
Un Collectif regroupant d’anciens travailleurs de la défunte compagnie panafricaine Air Afrique demande que la question du paiement de leurs droits soit diligentée dans les plus brefs délais, non sans relever des "frustrations" nées de la récente remise de chèques à 250 ex-agents représentant une partie des personnes à indemniser.
"Monsieur le président, il est plus que temps que cette affaire soit réglée car nous avons enregistré la semaine dernière une 55 éme disparition dans nos rangs et commençons à nous demander si nous ne serions pas, nous les Sénégalais d’Air Afrique, les « damnés de la terre » si chers à Frantz Fanon ?", écrivent les membres de ce collectif, dans une lettre ouverte adressée au chef de l’Etat Macky Sall.
"Vous-même, M. le président, ému par la situation, êtes plusieurs fois monté au créneau pour demander que cette affaire soit réglée, notamment lors de plusieurs conseils des ministres. En vain !", lit-on dans ce document signé de Mody Diop, conseiller en communication du Collectif des anciens travailleurs de Air Afrique.
"C’est comme si des forces tapies dans l’ombre s’amusaient à torpiller toutes les solutions de sortie de crise. A preuve, le retrait de la question du prêt de 4 milliards CFA devant être consenti à l’ANACIM (Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie) par une banque de la place à la veille du conseil d’administration de cet organisme", notent ces ex-travailleurs d'Air Afrique dont la liquidation judiciaire a été prononcée en avril 2002.
"En dehors de ce prêt qui peut être réactualisé, écrivent-ils encore, les solutions existent, M. le président comme les ressources du Syndic, la valorisation des 12.000 m2 restant des 88.000 m2 du terrain du CEFOPAD, l’affectation d’une partie des recettes de l’assistance en escale ou handling au règlement de cette affaire".
"A noter que c’est par ce dernier moyen que la quasi-totalité des Etats membres a procédé au règlement des droits de ses ressortissants alors que le Sénégal était à l’époque donné en exemple", font-ils valoir.
Ils s’étonnent "de ce que cette liquidation ait pu, contrairement d’ailleurs à tous les textes de l’OHADA, durer aussi longtemps (11 ans)", compte tenu des actifs d’Air Afrique que comptait l’ex-compagnie panafricaine au Sénégal.
Le document cite le siège de la compagnie à la place de l’Indépendance, ses villas du Point E, le terrain du CEFOPAD, les pièces de rechange des avions, des actifs "estimés à plusieurs milliards qui auraient du permettre de payer les solde de tout compte et dont on aimerait bien connaitre aujourd’hui la destination".
Parlant des 722 millions de francs CFA récemment débourser par le ministère sénégalais des Transports pour indemniser 250 des 681 anciens employés sénégalais d’Air Afrique, ils estiment qu’il aurait été "judicieux et équitable" de répartir cette somme entre tous les employés, en attendant le règlement définitif du problème.
"Cette remise de chèques a sans doute apaisé les 250 bénéficiaires (tant mieux pour eux !) mais elle aura également crée d’énormes frustrations auprès de 380 autres agents doublement pénalisés, d’une part pour ne pas avoir reçu leur dû et de l’autre, pour s’être vus interdire l’accès de la salle par un cordon de gendarmes alors que tous avaient été convoqués par un communiqué du ministère des Transports", lit-on encore dans cette lettre ouverte.
Les bénéficiaires de cette première tranche d’indemnisation, vivent pour la plupart des personnes vivant dans la précarité, selon le ministère sénégalais des Transports. Ils ont perçu chacun entre 2 et 4 millions de francs CFA, soit un total de 722 millions de francs CFA tirés d’un fond social de l’aéroport pour les dédommager.
Le ministère de tutelle et les syndicalistes du secteur, regroupés au sein du Syndicat unique des transports aériens, ont fait savoir que le liquidateur doit encore débloquer, d’ici deux mois, 750 millions de francs CFA au profit des 431 travailleurs non encore indemnisés.
Pour sa part, les membres de ce Collectif font observer que "(…) non seulement les 380 « exclus » ne travaillent pas mais la notion même de « démuni » est très discutable, un manutentionnaire ou un simple agent de l’ex-Air Afrique réembauché à SHS ou AHS et jouissant donc d’un traitement étant dans une situation financière plus avantageuse qu’un ancien steward ou une ancienne hôtesse de l’Air ne travaillant plus".
"Il y a même, à l’heure actuelle, des ex-cadres et agents de maitrise, malades qui souffrent dans la dignité et qui auraient accueilli l’avance, si minime fût-elle, comme une bouffée d’oxygène…", poursuivent-ils.
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