Après leur rencontre avec le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, mercredi dernier, qui leur a valu un accord pour l'élargissement de la tranche sociale du prix de l'électricité, les associations consuméristes et les Imams de Guédiawaye ont rencontré hier le ministre de l’Energie et des Biocarburants. Et c’était, à leurs yeux, une simple séance de finalisation de ladite mesure. Mais, ils auront vite fait de se rendre à l'évidence. En lieu et place des échanges devant parfaire l’accord, le ministre Samuel Sarr va plutôt aborder les problèmes structurels et financiers de la Senelec. Sur l'élargissement de la tranche sociale, le ministère brandit l'argument de l'absence d'éléments d'appréciation pour reporter à mardi prochain, après des exercices de simulation, l'acte de finalisation. ‘Nous nous sommes heurtés à des difficultés d'ordre technique pour se déterminer sur la question, mais ces éléments seront disponibles dès mardi’, regrette l'Imam Youssoupha Sarr, porte-parole du collectif des résidents de Guédiawaye.
Selon les consuméristes, les dispositions en vigueur dans la tranche sociale de la nouvelle grille tarifaire, c'est-à-dire les 50 Kwh à 112 F cfa l’unité, ne permettent pas de satisfaire les besoins en électricité des ménages défavorisés, contrairement à l’un des principaux objectifs de son adoption et sa mise en œuvre. Comparativement au coût de l’électricité et à la puissance électrique accordée dans la tranche sociale, les consuméristes sont d'avis que le Sénégal est actuellement très sévère dans sa politique énergétique. En comparaison, par exemple, avec certains pays de la zone de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, des études révèlent que la Côte d’Ivoire offre dans sa tranche sociale 180 Kwh par bimestre à 36,5 francs Cfa l’unité, soit trois fois moins cher qu’au Sénégal ; tandis que dans la deuxième tranche, le consommateur ivoirien paie 73,99 francs Cfa soit deux fois moins cher qu’au Sénégal. Au même moment, le Mali offre dans sa tranche sociale 100 Kwh (par bimestre) à 59,11 francs Cfa. Par conséquent, les consuméristes demandent cette révision de la nouvelle grille tarifaire pour une protection réelle des intérêts des populations défavorisées en leur assurant un accès durable à l’énergie par l’élargissement de la tranche sociale.
Pour certains observateurs, cet élargissement de la tranche sociale ne déviera pas les Imams et consuméristes de leur combat pour maintenir la pression sur le gouvernement qui a décidé de la hausse de 8 % sur le prix de l'électricité. A cette occasion, l’Imam Sarr et ses collègues réitèrent leur appel aux Sénégalais et aux étrangers vivant au Sénégal à ne pas payer leur facture d’électricité à compter du lundi 6 juillet 2009. Même si, l'appel semble tomber dans l'oreille d'un sourd. ‘Ce mot d’ordre vise à marquer notre désaccord, suite à l’augmentation de 8 % du prix de l'électricité’, révèle-t-il. Et non sans préciser que les couches économiquement faibles de la société sénégalaise sont les principales victimes de cette hausse. Même si, du côté de la Senelec, l’on soutient que la hausse est inéluctable. Et elle aurait pu aller jusqu'à 31 %, renseigne le ministre de tutelle, Samuel Sarr.
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