L’ambassadeur de France au Sénégal, son Excellence Jean Christophe Rufin a pris part, avant-hier, au congrès international sur la médecine d’urgence et d’anesthésie-réanimation. En ses qualités d’ancien vice-président de l’Ong «Médecins sans frontières», ancien président d’Action contre la faim et de prix Goncourt 2001, le diplomate estime que les paysans sénégalais ont plus besoin de moyens pour se rendre autosuffisants.
«L’action humanitaire n’est pas toujours nécessaire. Dans certains cas, elle peut même être nuisible», a déclaré, mardi dernier, à Saly Portudal, l’ambassadeur français Jean Christophe Rufin. Il a reconnu que les situations de crises peuvent être bien différentes selon les pays, «et dans le cas, par exemple, du Sénégal aujourd’hui, il n’est pas nécessaire d’appeler à l’aide internationale sous forme d’aide humanitaire. La question c’est plutôt le renforcement des moyens donnés aux paysans, le renforcement de l’autonomie, de l’autosuffisance alimentaire et non pas d’aller porter des sacs de riz. C’est ça aujourd’hui le vrai enjeu».
Le diplomate français, qui présentait un thème : «L’humanitaire est-il bénéfique à long terme», a affirmé que face à des situations de crise, «la réponse d’urgence se justifie dans des cas relativement limités. C’est-à-dire dans des cas de guerre ou de famine extrême. Mais, dans l’immense majorité des cas, aujourd’hui, il faut agir avant et après la crise. Il faut agir par la prévention pour éviter qu’on arrive à des situations d’urgence et pour la sortie de crise comme, par exemple, après les conflits au Sierra Léone, au Libéria, etc., où il y a un énorme travail de reconstruction à faire».
M. Rufin a voulu justifier son intervention sur ce thème en déclarant : «J’ai voulu juste attirer l’attention sur le danger de l’aide d’urgence lorsqu’elle n’est pas absolument nécessaire. Il y a beaucoup de situations dans lesquelles elle ne l’est pas. Il faut toujours se poser la question de savoir si les pays ont les moyens de réagir par eux-mêmes. Si oui, il faut vraiment les aider à le faire et non pas leur imposer une aide extérieure.» Ces propos de l’ancien président de l’Ong Action contre la faim, résonnent comme un écho aux déclarations du Président Abdoulaye Wade avant et au moment du Sommet sur la crise alimentaire, organisé sous l’égide de la Fao, à Rome. On se rappelle que le chef de l’Etat avait affirmé qu’il n’avait pas besoin qu’on lui donne de l’aide alimentaire, ni de l’argent, mais qu’il avait plus besoin de semences et de matériel agricole.
Cependant, il y a quelque temps, pour juguler les effets de la crise alimentaire dans le monde rural, le gouvernement du Sénégal a libéré 10 milliards de francs pour distribuer des vivres de soudure dans le monde rural. Cette mesure avait été critiquée par beaucoup de gens, qui avaient fait remarquer que cette somme n’offrait que 3 kg de riz à chaque paysan. Alors que la situation de crise aurait pu être prévenue avec une bonne politique agricole, qui aurait permis aux paysans de produire assez pour se nourrir et nourrir le reste du pays.
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