Chambre criminelle de Mbour : Le présumé meurtrier de l'agent municipal acquitté

Incriminé dans le meurtre de l'agent municipal Ousmane Diallo, le présumé meurtrier a été acquitté ce vendredi par la Chambre criminelle de Mbour. Arrêté en 2018, Mor Seck est désormais libre. 

Il a été, par contre, condamné à cinq ans de prison pour vol commis la nuit avec escalade sur une personne non encore identifiée. Peine qu'il a déjà purgée.

Mor Seck s'est fait connaître dans les médias par les nombreux messages qu'il envoyait à la presse pour informer de ses multiples grèves de la faim ainsi que de son suicide. Il avait d'ailleurs ingurgité un détergent, à cet effet. Mor Seck ne manquait pas d'alerter sur les conditions et les longues années de détention. Il est allé même jusqu'à dire qu'il était le porte-parole des détenus et le plus ancien de la prison. Il sera finalement transféré à la prison de Thiès.

Jugé le vendredi 20 octobre dernier à la barre de la chambre criminelle, Mor Seck était revenu sur les circonstances de son arrestation.

Technicien en maintenance informatique, il avait été arrêté avec son ami Aliou Sow, pêcheur, dans l'affaire du meurtre d'un agent de la mairie de Mbour du nom d’Ousmane Diallo.  Le corps de la victime avait été retrouvé dans un bâtiment en construction derrière le garage de Mbour. Sa mort avait suscité moult débats. On parlait d'un meurtre passionnel impliquant un groupe d'homosexuels. 

La victime avait été retrouvée la tête complètement fracassée, son tee-shirt remonté jusqu'à la poitrine et sa culotte baissée. Le sang avait éclaboussé le mur du bâtiment où il a été découvert. Des traces de bagarre étaient visibles sur les lieux. 

L'enquête menée par les éléments du commissaire Mandjibou Lèye avait abouti à l'arrestation d’Aliou Sow et de Mor Seck, en 2018.

Aujourd'hui, vendredi 15 décembre 2023, Mor Seck a été acquitté dans ce meurtre. 

Pour rappel, Ousmane Diallo avait reçu, le soir de son meurtre, un appel téléphonique vers les coups de 21 h. Il est sorti, laissant sa femme dans leur chambre. Il ne reviendra plus. Son téléphone noir de marque Nokia sera localisé à Nguekokh, chez Aliou Sow, l’ami de Mor Seck.

Le jour de sa disparition, Ousmane Diallo avait reçu, de 19 h à 21 h, plusieurs appels émanant du téléphone d’Aliou Sow. Lors de l'enquête, Aliou Sow avait soutenu que c'est Mor Seck qui lui avait emprunté son téléphone pour appeler la victime.

L'enquête avait fait découvrir aux pandores des choses pas catholiques. Mor Seck et Aliou Sow seront inculpés de meurtre et de vol commis la nuit avec violence sur la personne d’Ousmane Diallo. 

En attente d'un jugement, Aliou Sow va  s'évader le 1er octobre 2022. Il sera alors condamné par contumace à cinq ans pour vol. Son co-inculpé, Mor Seck, avait dit à la cour de la chambre criminelle que son ami se trouverait en Gambie. Mor  avait soutenu mordicus qu'il ne connaissait pas la victime. Téméraire et prolixe, il avait été emprisonné à trois reprises. Une fois pour vol et condamné de 2015 à 2017. La deuxième fois pour usage de chanvre indien avec trois mois de prison et la troisième fois pour vol qui l’a mené derrière les barreaux pour six mois.

C'est à la prison de Thiès qu'il a fait la connaissance d’Aliou Sow. 

Pour se défendre, Mor Seck avait assuré que son ami avait l'habitude d'embarquer des personnes pour ses propres délits. Le soir de l'assassinat d’Ousmane Diallo, Aliou Sow et un de ses amis du nom de Cheikhou Dondé avaient expliqué que Mor Seck était revenu à la maison le lendemain avec des habits tachés de sang. Il avait par-devers lui un portable noir de marque Nokia. Il leur aurait même parlé d'un cas de meurtre qui ce serait passé à Mbour.

"Je ne suis pas impliqué dans le meurtre d’Ousmane Diallo. Je ne l'ai jamais vu de ma vie", a assuré Mor Seck aux juges. Il a fustigé la manière dont la police a mené l'enquête. Allant jusqu'à dire qu’en une journée, il aurait élucidé cette affaire. 

Mais "c'est parce que Ousmane Diallo est un fils de ‘badola’ que l'enquête a été bâclée. S'il était le fils d'une famille riche, on aurait déplacé la police scientifique pour découvrir ce qui s'était réellement passé". Il assure aux juges qu'il ne savait pas que son ami Aliou Sow trempait dans des affaires d'homosexualité.