Cependant, Docteur Khadim Mbacké n’en pense pas moins qu’il est nécessaire de rompre avec ce qui se faisait sous l’ère des fils de Cheikh Ahmadou Bamba dont le dernier Serigne Saliou Mbacké a été rappelé à Dieu vendredi dernier. Et d’expliquer la pertinence des réformes à opérer par l’importance des défis économiques, sociaux et culturels qui attendant les petits-fils de Khadim Rassoul. « Il faut qu’ils (Ndlr : les petits-fils de Khadim Rassoul) montrent leurs capacités en mobilisant toute la communauté dans la cohésion et l’harmonie. » Et c’est justement pour cette cohésion que Docteur Khadim Mbacké propose la création d’un Conseil consultatif regroupant tous les petits-fils de Serigne Touba âgés de plus de 40 ans. Selon lui, ce Conseil devrait compter différentes commissions chargées notamment des affaires culturelles et éducatives, sociales, politiques, scientifiques… D’après Docteur Khadim, ces réformes pour rompre avec le passé sont d’autant plus nécessaires que le contexte national et international l’exige. A l’en croire, il est noté des divisions au sein de la communauté musulmane nationale alors qu’au niveau international, il y a une campagne anti-islamique dont les animateurs cherchent à exploiter les divisions entre pays musulmans. Or, soutient-il, le nouveau khalife doit prouver que la communauté mouride n’est pas seulement national, mais peut se positionner par rapport à l’Islam universelle.
Toujours pour sauvegarder l’harmonie dans la communauté mouride, Docteur Khadim Mbacké est d’avis que Mouhamadou Lamine Bara Mbacké doit travailler à contrôler tous ces regroupements appelés dahiras qui poussent dans tous les coins et recoins du Sénégal voire à l’étranger. « Il faut qu’il soit en mesures de contrôler ces groupes pour que tout soit conforme aux enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba. Il faut contrôler fermement les dahiras », a insisté ce marabout mouride chercheur à l’Ifan.
Interrogé sur les rapports entre les nouvelles autorités de Touba et le pouvoir politique, Docteur Khadim Mbacké rappelle d’abord que « les gens (Ndlr : les hommes politiques) ne se rendaient auprès de Serigne Saliou simplement parce qu’il est Serigne Saliou, mais surtout parce qu’il représentait quelque chose. » Selon lui, Serigne Bara Falilou représente aujourd’hui la même chose. Et même s’il reconnaît que Serigne Saliou avait une personnalité particulière, il n’en pense pas moins que les gens continueront à consulter le khalife. Parce que, dit-il, « les pouvoirs spirituel et temporel sont condamnés à travailler ensemble pour le bien du Sénégal. » « Le nouveau khalife comprend parfaitement cette réalité », estime-t-il. Mais, a-t-il averti, « il faut que le pouvoir politique continue à respecter le pouvoir religieux. » En effet, Docteur Khadim Mbacké pense qu’il y a à craindre que les politiques essaient de diviser la communauté. « Le risque est réel. Mais si tout le monde est sincère, il n’y aura pas de changements », a indiqué Docteur Khadim Mbacké.
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