C’est mardi, en principe que Barthélemy Dias devrait être fixé sur le sort à lui réservé par la justice. Une sentence attendue du tribunal des flagrants délits pour les chefs d’inculpation de diffusion de fausses nouvelles et outrages à magistrat. Au-delà de la bataille de procédure, il se susurre de plus en plus que la solution définitive au problème des Dias devrait venir du palais. Pour des raisons politiques ou d’opportunité, Wade pourrait passer l’éponge. Ainsi avons-nous appris que le chef de l’Etat était passablement frustré par la dernière sortie des amis de Amath Dansokho, lors de la dernière réunion du comité central du Pit. Dans un communiqué, le Parti de l’Indépendance et du Travail avait qualifié le régime libéral d’intolérant. Wade aurait, selon des proches, répondu que ses anciens compagnons de l’opposition étaient amnésiques. Et de renvoyer tout le monde aux nombreux décrets de grâce pris librement depuis qu’il assure la magistrature suprême du pays. Il aurait alors assuré qu’au contraire, «c’était la grande tolérance qui est la clé de tous les abus». Et ces derniers d’expliquer que l’occasion est bonne de retirer aux «agitateurs de Khar Yalla» un thème de campagne en accordant la grâce à Jean Paul Dias.
D’ailleurs, lors du récent séjour de Wade à Touba, Serigne Saliou Mbacké, le khalife général des Mourides sans parler du cas spécifique de Dias, lui aurait fait une recommandation. Il lui aurait suggéré selon la sagesse wolof de savoir laisser passer et passer l’éponge («jégglé ak jélelé»). Littéralement traduit, cela veut dire : pardonner et faire la sourde oreille. La politique étant une science de l’opportunité, nos sources avancent même que Wade pourrait profiter du début du mois de ramadan prévu entre le 24 et le 25 septembre pour gracier les Dias. La communauté musulmane ne pourrait alors que saluer cet acte de solidarité à l’orée du mois de la grâce et de la bénédiction.
Dans la perspective du sommet sur le dialogue islamo chrétien cher au chef de l’Etat, le Président voudrait maintenir des relations de bonne entente avec le Clergé catholique. Et lors de la fête de l’assomption le 15 août, l’Eglise a exprimé sa solidarité à la famille Dias. Une façon fort diplomatique de manifester tout au moins une préoccupation, même si Dias-père s’est gardé, cette fois de convoquer sa chrétienté à la Dic comme devant le tribunal. Motivations politiques Au plan politique, Me Wade, en fin stratège, voudrait prolonger la léthargie de l’opposition. Cette dernière, par le canal de la Cpa et du Msis voudrait entreprendre des actions au plan politique pour écourter le séjour de Dias au pavillon spécial. La libération de ce dernier pouvant constituer une plate-forme fédératrice de l’opposition, de la plus radicale à la plus entriste. Ensuite, il est politiquement risqué pour Wade de laisser Dias purger sa peine. Il donnerait alors à Idrissa Seck, une arme redoutable. Ce dernier qui avait dit publiquement qu’il ne se présenterait jamais devant Wade, a besoin de quelqu’un d’envergure pour porter les attaques incisives et frontales qu’aucun «fils», même maudit ne peut porter contre son «père» même banni. Qui mieux que Dias pourrait tenir le rôle du dragon, cracheur de feu ? C’est pourquoi, en graciant Dias, Wade enlève au serpent son venin. L’opinion ne comprendra pas que Jean Paul Dias vienne attaquer à nouveau Wade qui l’a gracié. «On ne peut pas demander pardon, se faire pardonner pour récidiver par la suite», explique un proche du chef de l’Etat. Dans le proche entourage du chef de l’Etat, il y en a qui considèrent Dias comme un grand «gesticulateur très vulnérable aux offres en prébendes et en sinécures». Ses détracteurs pensent qu’avec une planque juteuse, un poste de Pca ou de Dg, il pourrait rompre les amarres avec l’ancien Pm. Ce serait alors une opportunité de casser une dynamique de retrouvailles. «Wade ne cracherait pas dessus», nous dit-on.
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