Il y avait peu de bavardages avant-hier, lors de la journée dite de réflexion du Syndicat des cadres de la Senelec (Sycas). De 9 h à 16 h, une trentaine de cadres de cette société qui plonge depuis quelques mois le pays dans le noir, n'avait qu'un seul point majeur à l'ordre du jour : ‘Quelle solution à la crise énergétique qui frappe le pays ?’ ‘Cette crise, comme tout le monde le sait déjà, perdure. Et elle prend une allure très inquiétante. Elle est en train de s'approfondir. Si rien n'est fait, d'ici peu de temps, elle va complètement compromettre la stabilité de la société. Plongeant du coup le pays dans le noir’, a prévenu le secrétaire général du Sycas, Daniel Sarr. ‘Nous avons identifié le problème sur le plan institutionnel, stratégique, organisationnel et sur le plan logistique. Il en ressort qu'il y a des mesures urgentes à prendre aussi bien au niveau interne qu'externe. Il reste beaucoup de choses à faire’, souligne Daniel Sarr. Selon lui, en tant que cadres de la société, ils ont trouvé la nécessité de se réunir pour tirer la sonnette d'alarme.
Daniel Sarr et ses camarades sont ainsi au regret d'annoncer aux consommateurs et autres usagers de la Senelec qu'ils doivent encore prendre leur mal en patience. La solution de l'équation troublante des délestages est loin d'être réglée. La société est confrontée à un sérieux problème de trésorerie, souligne-t-on. ‘La Senelec manque de liquidités. Et il faut de l'argent tout frais pour sauver les meubles. Sinon, d'ici peu de temps, le pays va sombrer dans le noir’, préviennent les cadres de la société d'électricité. D'après eux, il y a, à l'heure actuelle, un sérieux problème de combustible auquel est confrontée la société. ‘Les délestages continueront toujours à exister tant qu'on ne règle pas ce problème de trésorerie qui va permettre de régler, une fois pour de bon, ce problème d'approvisionnement en combustible’, soutient Daniel Sarr. Et selon lui, seul l'Etat doit mettre en œuvre une politique rationnelle de sortie de crise, en versant de l'argent frais à la société.
Mais, aussi et surtout en procédant à la réorganisation de cette société qui cherche à voler de ses propres ailes depuis 1980. ‘Dans une équation à une solution globale, si vous réglez un aspect, tout en ne trouvant pas de solution aux autres, le problème va demeurer. Aujourd'hui, nous avons évacué la problématique des investissements, notamment avec la réalisation de la centrale C 6 et celle de Kounoune qui sont déjà en marche. Beaucoup d'efforts ont été faits à l'interne sur le plan organisationnel. Seulement, la question de la trésorerie demeure. Et sans la résolution de celle-ci, il sera difficile de mettre fin aux délestages’, argumente le secrétaire général du Sycas.
Poursuivant son réquisitoire, il soutient que les cadres de la société ont ‘interpellé l'Etat pour qu'il fasse une clarification de la situation institutionnelle de la Senelec. Une des solutions qu'il faut prendre le plus tôt que possible, c'est la recapitalisation de la société afin de mettre en œuvre les réformes telles qu'indiquées’. Ces réformes représentent, soutient-il, des pistes de réflexions qui peuvent constituer une solution définitive de sortie de crise de la Sénélec.
Interrogé alors, sur la rumeur qui fait état de la privatisation en vue de la société, Daniel Sarr fait savoir que leur posture de cadre ne leur permet pas de cultiver des rumeurs. Et se limite à rappeler qu'il y a eu un projet de réforme qui avait été soumis à l'ensemble du personnel de la Senelec. ‘Cette réforme vise deux aspects : un aspect industriel et un aspect financier. Ce projet a été profondément discuté avant d'être soumis à l'autorité. Le document existe. Une ‘Task force’ à laquelle nous devrions prendre part, devait être mise en place au niveau ministériel pour continuer de donner notre point de vue’, fait savoir le secrétaire général du Sycas. Pour le reste, Daniel Sarr demande de se rapprocher de la direction générale ou de l'autorité supérieure pour en savoir plus. Alors que fait l'Etat ? ‘Je crois savoir que l'Etat a pris en charge le problème. Mais nous ne l'avons pas encore senti. A part l'accompagnement qu'il fait pour nous aider à faire face à l'achat des combustibles, on ne sent pas l'Etat’, soutient le secrétaire général de la Sycas. L'Etat procède à une compensation et non à une subvention puisque celle-ci est interdite, clarifie l'un des cadres qui épaulaient ainsi le secrétaire général tenaillé par les questions des journalistes.
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