PAR NETTALI
Une donne qui rend difficile une bonne lecture de la situation politique actuelle, c’est que la seule personne qui, jusque-là a parlé, est le Président de la République Me Abdoulaye Wade. On ne sait d’ailleurs pas sous quelle casquette il est apparu à la télévision nationale, pour improviser une déclaration. Idrissa Seck rejoint donc la famille Pds, a révélé Me Wade et non sans préciser que c’est l’ancien Premier ministre qui aurait dû s’exprimer pour livrer le contenu des accords ficelés à huis clos dans le bureau présidentiel. Me Wade ajoutera que dans quelques instants, Idrissa Seck fera face à la presse pour s’expliquer. La nouvelle a fait l’effet d’une douche froide pour beaucoup de ses partisans dont la plupart ne pardonne toujours pas à Me Abdoulaye Wade d’avoir relevé leur mentor de la Primature, chassé du Pds et envoyé en prison. L’affolement a cependant été plus visible du côté du gouvernement où plusieurs ministres ou libéraux en position de force dans l’appareil d’Etat ont manifesté des signes de craintes ; traumatisés à l’idée d’un retour en force d’Idrissa Seck aux côtés du Président Wade et dans l’appareil du Pds.
Mais 72 heures après, les « instants » de Wade n’en finissent pas. Idrissa Seck s’est emmuré dans un profond silence. Ce qui rend la situation plus compliquée du point de vue de la compréhension à avoir de leur rencontre. Me Wade a-t-il omis de révéler un aspect de leurs discussions au point de braquer Idrissa Seck ou le Président cherche-t-il simplement à forcer la main de son ex-numéro deux ? Certes les actes qui ont été posés par la suite avec les audiences de Modou Diagne Fada et surtout de Jean Paul Dias orientent une lecture politique dans le sens des retrouvailles. En recevant Modou Diagne Fada qui est dans la même logique de rébellion par rapport au fonctionnement du Parti démocratique sénégalais (Pds), Me Wade veut confirmer que ces audiences s’alignent dans la même perspective politique que celle "ficelée" avec Idrissa Seck. Et les déclarations de Jean-Paul Dias, à sa sortie d’audience (je suis l’aîné de la famille), peuvent bien faire croire que les choses évoluent dans la trajectoire tracée par Me Wade.
Seulement il y a un gros grain de sable dans la machine. Car, contrairement aux déclarations des uns et des autres, aux professions de foi de Macky Sall qui déclare ne pas être gêné par un retour d’Idrissa Seck au Pds, c’est un véritable jeu de diversion qui est en marche. En effet, rien hormis la parole « fluctuante » du Président Wade – Il avait accusé Idrissa Seck de détournement et l’a lavé en direct à la télévision nationale, rien ne vient confirmer le retour d’Idrissa Seck au Parti démocratique sénégalais (Pds). Et selon certaines sources proches de l’entourage de ce dernier, Idrissa Seck ne nourrit même plus de telles ambitions. Ce qui l’intéresserait, c’est plutôt de débaucher les ténors du Pds.
Il faut même croire que cet aspect de la question (le retour d’Idrissa Seck au Pds) est sans trop gros enjeu pour lui. Bien au contraire, cela lui porte un sérieux préjudice. Sa popularité est en train de décroître chez les sénégalais qui n’ont pas oublié que c’est le même Idrissa Seck qui avait été très acerbe contre le Président Wade dans sa façon de gérer le pays. Et, à moins d’être un romantique de la politique, il est difficilement concevable de penser que le Président Wade rencontre Idrissa Seck pour lui dire : « tu a eu raison sur moi, je te donne le parti et vais demander aux autres de se ranger derrière toi ». Il faudrait bien qu’un tel accord, s’il doit être ficelé, engage une partie de l’opposition dans le cadre d’un schéma transitoire qui exclurait alors Me Wade. Cela impliquerait un consensus pour un report des élections présidentielles et législatives ainsi qu’une participation active des lobbies maraboutiques et diplomatiques. Cette idée chère à un parti politique comme le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) pourrait alors revenir en surface après l’échec constaté à plusieurs reprises dans son opérationnalisation.
C’est dire que la page qui vient de s’ouvrir par la force des choses est bien nouvelle. Et sans doute, c’est ce qui explique la prudente attitude observée dans certains cercles du pouvoir qui refusent – chose inhabituelle – de verser dans les injures contre Idrissa Seck. Et sans doute aussi le jeu est risqué pour le leader de Rewmi qui est en train de dégringoler dans les sondages. Et finalement les sables sont mouvants pour tout le monde car, personne aujourd’hui, qu’il s’agisse de la classe politique ou de la société civile ne peut dire que la réalité politique que nous vivons est simple surtout avec la quasi-impossibilité de tenir dans un mois des élections présidentielles normales. Conformément au calendrier électoral.
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