Le Plan Sénégal émergent (Pse), et particulièrement sa mise en oeuvre n’en finit pas de susciter un vrai débat. Le ministre du Plan,Abdoulaye Baldé «Bibi», sort de sa réserve pour expliquer et justifier les raisons pour lesquelles la gestion du Pse devrait revenir à son département. Même s’il ne tape sur la table il reconnaît volontiers que le dernier mot revient au chef de l’Etat. Le ministre argumente et raconte par la même occasion son installation au ministère du Plan ainsi que les actions qu’il a déjà entreprises.
Monsieur le ministre, il y a beaucoup de bruits autour du Plan Sénégal émergent (Pse). Tout d’abord, pourquoi avoir confié à un cabinet étranger «McKinsey» son élaboration alors que le ministère du Plan existe ?
Il faut féliciter Monsieur le président de la République, Son Excellence Macky Sall, pour avoir compris que les taux de croissance que nous sommes en train de réaliser, entre 3 et 4%, ne permettent pas de sortir nos populations de la pauvreté dans laquelle elles vivent. Donc, l’initiative Pse va au-delà de Macky Sall, de son mandat et de son programme «Yoonu Yokkuté». Elle s’adresse aux générations futures. Car le développement, c’est sur une génération, on ne le réalise pas sur un mandat.
Monsieur le président de la République, à qui revient la conduite de la politique de la Nation, a confié ce travail à un cabinet de renommée internationale, McKinsey pour ne pas le nommer. Je dois d’ailleurs rappeler à l’attention que ce cabinet vient de gagner l’élaboration du Plan stratégique de la Banque mondiale. Ce cabinet a présenté un travail qui a fait l’objet d’un séminaire gouvernemental de validation. Vous avez tous suivi ce qui s’est passé dans ce séminaire et le principal enseignement que j’en tire, c’est que Monsieur le président de la République est un vrai démocrate. Car il a permis aux ministres de s’exprimer librement sur le document de McKinsey qui était perfectible. Et c’est aujourd’hui le document Pse que nous avons et qui est la fusion du travail de McKinsey et de la Sndes qui couvrait la période 2014-2018.
Quelle est la place du ministère du Plan dans ce travail ?
Le ministère du Plan est au coeur de ce processus d’élaboration du Pse. Il faut savoir que l’élaboration du document Sénégal émergent a démarré en février 2013, bien avant le remaniement qui a consacré le retour du ministère du Plan dans l’architecture gouvernementale. Ceci n’a pas empêché que les services qui faisaient de la planification, notamment le Centre des études de politiques de développement (Cepod), ont travaillé depuis le départ dans le projet. D’ailleurs, s’il y a une structure de l’Etat qui détient la mémoire du Pse, c’est bien le Cepod qui est une structure rattachée à mon cabinet. Maintenant, après le séminaire gouvernemental, il était question de faire en sorte qu’un seul document de référence soit présenté à nos partenaires. Car nous avions la Sndes, la Sca et d’autres documents qu’il fallait fusionner. Ce travail a été fait par le ministère du Plan et le ministère des Finances.
Il se dit qu’il y a une bousculade entre vous et le ministère de l’Economie et des Finances pour le contrôle du Pse. Qu’en est-il exactement ?
Entre le ministère du Plan et le ministère de l’Economie et des Finances, il ne peut y avoir qu’une parfaite collaboration. Je viens de vous dire que le document Pse a été élaboré par les services du Plan et des Finances. J’en veux pour preuve que j’étais à Paris, avec mon collègue Amadou Ba, pour rencontrer les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) et défendre le Pse. Maintenant, au-delà d’aller au Groupe Consultatif de Paris, il nous faut relever le défi de la mobilisation des ressources et celui du suivi du Pse.
Dans ce cadre, le retour du ministère du Plan témoigne de la volonté de Monsieur le président de la République de réussir la mise en oeuvre du Pse. C’est sous cet angle qu’il faut saluer la création au sein du ministère du Plan d’une Direction du suivi et de l’appui au management des marchés publics qui est chargée de veiller à la performance du système des marchés publics et de la Direction de la planification sectorielle et de l’évaluation des projets. Ceci, compte non tenu de l’Unité de suivi des programmes d’investissements territoriaux de l’Etat (Uspite) dont la mission est de participer à l’élaboration des documents de planification territoriaux, d’assurer le suivi des programmes et projets d’investissements territoriaux de l’Etat. D’ailleurs, la déclinaison du Pse au niveau local se fera par l’Uspite et la Direction de la planification territoriale, à travers le Programme d’actions stratégiques de l’Etat dans la région (Paser) et le Programme d’actions stratégiques de l’Etat dans le département (Pased).
Avec les réformes en cours de la décentralisation, le Paser et le Pased seront les nouveaux instruments de planification du terroir. C’est pour dire que chacun de nos deux ministères a une mission à jouer pour la réussite du Pse qui, je le rappelle, est le projet du gouvernement. Il nous faut relever le défi du suivi et de l’évaluation qui a fait défaut par le passé et qui a fait échec aux précédents projets de développement.
Et aujourd’hui, il est évident que le ministère du Plan est le plus outillé pour assurer ce suivi évaluation. Car, en termes de concentration d’économistes, de statisticiens, de planificateurs, de démographes, c’est au ministère du Plan qu’on en trouve le plus. Et ce sont les profils dont nous avons besoin pour assurer le suivi et l’évaluation du Pse. De plus, il faut aussi souligner que l’horizon temporel du Pse (10 ans) en fait un document de planification à moyen terme, par conséquent une mission du ministère. Donc, le suivi du document devrait logiquement être assuré par le ministère du Plan. Maintenant, si Monsieur le président de la République en décide autrement, cela ne nous empêchera pas de remplir notre part de travail pour la réussite du Pse. Ce qui est certain, c’est que le ministère du Plan est incontournable dans le suivi du Pse.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire quelles sont les missions du ministère du Plan que vous dirigez ?
Le changement de gouvernement intervenu au Sénégal le 2 septembre 2013 est marqué par le retour du ministère du Plan. Cette décision a pour finalité une meilleure prise en charge de la vision du chef de l’Etat en matière de planification du développement et d’activités de production statistique. Ainsi, c’est le décret n°2013-1273 du 23 septembre 2013 qui fixe les attributions du ministre du Plan. Celles-ci consistent à appliquer, sous l’autorité du Premier ministre, la politique arrêtée par le chef de l’Etat en matière de planification du développement, de population et de statistique.
Au titre de la planification, mon département élabore des réflexions prospectives et des visions à long terme, prépare les documents de planification, en dirige les études préparatoires et s’assure de sa cohérence avec les plans territoriaux.
Depuis votre nomination, peut-on dire que vous avez pris la bonne cadence, si on sait que madame le Premier ministre parle d’accélération ?
Il faut savoir que même si le ministère du Plan avait disparu de l’architecture gouvernementale, il n’en demeure pas moins qu’une Direction générale du Plan (Dgp) existait au sein du ministère de l’Economie et des Finances. Nous avons aussi élaboré une matrice de suivi de la Déclaration de politique générale de madame le Premier ministre et qui a fait l’objet d’une communication en Conseil des ministres qui l’a approuvée.
Ensuite, il y a le suivi des engagements de Monsieur le président de la République, lors des Conseils des ministres délocalisés que nous avons tenus dans presque toutes les régions. Aujourd’hui, nous avons l’Unité de suivi des programmes d’investissements territoriaux de l’Etat (Uspite) dont la nomination de son Coordonnateur est dans le circuit. Aujourd’hui, nous avons fait un rapport sur l’état de mise en oeuvre pour chaque région qui a déjà abrité un Conseil des ministres.
Le document est soumis aux plus hautes autorités. Nous pouvons également citer la confection d’un Guide pour l’actualisation des Lettres de politique sectorielle de développement (Lpsd). Nous avons engagé la réflexion pour l’actualisation du Système national de planification qui date de 1987. Cela est une liste non exhaustive des actions que nous avons menées depuis septembre. Il est certes vrai que nous n’avons pas beaucoup communiqué sur celles-ci du fait de la nature du ministère. Il faut savoir que le ministère du Plan n’est pas un ministère sectoriel comme les départements de l’Agriculture ou du Commerce. C’est le creuset de la réflexion du gouvernement et du fait de sa transversalité, fait un travail technique stratégique.
Malgré ce que vous présentez comme actions, le personnel de votre département ne serait pas content à cause des avantages perdus, notamment les Fonds communs…
Avant de répondre à votre question, je dois d’abord faire une précision : seuls les fonctionnaires travaillant dans les régies financières ont droit aux fonds communs. Mais ce qui est constant, c’est qu’en quittant le ministère des Finances, les agents du Plan ont perdu presque 50% de leurs revenus. Je dois d’ailleurs souligner que ce n’est pas seulement le Plan.
Le ministère de la Promotion des investissements et des Partenariats est dans la même situation. Et selon des informations livrées par la presse, mon collègue Diène Farba Sarr va perdre une vingtaine d’agents qui ont demandé à retourner aux Finances. En ce qui me concerne, dès mon arrivée, j’ai engagé les actions nécessaires pour l’augmentation de l’indemnité relative aux travaux du Plan d'orientation économique et sociale. Monsieur le président de la République, comme madame le Premier ministre, sont sensibilisés sur la question et ils ont donné des instructions pour un règlement de la question.
En application de ces instructions, nous avons transmis au ministre de l’Economie et des Finances, un projet d’arrêté portant revalorisation de l’indemnité appelée «heure de Plan» qui existe déjà. Nous attendons une réaction de leur part. Mais d’ores et déjà, je tiens à remercier tout le personnel du ministère du Plan qui fait bloc autour de moi pour un règlement heureux de cette question.
Entretien réalisé par Le Populaire
ABDOULAYE BALDE: "LE SUIVI DU PSE DEVRAIT LOGIQUEMENT ETRE ASSURE PAR LE MINISTERE DU PLAN"
Par: Le Populaire via seninfos - Le Populaire |
19 février, 2014 à 12:02:40
| Lu 8396 Fois |
16 Commentaires
Auteur: Le Populaire via seninfos - Le Populaire
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14 Commentaires
Niet
En Février, 2014 (12:19 PM)Zoé
En Février, 2014 (12:44 PM)Kadjoor
En Février, 2014 (12:59 PM)Elhaj72
En Février, 2014 (13:14 PM)tu te trompes bibi
tes collaborateurs proches te trompent car tout le travail est saboté et tes directeurs le savent bien mais ils te racontent des histoires comme ils savent que tu n'es pas du milieu
pas de retour des avantages, pas de travail sérieux dis le à Mr le président et réveille toi monsieur le ministre
Plan
En Février, 2014 (13:28 PM)Diambar10
En Février, 2014 (14:07 PM)et toi si tu perds 50% de tes revenus tu sera rentable mets toi a leurs places et sache qu'ils vous servent chaque jours que dieu fait un mauvais travail et c'est dommage pour un secteur aussi stratégique
tu sais quoi faire au lieu de faire des interviews va défendre leurs droits c'est mieux pour tout le monde
Maïmoune
En Février, 2014 (14:20 PM)Moibelle
En Février, 2014 (14:45 PM)la plupart de vos agents ont contacté des prets bancaires sur la base de ces avantages qu'ils ne perçoivent plus et jusqu'ici pas de solution!
Nanou
En Février, 2014 (15:08 PM)Zoé
En Février, 2014 (15:35 PM)Serigne Mbaye
En Février, 2014 (15:46 PM)Désolé Désolé
En Février, 2014 (16:10 PM)Diambar10
En Février, 2014 (16:17 PM)tu déçois avec ces anciennes pratiques de wade
attention juin 2014 n'est loin
Mane
En Avril, 2014 (15:47 PM)Participer à la Discussion