Qui l’eut cru ! Les enquêteurs de la Dic, en débarquant au domicile de Jean Paul Dias, cherchaient à se faire une petite idée sur sa nationalité. C’est pourquoi, pour l’opposition sénégalaise, le Pds ouvre une parenthèse dangereuse qu’elle se doit vite de refermer. Pour Abdoulaye Elimane Kane du Parti socialiste, cela ressemble à de l’acharnement. Quant à Mbaye Dione de l’Afp, c’est un précédent dangereux qui n’honore pas le Sénégal. Les organisations de défense des droits de l’Homme comme la Raddho flairent le syndrome de l’ivoirité qui a fait embraser la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi elles en appellent à la lucidité du chef de l’Etat.
Alors que la Côte d’ivoire, poumon économique de la sous-région ouest africaine, est empêtrée dans une spirale de violence à l’issue incertaine, le Sénégal s’exerce à imiter le diable. Tel un épouvantail, le débat sur la nationalité est désormais lancé par l’Etat. Selon des informations officielles, Jean Paul Dias, le tonitruant premier secrétaire général du Bcg, aurait deux états civils différents (voir par ailleurs). Certes, reconnaît Mbaye Dione, l’Etat a le droit d’en savoir sur tous les Sénégalais, mais pour lui, la « sénégalité » du leader du Bcg qui a travaillé dans le cabinet du Président Léopold Sédar Senghor, qui a été ministre sous Abdou Diouf, ne fait l’ombre d’aucun doute. Ce qui amène le responsable des Jeunesses progressistes à flairer un coup fourré. Qu’à cela ne tienne, M. Dione se dit ulcéré que cette question concerne un membre fondateur de l’actuel parti au pouvoir dont le péché d’Israël est d’avoir vomi le Pds et de travailler à sa perte. Et Mbaye Dione qui n’y croit pas à ses yeux de pester : "il est sénégalais et doit être traité en conséquence, c’est une discrimination contre lui".
Le porte-parole du Parti Socialiste n’y va pas par quatre chemins pour descendre le chef de l’Etat. Le Pr Abdoulaye Elimane Kane qui se dit surpris n’a plus que ses yeux pour pleurer. « Même pour un citoyen ordinaire, on n’a jamais vu la Dic se mêler à de telles choses dans une indiscrétion aussi maladroite ». L’ancien ministre de la Culture sous Diouf, effrayé par le syndrome ivoirien, se dit choqué par une telle attitude qui n’est rien d’autre qu’un acharnement. « C’est inélégant et choquant, pourquoi Dias et pas les autres ». Abdoulaye Elimane Kane de marteler dans une voix tremblotante que « cette affaire de nationalité peut être un précédent dangereux et que tous les démocrates doivent s’y opposer pour préserver les acquis démocratiques ». La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) ne s’est pas fait prier pour s’inviter dans cette vague de réprobation générale. Toute comparaison étant égale par ailleurs, son secrétaire exécutif craignant le spectre de l’ivoirité qui a entraîné l’embrasement du pays des éléphants, en appelle à l’esprit de dépassement du président de la République pour que soit mis un terme cette enquête policière aux relents de règlement de compte.
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