sénégal parce que nak ces mouvement d’humeur n’ont de programme a proposer au sénégalais, ils sont vide
Vive wade et ses alliés 75% au premier tour
Ndiaganiao
En Septembre, 2011 (13:01 PM)Vive wade et ses alliés 75% au premier tour
Jù
En Septembre, 2011 (14:43 PM)C’est pourquoi nous disons qu’il y en a marre d’assister à la mise en péril de ce secteur-clé du fait de décisions inopportunes qui ne s’inscrivent dans aucune stratégie économique cohérente. Les autorités devraient plutôt s’atteler à améliorer l’environnement global du secteur des TIC, notamment en soutenant l’investissant et en encouragent l’innovation, afin qu’il puisse jouer un rôle encore plus important et contribuer ainsi à l’émergence économique et au développement social du pays.
Depite
En Septembre, 2011 (18:44 PM)DE GRACE DEGAGE EN NOUS LAISSANT NOTRE PATRIMOINE.
Zyx
En Septembre, 2011 (07:09 AM)Qui sait du reste ce qui se passe avec l'exploitation de l'or au Senegal...?
Allez visiter le site de Teranga Gold..il n'y aucun senegalais dans le Board de cette entreprise...aucun! Et c'est vraiment lamentable!
Diagne Abdou
En Septembre, 2011 (14:32 PM)Participer à la Discussion