Il est des étapes de la vie qui, une fois franchies, donnent un nouveau contour à l’existence. C’est ce qui est arrivé à Ousmane Bâ, ce jeune Sénégalais de 32 ans, vivant à New York et fondateur d’« Africa Service ». Aujourd’hui, son association lui permet de sauver des cas désespérés d’enfants malades qu’il amène aux Etats-Unis pour y recevoir des soins. Lui-même a eu la chance d’être sauvé dans un accident à l’âge de sept ans.
Le sourire toujours au coin des lèvres, Ousmane Bâ est aussi d’un commerce facile au premier contact. Ce jeune Hal Pulaar, établi à New York, est le fondateur de l’Association humanitaire « Africa Service » qui s’active dans le domaine de la santé et particulièrement dans la prise en charge des enfants atteints de maladies graves ou qui sont dans des situations délicates. En séjour au Sénégal, il compte faire le tour des hôpitaux du Sénégal à la recherche d’enfants malades qu’il tentera de sauver à tout prix. A cet effet, il espère amener quarante enfants aux Etats-Unis pour les sauver. C’est cela la principale activité d’Ousmane Bâ depuis une dizaine d’années. Il y a quelques mois, son association s’est illustrée en apportant son secours à Aïssa Diakhaté, une jeune fille atteinte de brûlure au troisième degré à la suite d’un incendie à la famille parentale. Aïssa est, certes, sortie de cet accident avec la vie sauve, mais son corps est sérieusement atteint. Le visage de cette fille complètement défigurée va nécessiter trois mois d’internement à l’Hôpital Principal de Dakar. Son cas est jugé critique par les médecins. Dès lors, la perspective de son évacuation en France est envisagée par les soignants et par sa famille. Contacté, l’Hôpital Saint Joseph Saint Luc de Lyon leur fera un devis détaillé d’un montant de plus de 61 millions FCfa. Le père de la victime, Moussa Diakhaté, est malade et ne dispose guère d’une telle somme. Ainsi, il a recours à ses proches et amis pour lui permettre de sauver sa fille. En plus, pour lancer des messages de solidarité, le portail Internet www.seneweb.com s’y met en affichant la photo de la jeune fille avant et après son accident.
Des âmes sensibles ne tarderont pas à se manifester, parmi lesquelles Ousmane Bâ de l’Association « Africa Service ». La bonne nouvelle tombe alors pour Moussa Diakhaté, le père d’Aïssa. « J’ai décidé de tout faire pour prendre en charge la fille, annonce le fondateur d’Africa Service. Il m’a fallu deux mois pour avoir un hôpital qui accepte de la prendre gratuitement en charge. Il s’agit du Boston Shriner hospital. Je me suis occupé des billets d’avion, du logement et de la nourriture. J’ai été appuyé par des Sénégalais de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (Bad) ». Aujourd’hui, la petite Aïssa poursuit son traitement aux Etats-Unis. Elle a déjà effectué trois opérations. Il lui en reste d’autres. Mais Ousmane Bâ est déjà satisfait de son état. « Bientôt, elle va se remettre », dit-il en souriant.
Plus de 150 enfants retrouvent le sourire
Aïssa Diakhaté fait désormais partie d’une longue liste de plus 150 enfants malades qui, par la suite, ont retrouvé le sourire et le chemin de l’école comme leurs camarades grâce à la diligence d’Ousmane Bâ et de son équipe. Une belle performance pour cette association pilotée par six volontaires américains. Ousmane Bâ, son fondateur, est le seul Sénégalais dans le groupe. La dynamique d’Afrique Service a été prouvée également sur le cas de Mantoulaye Mbaye, une jeune fille souffrant de maladie cardiaque et dont le cas nécessitait une opération ouverte du cœur. Le coût global est évalué à 400 millions FCfa. Il s’y ajoute que l’appareil qui devait faire cette intervention délicate n’existe pas au Sénégal. « Mantoulaye Mbaye m’a beaucoup marqué, témoigne Ousmane Bâ. A l’époque, elle avait 8 ans, elle en a 9 maintenant. C’est un ami qui m’a fait part de son cas en m’indiquant le site de seneweb. Au téléphone, mon ami m’a dit que la fille avait besoin d’aide, sinon elle allait mourir. C’est comme ça que j’ai fait mon projet pour lui venir en aide ». La machine qui sera mise en branle pour sauver Mantoulaye est gigantesque. L’association réussit à décrocher un partenariat avec Cbs, l’une des plus grandes chaînes des Etats-Unis. Plusieurs jours durant, l’image de la jeune fille est passée sur la chaîne. Le téléthon organisé va permettre de prendre totalement en charge la jeune sénégalaise. Une université décide également de lui ouvrir ses portes. Pari réussi pour cette association créée en 2000. Si Ousmane et son équipe arrivent à venir au secours de tous ces enfants issus le plus souvent de familles défavorisées, c’est surtout sur la base de la confiance des donateurs. Avant de pouvoir disposer de la gratuité de ces financements, il faut passer par un long processus. Sur le chemin, il faut donner des milliers d’e-mails, des fax à n’en plus finir et cela coûte aussi des séjours à l’hôtel et plusieurs voyages en avion à l’intérieur des Etats-Unis. « Ce n’est pas facile de trouver ces gens et il ne suffit pas de leur dire « j’ai un cas » afin qu’ils le prennent. Non ! souligne Ousmane. Il faut qu’ils vous connaissent et que vous leur montrez ce que vous avez déjà fait pour qu’ils sachent que ce n’est pas par intérêt personnel ».
« Je devais une dette à mon pays »
Agé de 32 ans, marié à une Américaine, Ousmane Bâ pouvait se consacrer uniquement à son business. Mais le jeune homme a fait sienne la célèbre formule de John Kennedy : « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, mais demande-toi ce que tu peux faire pour ton pays ». Par contre, Ousmane abhorre une autre formule célèbre des « yankees » : « Time is money » (le temps, c’est de l’argent). La philosophie de son action est simple et met l’humain au devant des préoccupations. « C’est juste pour participer au développement de mon pays que je fais tout cela. Et ça me fait toujours plaisir de voir les enfants avoir une seconde chance de pouvoir aller à l’école et d’une vie normale. C’est ça qui me donne du courage de refaire ce que j’ai déjà fait pour d’autres enfants ». Seulement « Africa Service » est une manière pour Ousmane Bâ de rendre grâce au Bon Dieu qui l’a sauvé d’une grave maladie. Même s’il hésite parfois à revenir sur ce triste passage de sa vie, Ousmane finit par parler de cet accident contracté à l’âge de sept ans et qui l’a plongé dans le coma pendant six mois. Si beaucoup parmi ses proches étaient désespérés de le voir se rétablir, un médecin français lui permet, par son dévouement et sa bienveillance, de remonter la pente. « Lui le médecin, il croyait le contraire. Il s’est bien occupé de moi. Après cela, j’ai senti que je devais une dette à mon pays », explique Ousmane qui, par la suite, voulait devenir médecin et sauver des vies. Aujourd’hui, le destin l’a amené sur les chemins de l’humanitaire où n’évoluent que des bonnes volontés et des gens prêts à apporter aide et soulagement. Comme les médecins.
S’il continue à s’activer dans l’humanitaire, Ousmane regrette toujours de n’avoir pas pu amener au Sénégal le matériel sanitaire qu’il avait pu obtenir de ses partenaires aux Etats-Unis. Ce projet de plusieurs milliards destiné à équiper tous les hôpitaux du Sénégal n’a pu être acheminé. Ce matériel a été par la suite convoyé dans un autre pays africain. Mais ce banlieusard, originaire du village de Thikite, dans le département de Podor, n’en démord pas. Un autre projet est en gestation. Il s’agit de réaliser une application avec un célèbre opérateur mobile afin de permettre aux Africains de l’étranger de pouvoir téléphoner à des coûts très bas. Un grand pourcentage de ce business sera consacré au financement d’« Afrique Service ». Une manière pour lui d’avoir sa propre autonomie.
par Maguette NDONG
8 Commentaires
Lili
En Octobre, 2012 (01:29 AM)Radji
En Août, 2013 (12:45 PM)No Pa Vrai
En Septembre, 2013 (21:07 PM)Diop
En Janvier, 2014 (18:28 PM)Sall
En Août, 2014 (14:45 PM)Wow
En Septembre, 2014 (00:54 AM)Niang Balo
En Février, 2015 (03:07 AM)Anonyme
En Juin, 2015 (02:13 AM)