Très prisée par les personnalités de la République et autres Sénégalais nantis, la cité religieuse de Touba est l’une des villes les plus courues du Sénégal. Lieu de refuge ou de retraite pour certains, de business pour d'autres, Touba est incontestablement la nouvelle destination de nos hommes d’Etat. La cité de Borom Touba fait partie des localités où l'on note les plus belles résidences. Si dans certaines de ces résidences, on ne trouve que le gardien pour entretenir les lieux, d’autres sont tout bonnement fermées, attendant le retour du propriétaire, car étant des résidences secondaires. Nous avons tenté de percer le mystère.
L’expérience a démarré dans les années 80 avec le régime socialiste, à l’époque de Serigne Abdou Lahad Mbacké. Mais c’est sous Serigne Saliou Mbacké que le phénomène s’est véritablement accentué. Si avec les socialistes, les choses se faisaient dans la plus grande discrétion, en revanche avec les libéraux, le phénomène s’est fortement accentué. Les choses se font ostensiblement. Du président de la République au plus petit directeur de société, en passant par le Premier ministre, les ministres, les Pca et même les opérateurs économiques, chacun possède qui un terrain, qui une villa, les plus nantis un château.
Héliport : les Almadies de Touba
Nous avons essayé de percer le secret de ces châteaux et autres villas. Ce faisant, nous avons choisi le quartier Darou Tanzil, plus précisément Héliport, où nous nous sommes rendus un après-midi. Héliport est l’un des quartiers les plus huppés de Touba, avec ses belles villas, ses nouvelles constructions qui poussent à perte de vue comme des champignons. C’est un quartier résidentiel, loin des bruits quotidiens des quartiers populaires, très couru par les nantis, en particulier par les pontes de la République. La plupart d’entre eux y possèdent soit un terrain nu, c’est le cas du président Abdoulaye Wade (un terrain d’un ha entièrement clôturé selon certaines indiscrétions, d’ailleurs les travaux vont démarrer incessamment), soit une villa, soit un «château» ; c’est le cas de Pape Diop, président du Sénat. À vue d’œil, la demeure est très imposante. À l’entrée, des palmiers et un pavé fait de carreaux comme ceux bordant la grande mosquée de Touba, plantent le décor. De l’extérieur, la vue est splendide. C’est un bâtiment R+1 peint en jaune saumon. Les vitres teintées empêchent cependant de voir l’intérieur du bâtiment. Par contre celles qui se trouvent au portail permettent aux curieux une petite vue de la cour bordée de fleurs et autres plantes ornementales.
Nous avons cependant beau tenter de percer le secret des lieux, en vain. Nous nous sommes heurtés au niet catégorique du gardien des lieux. Le bonhomme, petit de taille, la mine renfrognée, a refusé de se prêter à nos questions. La seule à laquelle il a bien voulu répondre c’est lorsqu’on lui a demandé si cette maison est bien celle du président du Sénat. «Oui», a été sa réponse, et il s’en est limité là. Toutes les autres questions sont restées sans réponse. À quelques pas de là, on a rencontré un voisin du président du Sénat. Ce dernier, sous l’anonymat, a heureusement accepté de répondre à nos questions. À l’en croire, Pape Diop ne vient à cet endroit que pendant le Magal. Sinon il passe quelques fois, mais furtivement.
Sôura, le coin de Ndéné
Après Héliport, cap sur Touba Sôura, un autre quartier fort prisé. C’est là-bas que le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, a élu domicile. Comme son frère Pape Diop, le maire de Guinguinéo y a lui aussi construit un véritable château. Mais à la différence de l’ex-maire de Dakar, la résidence du PM se situe dans un quartier populaire, par conséquent soumis aux exigences du voisinage. Si l’on en croit le témoignage d’une voisine que nous avons rencontrée, Souleymane Ndéné Ndiaye est un bon voisin. «Il est sociable, il a beaucoup d’égards envers ses voisins. À chaque fois qu’il est là, il passe me dire bonjour. Il est vraiment gentil», témoigne la dame. Par ailleurs, à l’instar du président de la République, du président du Sénat et du Premier ministre, d’autres sommités de la République possèdent également leur villa, même si elles n’y ont pas toutes élu domicile. C’est le cas de Mme Aïda Mbodj, maire de Bambey, Ousmane Masseck Ndiaye, président du Conseil économique et social, Me Madické Niang, ministre des Affaires étrangères, Samuel Ahmet Sarr, ministre de l’Energie, Karim Wade, même si son cas reste à vérifier. Sans oublier Modibo Diop, directeur général de l’Aser (Agence sénégalaise d’électrification rurale). La liste n’est pas exhaustive. Ceux qui n’ont pas encore la chance d’y disposer d’une résidence cherchent à en avoir. S’ils ne cherchent pas à… épouser une «Mbacké-mbacké». Un autre phénomène à la mode
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