A Dakar, Nicolas Sarkozy a exhorté la jeunesse africaine à dépasser "les crimes du passé" pour "regarder vers l'avenir" et préparer "l'avènement de l'Eurafrique". Il a cependant estimé qu'on ne pouvait pas "demander aux générations d'aujourd'hui d'expier ce crime perpétré par les générations passées".
"Je ne suis pas venu effacer le passé car le passé ne s'efface pas : il y a eu des fautes et il y a eu des crimes". Nicolas Sarkozy s'est adressé avec passion jeudi à la jeunesse africaine, lors de son déplacement au Sénégal, une ancienne colonie française indépendante depuis 1960. Il a reconnu que la colonisation avait été une "grande faute", même si l'Afrique avait "sa part de responsabilité dans son propre malheur", citant les guerres, les génocides, la corruption, les gaspillages.
"Il y a eu la traite négrière, il y a eu l'esclavage, les hommes, les femmes, les enfants achetés et vendus comme des marchandises. Et ce crime ne fut pas seulement un crime contre les Africains, ce fut un crime contre l'Homme, un crime contre l'humanité", a reconnu le chef de l'Etat, qui a toutefois affirmé que "nul ne peut demander aux générations d'aujourd'hui d'expier ce crime perpétré par les générations passées" et que "nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères".
Sarkozy invente l'Eurafrique
Venu au Sénégal pour réaffirmer "l'amitié profonde et sincère" de la France "pour l'Afrique et pour les Africains" et "moderniser" les relations avec les partenaires africains, le chef de l'Etat a proposé à la jeunesse africaine, qui constitue près de la moitié des 900 millions d'Africains, "de regarder ensemble, au-delà de cette déchirure et de cette souffrance. Je suis venu vous proposer, jeunes d'Afrique, non de ressasser ensemble le passé mais d'en tirer ensemble les leçons et de regarder ensemble vers l'avenir".
Il a ainsi exposé sa vision d'une "stratégie commune dans la mondialisation" entre la France et l'Afrique, "un grand destin commun" baptisé "Eurafrique". A ceux qui, en Afrique, regardent avec méfiance ce "grand projet", Nicolas Sarkozy a souligné qu'il ne s'agissait "nullement de mettre à l'écart l'Afrique qui s'étend au Sud du Sahara, mais qu'au contraire il s'agit de faire de cette union le pivot de l'Eurafrique, la première étape du plus grand rêve de paix et de prospérité qu'Européens et Africains sont capables de concevoir ensemble."
La France "veut se battre" avec l'Europe, l'Afrique et "tous ceux qui, dans le monde, veulent changer la mondialisation", a ajouté le chef de l'Etat. "Ce que veut faire la France avec l'Afrique, c'est le co-développement, c'est-à-dire le développement partagé. Ce que veut l'Afrique, ce que veut la France, c'est la coopération, c'est l'association, c'est le partenariat entre Nations égales en droits et en devoirs", a conclu le président.
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