Les mandats d’arrêt lancés contre neuf autorités sénégalaises présumés responsables du naufrage du bateau Le Joola par le juge français Jean Wilfried Noël, ont été très mal accueillis par le Sénégal. Après la réaction à chaud du ministre de la Justice qui avait menacé d’appliquer la réciprocité, c’est au tour du porte-parole de la présidence de la République de donner son point de vue sur la décision du tribunal international d’Evry. En effet, interrogé par le quotidien en ligne Libération.fr, Me Amadou Sall a trouvé ‘inacceptable’ cette décision de la justice française. Cependant, à lire attentivement les propos du porte-parole de la présidence rapportés par le quotidien en ligne français, le Sénégal n’est pas prêt à livrer Mame Madior Boye et compagnie.
Mieux, le Sénégal pourrait même déclencher des poursuites judiciaires contre la France pour des crimes et délits dans lesquels des Sénégalais sont impliqués. Me Amadou Sall de citer le cas de l’accident entre une mini-moto et une voiture de police, qui a coûté la vie à un jeune Franco-Sénégalais à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise) et enflammé la ville en novembre 2007 ; ainsi que l’incendie de bus à Marseille, en novembre 2006, qui avait failli coûter la vie à la jeune Sénégalaise Mama Galledou. Sans compter tous les cas de violences policières lors des procédures d’expulsion de sans-papiers. ‘Ce serait particulièrement regrettable, mais je crois savoir qu’il y a déjà des plaintes en cours au Sénégal’, ajoute le porte-parole du président de la République qui dit regretter la décision du juge français.
Le porte-parole du président Wade conteste non seulement la compétence, mais aussi le raisonnement du juge, qui remonte mécaniquement toute la chaîne hiérarchique jusqu’au Premier ministre de l’époque, Mame Madior Boye, qui, de l’avis du porte-parole de la présidence de la République, ’n’avait rien à voir avec cela (le naufrage du bateau, Ndlr)’.
Pour tempérer ses ardeurs guerrières, le porte-parole de Me Wade préconise l’annulation pure et simple des mandats d’arrêt, ‘conformément aux recommandations du parquet d’Evry’, que le juge Noël a décidé d’ignorer. Mais en attendant qu’on en arrive à cette solution de sortie de crise, les neuf personnalités visées ne peuvent plus quitter le Sénégal, puisque les mandats d’arrêt sont transmis à Interpol. Des mandats d’arrêt qui tombent mal pour l’un des accusés, le général Babacar Gaye qui quitte le commandement en chef de la Monuc, la mission de l’Onu au Congo-Kinshasa, où il dirigeait 15 000 Casques bleus.
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