Le Quai d’Orsay écarte toute idée de crise diplomatique avec le Sénégal à la suite du lancement par un juge français de mandats d’arrêt internationaux contre neuf hauts responsables sénégalais, dans le cadre de l’instruction du naufrage du Joola. Et Paris cherche à apaiser les nuages qui commencent à s’amonceler dans les relations entre les deux pays.
(Correspondant permanent à Paris) - Les relations séculaires entre le Sénégal et la France vont-elles être brouillées par le lancement des neuf mandats d’arrêt internationaux contre l’ancien Premier ministre Mame Madior Boye et huit autres hauts responsables sénégalais ? En tout cas, la France ne le souhaite pas. C’est ce qu’a laissé entendre le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevalier lors d’une conférence de presse tenue avant-hier lundi. ‘Nous avons avec le Sénégal une coopération ancienne et étroite, qui couvre de nombreux domaines. Nous souhaitons évidemment la poursuivre’, a-t-il répondu aux journalistes qui voulaient savoir s’il y a des craintes d’une crispation dans les relations franco-sénégalaises après le déclenchement des mandats d’arrêt internationaux. Une manière d’apaiser les tensions qui commencent à s’amonceler après la décision du juge d’instruction français et les réactions du porte-parole du président Wade et du ministre sénégalais de la Justice. Le premier avait évoqué une éventuelle réciprocité et le second avait parlé d’une possibilité d’annulation des mandats d’arrêt internationaux.
Pour le porte-parole du Quai d’Orsay, ‘la justice française est saisie de ce dossier depuis 2003. Les mandats d'arrêt internationaux que vous évoquez ont été délivrés par un juge d'instruction’. Il a également rappelé que ‘la France entretient avec le Sénégal des relations privilégiées, comme en témoignent les visites très fréquentes à un haut niveau entre nos deux pays : le président de la République a reçu mercredi dernier le président Abdoulaye Wade pour un entretien à l'Elysée et M. Alain Joyandet s'est rendu à Dakar le 2 août’. Eric Chevalier n’ajoutera pas autre chose. Peut-être à cause de la délicatesse et de la sensibilité de la question.
Le juge d’instruction français, Jean Wilfried Noël, qui instruit le dossier, a lancé, vendredi dernier, un mandat d’arrêt international à chacune des neuf personnalités sénégalaises accusées dans l’affaire du naufrage du bateau Le Joola. Il s’agit de l’ancien Premier ministre Mame Madior Boye, de l’ex-ministre des Forces armées, Youba Sambou, de l’ancien ministre de l’Equipement et des Transports, Youssouf Sakho, du Général Babacar Guèye, aujourd’hui commandant des forces onusiennes en République démocratique du Congo, du Général Ousseynou Kombo, le chef d’Etat major de la marine, de Meïssa Tamba, chef d’Etat major de l’armée de l’air, de Modou Siguine, chef d’exploitation du bateau Le Joola, d’Abdoul Hamid Diop, directeur de la marine marchande, et de Gomis Diédhiou, chef de la sécurité maritime au moment des faits.
Toutes ces neuf personnalités ne pourront plus quitter le territoire national au risque d’être arrêtées. Les mandats d’arrêt internationaux sont déjà entre les mains de la police des frontières. Interpol aurait également été saisi. Cela veut dire que si Mame Madior Boye et les autres franchissent la frontière nationale, ils pourront être arrêtés à tout moment.
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